Grands risques : « Le retournement de marché est désormais une réalité », selon l'Amrae
En marge de la présentation de son dernier état du marché de l'assurance IARD, l'Amrae acte la fin de près de 20 ans de baisse continue des tarifs grands risques. Face à ce retournement, l'Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise exhorte les acteurs du secteur à dialoguer pour éviter un changement de braquet trop violent.
Si depuis quelques mois courtiers et assureurs grands risques sont tantôt rassurants ou tantôt pessimistes, « le retournement de marché est désormais une réalité », selon l'Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise.
« Cette année, nous constatons la fin d'un cycle tarifaire baissier avec une hausse des primes sur l'ensemble des lignes et une raréfaction des capacités », lance Léopold Larios de Piña, administrateur de l'Amrae, et risk manager du groupe Mazars. Pour 2020, l'association table ainsi sur des rétentions plus importantes et des majorations tarifaires allant de 5 à 20%. « La grande majorité des assureurs est aujourd'hui en difficulté technique. Les comptes ne tiennent plus et les compagnies n'ont d'autre choix que de muscler leur politique tarifaire. De surcroît, l’environnement de taux bas ne leur permet plus de rattraper les 5 à 10% de marges d'erreur des souscriptions », ajoute ce dernier.
Alors que toutes les lignes sont aujourd'hui concernées par ce durcissement du marché, sauf la RC, certaines sont plus impactées que d'autres. C'est par exemple la cas de l'assurance cyber, sous tension depuis plusieurs mois, ou bien encore l'assurance automobile.
Le spectre de 2001
Autre conséquence de ce retournement, les porteurs de risques deviennent plus frileux. « Nous observons une réduction de l'engagement des capacités des assureurs sur le marché, y compris chez les apériteurs. Résultat, les entreprises sont tentées par davantage de rétention ou une révision de leurs franchises à la hausse pour garder un niveau de prime identique », lance Léopold Larios de Piña.
Lors du précédent retournement de marché de 2001, provoqué par les attentats du World Trade Center, les politiques tarifaires qui s'en sont suivies « ont été parfois violentes, avec des majorations allant de 30% à 300%. Pour éviter de blesser trop profondément les entreprises et les risk managers, nous devons dialoguer et travailler de concert pour qu'il n'y ait pas, comme lors du dernier retournement de marché, de cicatrices trop béantes », poursuit l'administrateur de l'Amrae.
Si l'association table sur une hausse de tarifs moyenne allant jusqu'à 50% sur les dossiers à risques, sensibles ou sinistrés, elle appelle au dialogue entre parties (RM, assureurs, courtiers) « pour que le changement de braquet se fasse sans cassure. Il faut se rappeler de ce que nous avons connu dans le passé et tirer profit de l'expérience de ceux qui ont déjà vécu cette situation. Nos univers sont étroitement liés et je suis confiant sur ce point », ajoute Léopold Larios de Piña.
« Sport de riches »
Alors que cette situation impacte nombre de porteurs de risques, pour certains contraints de stopper plusieurs de leurs activités, « ces conditions sont également propices à l'arrivée de nouveaux acteurs », indique l'administrateur de l'Amrae. « Pour autant, nous avons besoin d'acteurs solides, capables d'indemniser des sinistres. Cette situation peut intéresser de nouvelles structures financières avec des expositions différentes, mais il faut garder en tête que, sur ce marché, les capacités restent mises en risques. L'assurance reste un sport de riches », conclut Léopold Larios de Piña.
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