Cercle LAB : Retour sur la 1ère réunion du club prévoyance [2019/2020]
Le club prévoyance du Cercle LAB s’est réuni le 26 novembre pour la première réunion de la saison. « Les assureurs en prévoyance collective au service du capital humain » est le sujet retenu pour cette deuxième année de travaux.
[gallery type="slideshow" size="large" ids="979171,979177,979176,979174,979175,979172,979173"]La réunion a commencé par la traditionnelle revue de presse. Plusieurs sujets d’actualité ont été commentés par les participants dont l’impact des taux négatifs sur les acteurs de la prévoyance, la réforme des retraites et l’allongement de la vie professionnelle, la position de la FFA et de la FNMF sur l’assurance dépendance et la réforme sur la santé au travail.
Anne-Sophie Godon, directrice innovation de Malakoff Médéric Humanis, a remplacé le parrain du club prévoyance, Christophe Scherrer, directeur général délégué du groupe de protection sociale. Elle était accompagnée de Pierre Mandron, conseiller prévention, qui a partagé son expérience de terrain auprès des entreprises.
Malakoff Médéric Humanis a présenté les derniers chiffres du baromètre absentéisme 2019. Le taux de salariés qui ne prennent pas les arrêts de travail prescrits par leur médecin (17%) est en hausse, ainsi que le taux d’arrêts qui ne sont pas pris en totalité (11%). Malakoff Médéric Humanis s’interroge sur ce phénomène de présentéisme et avance l’hypothèse de son impact négatif sur les arrêts longs. La validation ou réfutation de cette hypothèse est actuellement en cours d’évaluation.
Dans les dernières années, l’augmentation du nombre et de la durée moyenne des arrêts longs et la hausse des troubles psychosociaux a provoqué une augmentation des coûts. Alexandra Caringi, responsable du département support et coordination santé prévoyance du groupe Apicil, a pointé également un phénomène de micro-asbentéisme chez les jeunes de moins de 35 ans. Le rapport au travail a changé pour les jeunes générations qui n’hésitent pas à s’arrêter en cas de maladie ordinaire. Parmi les solutions évoquées, Ghislaine Cardinot, directrice de projet prévoyance de Mutex, évoque la prime d’intéressement ou le congé pour non absence accordée aux salariés qui n’ont pas été absents pendant l'année.
L’assureur prévoyance est confronté a plusieurs freins pour agir sur les arrêts de travail, selon Anne-Sophie Godon : tout d’abord, la décision d’accorder un arrêt de travail repose sur le médecin, l’assureur n’intervient qu’après la période de franchise, de 30, 60 ou 90 jours d’arrêt. Franchise qui va probablement se rallonger suite au contexte de taux négatifs, selon plusieurs observateurs. Enfin, l’assureur n’est pas légitime pour intervenir sur des sujets de gestion des ressources humaines internes à l’entreprise.
En revanche, les assureurs peuvent intervenir sur plusieurs moments clés : le diagnostic et la prévention, la prescription de l’arrêt de travail (pour informer le salarié sur les aspects administratifs, l’impact de l’arrêt sur sa fiche de paie…), la gestion de l’arrêt (envoi d’un questionnaire médical) et l’accompagnement vers le retour à l’emploi. Les services de retour à l'emploi ont fait leurs preuves sur la sinistralité, d'après plusieurs observateurs. L’enjeu pour les assureurs est d’avoir l’information sur l’arrêt de travail le plus rapidement possible. Or, aujourd’hui, l’assureur ne prend connaissance de l’arrêt que 30 jours après l’expiration de la franchise. En plus, certains partenaires sociaux interdisent à l’assureur d’envoyer un questionnaire médical au salarié en l’arrêt.
10 ans de diagnostics
Pierre Mandron a détaillé la stratégie de prévention santé de Malakoff Médéric Humanis. Depuis 10 ans, le groupe de protection sociale propose gratuitement aux entreprises couvertes un diagnostic sur leur absentéisme. Les entreprises ont accès à des tableaux de bord et peuvent suivre tous les mois leur absentéisme en fonction de certains paramètres (CSP, âge, genre et établissement). Le diagnostic analyse tous les mois la fréquence, la prévalence et la gravité des arrêts. L’entreprise peut aussi comparer son absentéisme à celui de son secteur d’activité et d’autres entreprises de même taille.
Depuis octobre 2019, le groupe de protection sociale a ouvert 750 comptes au sein d'entreprises clientes en santé ou prévoyance. Les commerciaux du groupe de protection sociale travaillent en binôme avec des conseillers prévention. MMH dispose de 40 conseillers prévention en France, capables de proposer un plan de prévention avec des actions précises à la charge de l’entreprise.
La prévention, une variable de négociation tarifaire
Malakoff Médéric a été un des premiers assureurs à proposer des baisses tarifaires sur la prime prévoyance aux entreprises qui s’engageaient dans une démarche de prévention. Cependant, cette approche a montré ses limites dès lors que l’entreprise ne déploie pas complètement son plan de prévention.
Indice de capital humain
Pour remplacer ce dispositif, Malakoff Médéric Humanis a créé un indice de capital humain composé à partir de l’analyse de 45 paramètres différents autour de la santé et la qualité de vie au travail, la gestion des compétences, la gouvernance et le management, la création et le partage de la valeur et l’éthique et la démarche RSE. Cet indice permet de mesurer les efforts des entreprises pour valoriser et préserver leur capital humain. Malakoff Médéric Humanis a prouvé la corrélation de cet indice avec la performance économique, sociale et boursière de l’entreprise.
La sinistralité prévoyance des entreprises est également interdépendante de cet indice, ce qui permet à Malakoff Médéric Humanis de l’utiliser comme outil tarifaire pour moduler la prime d’assurance. Plus besoin d’aller vérifier si l’entreprise a mis en place les actions de prévention. « Il convient de repenser les barèmes de prévoyance car les critères que l’on utilise pendant des années ne suffisent plus », déclare Anne-Sophie Godon.
La directrice innovation a fini sa présentation sur les nouvelles perspectives de gestion du risque ouvertes grâce au traitement des données : les modèles prédictifs, la modélisation des plans d’action, l’automatisation des process d’indemnisation comme l’assurance paramétrique, la lutte contre la fraude, le ciblage des personnes à accompagner et les parcours revisités.
Le club prévoyance se réunira à nouveau le 22 janvier pour aborder la prise en charge des fragilités des collaborateurs avec Serge Bizouerne (Domplus) et Julien Rémy (Gras Savoye WTW). La troisième et dernière réunion de l’année aura lieu le 26 mars sous le thème « La prévention santé, quelles conditions pour réussir ? ».
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