Le réseau est un accélérateur de carrière pour les hommes comme pour les femmes. Le nombre de réseaux féminins dans le secteur de l’assurance ne cesse d’augmenter depuis 2008. Elles ressentent le besoin de se rassembler, pour mieux réussir. Décryptage.
Pour progresser dans une entreprise d’assurance, il ne suffit pas d’être très compétente dans son métier, il faut en plus développer son réseau professionnel interne et externe. Cette « compétence réseau » est une des clés de la réussite professionnelle, selon de nombreux experts en ressources humaines. "Quand j’étais directrice commerciale, les réseaux professionnels, souvent informels, étaient d’une sacrée utilité. C’est là que j’allais saisir les opportunités d’affaires. Le réseau me permettait de gagner du temps ", explique Frédérique Cintrat, ancienne directrice commerciale dans une société d’assurances et fondatrice de l’appli de networking Axielles.com.
Concrètement, travailler son réseau en entreprise implique de rester en contact avec des anciens collègues ou des prestataires, d’aller à des manifestations professionnelles, de s’intéresser aux autres et de rendre service. Le réseau, plus ou moins informel, permet ainsi d’être reconnue en interne et à l’extérieur de l’entreprise. « Le réseau permet de se faire connaître, de se rendre visible, de saisir les opportunités et de s’affirmer. Savoir développer son réseau professionnel est une vraie compétence qui contribue à travailler son employabilité et sa carrière », détaille F. Cintrat, qui est également CEO d’Assurancielles et auteure de l’ouvrage « Comment l’ambition vient aux filles ? », publié aux éditions Eyrolles.
Aller à la rencontre des autres n’est pas une qualité qui manquerait aux femmes, mais elles ressentent le besoin de réunir leurs forces pour mieux se positionner en entreprise. Dans les secteurs de la banque et de l’assurance, il n’y a que 16% des femmes dans les comités exécutifs. Elles sont toujours dans une position d’infériorité numérique dans certaines sphères de pouvoir. Afin de faire valoir leurs droits, elles se sont constituées en réseaux. Sous forme d’association, ces réseaux sont de véritables organismes de lobby pour promouvoir la promotion des femmes au sein des entreprises.
Des réseaux d’entreprise comme Potentielles (Crédit agricole), Alterégales (Groupe Caisse des Dépôts), ou des réseaux mixtes comme celui d’Axa France, Mix’in, qui intègre les hommes dans la réflexion ; des réseaux sectoriels comme celui des actuaires (Actuelles), ou bien des réseaux de dirigeantes (Parité assurance) et même une fédération qui regroupe 12 réseaux d’entreprises du secteur de la banque, la finance et l’assurance (Financi’elles), les femmes s’organisent à tous les niveaux. Plus récemment, la Mutualité a créé en 2016 Mut’Elles, le réseau des femmes en Mutualité et Smerep a lancé en mars dernier le " Réseau pour elles " destinée aux étudiantes. Le dernier en date, Cov&elles a été lancé fin mai pour regrouper les femmes du groupe Covéa. Mais pourquoi éprouvent-elles le besoin de créer un réseau ?
Selon certaines observatrices, les femmes se sentent parfois moins légitimes. Elles auraient plus de mal à oser affirmer leurs ambitions au sein de l’entreprise que leurs pairs masculins, pour des raisons culturelles. « Si une femme est tentée par un certain poste, elle attendra sûrement qu’on vienne la chercher plutôt que de manifester son intérêt », pointe une observatrice. « Il est important, pour une femme comme pour un homme, de faire connaître ses talents et ses aspirations afin de se positionner. Pour évoluer, les femmes doivent être moins discrètes qu’elles ne le sont souvent. Il convient quand même d’avoir une stratégie de carrière car, pour accéder à certains postes à responsabilité, il y a parfois des passages obligés », considère Frédérique Cintrat.
Pour combattre tous ces freins, les réseaux professionnels organisent des ateliers très pragmatiques, comme par exemple, « Obtenir une augmentation », « Prendre la parole sans stresser » ou encore « Faire face à une situation de harcèlement moral ».
Ces rencontres permettent d’échanger entre pairs et de rencontrer de rôles modèles qui incarnent la réussite au féminin. L’association Parité Assurance (anciennement PASS 2015) a été créé en 2008 par des femmes dirigeantes pour promouvoir le rôle des femmes dans les conseils d’administration et les comités exécutifs. Parité Assurance compte aujourd’hui une soixantaine de membres. « Il y a 60% de femmes dans le secteur de l’assurance mais plus on monte dans la hiérarchie, moins elles sont nombreuses », affirme Marie-Sophie Huis-Velletoux, présidente de Parité Assurance. Pour briser ce plafond de verre, l’association a lancé un programme de mentoring afin de permettre à de jeunes talents d’être accompagnées par des femmes dirigeantes dans leur stratégie de carrière. « Pendant six mois, à raison d’une rencontre mensuelle, les femmes mentorées expriment leurs projets de carrière : ‘je veux trouver un poste, j’accède à un poste compliqué, je souhaite donner un nouvel élan à ma carrière… Nous avons accompagné 15 femmes par session et nous en sommes à la troisième session », explique la présidente.
« Nous nous sommes rendues compte que les femmes passent moins de temps que les hommes à entretenir leur réseau professionnel », constate Marie-Sophie Houis Valletoux.« Très investies dans leur carrière, perfectionnistes, elles privilégient pour beaucoup d’entre elles après des journées bien chargées le fait de s’occuper de leur famille ». C’est pourquoi tous les deux mois nous organisons un déjeuner pour des femmes travaillant dans le domaine de l’assurance et la santé. Ces rencontres nous permettent d’échanger sur nos métiers, de parler business, de créer des liens de proximité et de tisser de vraies relations professionnelles. C’est un endroit où il règne une vraie solidarité entre femmes », affirme M.S. Houis-Valletoux.
À voir aussi
Parité : Exploits et marges de progrès dans l’assurance
Avenir des complémentaires : Parité Assurance prend la plume