Complémentaires : Que faire face au déremboursement de l’homéopathie ?
La prise en charge de médicaments non remboursés par la Sécurité sociale comme l’homéopathie représente une opportunité pour les complémentaires.
Le déremboursement de l’homéopathie peut représenter un axe de diversification pour les organismes complémentaires, selon un webinaire organisé par Cegedim. En effet, l’homéopathie ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale à compter du 1er janvier 2021. Or, c’est une médecine populaire auprès des patients. Un Français sur trois l’utilise régulièrement et la majorité d'entre eux s’oppose au déremboursement. 78% des sages-femmes prescrivent des traitements homéopathiques réguliers et en France il y a environ 4.000 homéopathes.
Certaines études montrent que les patients qui prennent des médicaments homéopathiques ont une moindre consommation médicamenteuse classique. Un patient suivi par un médecin homéopathe coûte 35% moins cher à la Sécurité sociale, en prenant en compte le coût de la consultation et de la prescription. « Il existerait donc une corrélation entre la consommation de l’homéopathie et une moindre consommation médicaments. Pour un organisme complémentaire, rembourser l’homéopathie permettrait donc d’attirer des assurés présentant une faible consommation médicale », indique Jean Von Polier, directeur des projets chez Cegedim. Par ailleurs, la prise en charge de l’homéopathie par la mutuelle est un critère important pour conserver ou changer de mutuelle pour 56% des patients, selon une étude citée par Cegedim.
Comment les organismes complémentaires peuvent-ils rembourser l’homéopathie ? En mettant en place un forfait d’homéopathie ou d’automédication. « Le problème des médicaments non remboursés par la Sécurité c’est qu’ils représentent de montants faibles pour lesquels la gestion manuelle est très coûteuse », explique Jean von Polier.
Vers une automatisation de la prise en charge
Pour automatiser le procès de prise en charge, Cegedim a créé une nouvelle norme (Visio V2). Elle permet au pharmacien d’interroger le solde restant sur le forfait homéopathie de l’assuré et de pratiquer le tiers payant. La démarche est directement intégrée via le logiciel du pharmacien. La prise en charge est déduite en temps réel sur le forfait de l’assuré. Cegedim affirme qu’actuellement, trois pharmacies sur quatre sont équipées. La demande de remboursement électronique est indépendante du flux de la Sécurité sociale.
Forfait automédication
La prise en charge de l’homéopathie ouvre la voie à la prise en charge d’autres types de médicaments non remboursés par la Sécurité sociale. L’organisme complémentaire qui souhaite offrir un forfait automédication peut sélectionner une liste de médicaments éligibles au remboursement. A l’aide d’un comité médical, Cegedim a constitué une liste standard de produits qui présentent un intérêt médical. Cette sélection devrait aider les organismes complémentaires à proposer un forfait d’automédication pertinent. Par exemple, le forfait prendrait en charge les produits contre les poux ou les crèmes cicatrisantes, mais pas les bonbons au miel, ni les médicaments dangereux.
« Les médicaments non remboursés représentent un segment sous-exploité par les complémentaires. Ce segment a presque le même poids que l’optique, il est moins réglementé et il n’y a pas de concurrence sur la prise en charge, à la différence de l’optique », selon Jean von Polier.
Cegedim recommande un taux de prise en charge de 50% du prix moyen du médicament afin d’aider l’organisme complémentaire de cadrer la dépense. « L’objectif ce n’est pas que l’assuré fasse les courses de Noël en pharmacie. Le reste à charge reste un régulateur important sur les dépenses en pharmacie », poursuit Jean von Polier.
Afin de rendre le service visible, l’assuré peut géolocaliser les pharmacies équipées de la norme près de chez lui. Cegedim considère également que les professionnels de santé et les pharmaciens pourraient être d’excellents prescripteurs. Cegedim a évidement intégré sa norme dans sa solution de tiers payant et est en négociation avec Viamedis et Almerys pour intégrer le service via leurs plateformes de tiers payant.
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