Les femmes réfugiées, premières victimes sur le marché du travail en France

Un constat alarmant qui invite à s’interroger sur l’adaptation des dispositifs de retour à l’emploi. Les résultats de l’étude sont dévoilés à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, ce jeudi 20 juin, alors que l’incubateur THSN de Montreuil célèbre ses 5 ans, dans le cadre d’un évènement réunissant les réfugiés des 9 promotions.

L’étude « Insertion professionnelle des réfugiés : des dispositifs innovants pour favoriser le retour à l’emploi et lutter contre le déclassement » se base sur les témoignages directs de réfugiés et d’organisations, experts et bénévoles qui œuvrent chaque jour en France à leur réinsertion professionnelle.

Le défi de l’insertion professionnelle

Plus de 140 000 demandes d’asile ont été déposées en France en 2023, un chiffre record auquel s’ajoutent les plus de 70 000 réfugiés ukrainiens arrivés sur notre territoire en raison de la guerre. Un constat qui souligne l’importance d’agir en faveur de leur insertion pour garantir leur autonomisation.

De nombreux freins à l’emploi

Seuls 42% des réfugiés ont trouvé un emploi un an après leur arrivée en France, contre 53% des autres primo-arrivants. Barrière de la langue, lourdeur des démarches administratives, absence de réseau social et professionnel sont autant de freins à l’accès au marché du travail. Et quand ils retrouvent un emploi, ils sont massivement confrontés à des conditions de vie précaires et à un déclassement professionnel. Leurs traumatismes liés à l’exil conjugué au décalage avec ce qu’ils avaient idéalisé de leur arrivée en France, font que 45% des réfugiés souffrent de symptômes dépressifs.

Les défis spécifiques rencontrés par les femmes réfugiées

La situation des femmes est particulièrement préoccupante : seules 22% d’entre elles sont en emploi, contre 53% des hommes. Bien qu’elles représentent 40% des réfugiés en France, leur prise en charge reste encore un angle mort des politiques publiques. L’adaptation des dispositifs d’accompagnement est une nécessité pour prendre en compte leurs problématiques spécifiques. Au-delà de la double discrimination liée à leur statut et à leur genre, elles sont fortement pénalisées par leurs parcours d’exil traumatiques : près de 70% des demandeuses d’asile indiquent avoir subi un viol avant leur arrivée en France, et un tiers d’entre elles ont même été violées en France. A cela, s’ajoute la question de la garde des enfants qui obère leur capacité à s’inscrire dans des dispositifs de retour à l’emploi.

La création d’entreprise : un levier de lutte contre le déclassement

Les réfugiés sont bien souvent confrontés au déclassement professionnel. 88% d’entre eux occupent des emplois d’ouvriers ou d’employés en France (contre 40% dans leur pays d’origine). Résultat : ils sont 40% à se sentir surqualifiés pour le poste qu’ils occupent.

Cette étude rappelle par ailleurs qu’un tiers des réfugiés interrogés étaient des travailleurs indépendants dans leur pays d’origine. Il est essentiel de s’appuyer sur ces talents, notamment en soutenant leurs projets entrepreneuriaux, pour leur permettre de contribuer à la création de richesse en France et à la revitalisation des territoires.

Le rôle primordial de l’entreprise

Face à ces constats, l’étude recommande la mise en place d’un accompagnement global et personnalisé, tenant compte des compétences et aspirations professionnelles des réfugiés, ainsi que des problématiques de logement, de santé mentale et de mobilité. Elle souligne le rôle crucial des entreprises dans l’intégration des réfugiés, en adaptant les processus de recrutement et en mettant en place des dispositifs d’accompagnement, tels que le mentorat.

Les entreprises inclusives, selon l’étude, bénéficient non seulement d’un taux de rétention des employés réfugiés jusqu’à 15% plus élevé, mais génèrent également jusqu’à 30% de chiffre d’affaires supplémentaire par salarié. Une démonstration tangible de l’impact positif de l’intégration des réfugiés, source de dynamisme et d’enrichissement pour le tissu économique français.

« Les résultats de l’étude menée par Intersection le Lab mettent bien en lumière les défis majeurs auxquels les réfugiés sont confrontés, et s’inscrivent en résonnance avec l’expérience acquise depuis le lancement de notre fondation The Human Safety Net en 2017 visant à l’insertion économique et professionnelle. Déterminés à accroitre notre impact, nous allons doubler le nombre de personnes soutenues chaque année en passant à 400 personnes réfugiées accompagnées grâce aux nouveaux partenariats noués notamment avec Kodiko, Duo for a Job et Tent for refugees. Notre objectif est d’accroitre encore la part des femmes dans nos programmes d’entrepreneuriat et d’employabilité sur les deux prochaines années et d’arriver à la parité. » déclare Elise Ginioux, Présidente de The Human Safety Net en France.

Selon Louisa Toubal et Thibaut Bidet, co-fondateurs de l’agence Intersection Le Lab : « Le nombre de réfugiés dans le monde n’a jamais été aussi important. Favoriser l’intégration de ces personnes déracinées est un impératif car l’immense majorité d’entre elles ne pourront plus jamais retourner dans leur pays en raison des risques qui pèsent sur leur sécurité. Les travaux de recherche sur lesquels s’appuient notre étude montrent que les pays d’accueil ont tout à gagner de leur inclusion. A travers les auditions d’experts et d’acteurs de terrain que nous avons menées, nous avons pu identifier les facteurs de réussite favorisant une insertion professionnelle réussie. Il y a notamment urgence à s’emparer de la question des femmes qui restent encore trop invisibilisées dans les débats et sous-représentées dans les dispositifs d’accompagnement. »

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