Audioprothésistes : "Les ocam entravent le libre choix des patients"

mercredi 16 décembre 2020
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Le syndicat des audioprothésistes (SDA) accuse certains organismes complémentaires d'entraver le libre choix des patients sur les aides auditives de classe 2.

Deux semaines avant l’entrée en vigueur du 100% en audioprothèse, le Syndicat des audioprothésistes (SDA) dénonce la politique de remboursement de certains organismes complémentaires qui « met en danger la réforme du 100% santé », indique Luis Godinho, son président.

Sur les aides de classe 1, le prix limite de vente est encadré à 950 euros. Sur ces équipements du panier 100% santé, l’assurance maladie remboursera 240 euros et l’assurance complémentaire 710 euros pour un adulte. Le patient n’aura donc aucun reste à charge.

En revanche, sur les aides auditives de classe 2, avec des fonctionnalités supplémentaires, le prix de vente est libre. L’assurance maladie rembourse le même montant, soit 240 euros. En revanche, les organismes complémentaires peuvent moduler leur remboursement, entre 400 et 1.700 euros. Sur ces équipements de classe 2, le patient aura un reste à charge variable.

Remboursement moindre sur la classe 2

Les audioprothésistes constatent que certains organismes complémentaires offrent un remboursement moindre pour les aides de classe 2 que pour les aides de classe 1. « En abaissant le niveau de remboursement des aides de classe 2, certaines assurances complémentaires santé ne préservent pas le libre choix des patients, déclare Luis Godinho. Pour préserver la liberté de choix, il est indispensable de garantir un remboursement équivalent quel que soit le niveau de l’équipement ».

« Les aides auditives de classe 2 fournissent des caractéristiques techniques supérieures qui répondent aux besoins réels de certains patients. Ce ne sont pas des produits de luxe. Malgré cette utilité indiscutable, en abaissant le remboursement des classes 2, les ocam font augmenter le reste charge pour le patient. Enfin, cela pénalisera l’observance au niveau de l’appareillage auditif, car quand les gens ne peuvent pas choisir leur équipement, ils le portent moins. On risque d’avoir des échecs d’appareillage », argumente Luis Godinho.

Aujourd’hui en France, 20% des personnes appareillées portent une aide auditive de classe 1. Les audioprothésistes se sont engagés, dans le cadre du 100% santé, à vendre au minimum 20% des aides auditives de classe 1. « Nous sommes convaincus que si les politiques des organismes complémentaires ne sont pas corrigées, nous n’aurons pas 20% mais 60% des aides de classe 1 », regrette Luis Godinho. Le président du SDA s’inquiète pour l’équilibre économique des audioprothésistes qui font aujourd’hui 80% de leur chiffre d’affaires sur des audioprothèses de classe 2.

Mauvais choix pour les ocam ?

Luis Godinho cite une étude de l’économiste de la santé Laurence Hartmann selon laquelle la baisse du remboursement des aides de classe 2 peut avoir des effets anticoncurrentiels. Les assurés risquent effectivement de s’orienter vers les aides de classe 1, mieux remboursées, occasionnant ainsi une charge de sinistre supplémentaire pour l'assureur. Pour l’assuré, il sera difficile de comprendre l’argument commercial selon lequel sa mutuelle baisse le remboursement des aides auditives plus performantes. Le SDA craint également que ce remboursement différencié entre classes soit une façon contournée de sélectionner le risque et de se débarrasser de la clientèle malentendante présentant une sinistralité plus élevée.

Par ailleurs, le SDA dénonce les publicités trompeuses de certaines enseignes d'audioprothèse. « Il n’y a aucune justification à posséder une deuxième aide auditive ou à offrir un smartphone pour l’achat d’une aide auditive. Ces dérives sont connues et dénoncées de longue date par la profession », conclut Luis Godinho.

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