Mutuelles : "Pourquoi j'ai quitté la Mutualité Française"

mercredi 17 juin 2015
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La colère gronde chez les petites et moyennes mutuelles. Certaines n'hésitent pas à remettre en cause leur adhésion à la fédération, dont les positions sont jugées "à côté de la plaque".

"On attend d'une fédération d'avoir une stratégie et de nous défendre. Est-ce que la FNMF défend nos intérêts ? Non", lance le patron d'une mutuelle qui a souhaité garder l'anonymat. A l'image de l'ADPM, très critique sur l'action de la Mutualité française, les petites et moyennes mutuelles se rebiffent après plusieurs "ratés" de la FNMF. Parmi les sujets qui font grincer des dents, l'ANI est souvent cité. "Où était la FNMF quand nous manifestions avec l'ADPM et la Fnim contre l'ANI ?", interroge ce même patron. "J'ai fait et refait les calculs avec deux actuaires différents. On ne pourra pas faire une offre à moins de 26 euros. Impossible de s'aligner sur des assureurs ou des bancassureurs qui vont casser les prix et utiliser l'ANI comme produit d'appel."

L'ACS, "véritable usine à gaz", la gestion du tiers-payant en flux unique par la seule Assurance maladie "qui nous rend payeurs invisibles", ou encore le niveau des taxes touchant les Ocam – "je suis passé de 10.000 euros par an en 2005 à 1M cette année" – ont amené ce mutualiste à se poser la question du rapport coût/utilité de sa présence dans la Mutualité Française. "Aucune utilité, donc l'affaire est close", lance-t-il. Avec une cotisation annuelle comprise entre 50.000 et 100.000 euros, la question financière a pesé dans la balance.

"La concentration des pouvoirs est dangereuse pour la Fédération"

Car derrière les sujets stratégiques se cachent également des règles de fonctionnement de la fédération qui passent mal. "Inutile d'aller à l'Assemblée générale, nous n'avons plus de droit de vote, car nous sommes en dessous du seuil défini dans les statuts", explique-t-il. La concentration du secteur mutualiste est également un point de crispation. "On nous avait dit que cela permettrait d'enrailler le grignotage de nos parts de marché. Ce que je constate, c'est que nous perdons plus de 1% de parts de marché par an. La concentration des pouvoirs est dangereuse pour la Fédération." La résolution votée en assemblée générale permettant au président d'une mutuelle de prendre la tête de la FNMF tout en gardant son poste le laisse également perplexe : "Un curieux mélange des genres qui ouvre une voie royale à M. Beaudet", ironise-t-il.

Résultat, la mutuelle a fait parvenir une lettre recommandée à la fédération pour signifier son intention de quitter l'instance. Un préavis de 6 mois est prévu dans pareil cas. Elle quittera également le système fédéral de garantie. Au 1er janvier 2016, elle sera totalement désengagée de la Mutualité française.

Elle devrait rejoindre la Fnim qui l'a notamment séduite par sa lutte contre Solvabilité II. La fédération présidée par Phillipe Mixe se bat en effet pour faire sortir les petites mutuelles du champ d'application de la directive européenne. "Là encore, où était la FNMF pour défendre nos intérêts ? Je ne crois que pas que notre mutuelle, qui pèse moins de 10M d'euros de cotisations, soit de nature à faire basculer le marché dans le chaos, si d'aventure elle devait mourir", conclut-il.

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