100% santé : Vers un désengagement de la Sécu sur le médicament ?

vendredi 1 mars 2019
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Anne Marion, fondatrice d'Actuarielles, soutient que la réforme du 100% santé conduira à un désengagement immanquable de la Sécurité sociale sur le médicament et prévoit plusieurs scénarios de transfert de charges vers les complémentaires.

Le remboursement intégral de certaines lunettes, prothèses dentaires et auditives entraînera une baisse du remboursement sur les médicaments par la Sécurité sociale, selon Anne Marion, fondatrice d'Actuarielles. « Le désengagement se fera des pathologies les moins graves aux plus graves, en commençant par les médicaments dont le prix unitaire est le plus faible », prédit Anne Marion. Le taux de remboursement associé aux vignettes pourrait évoluer, passant de 65% à 30% et de 30% à 15%, selon elle. Enfin, la Sécurité sociale pourrait également jouer sur le taux de prise en charge des consultations, mais ce scénario paraît moins probable, d'après l'actuaire.

La Sécurité sociale rembourse tous les ans 22 milliards d'euros liés aux dépenses de médicaments et les organismes complémentaires, 5 milliards d'euros. « Si la Sécurité sociale se désengage, les assureurs complémentaires pourraient voir leurs prestations mécaniquement augmenter, car ils sont obligés de prendre en charge 100% du ticket modérateur pour les médicaments avec une vignette blanche et bleue », souligne Anne Marion.

Actuarielles a imaginé plusieurs scénarios, en utilisant les données sur le médicament. Par exemple, si le taux de remboursement des médicaments dont le prix unitaire est inférieur à 7 euros passait de 65% à 35%, l'Assurance maladie pourrait réaliser 1 million d'euros d'économies. Sur ce scénario, le coût moyen mensuel du poste pharmacie dans la prime de la complémentaire santé passerait de 8 à 10 euros.

Si la Sécu baissait le taux des médicaments de moins de 15 euros, le poste pharmacie de la complémentaire santé passerait à 12 euros, dépassant ainsi le poste maladie (8 euros), appareillage (4 euros), optique (11 euros) ou hospitalisation (6 euros).

Vers une offre 0% santé ?

Par ailleurs, Anne Marion a écrit plusieurs notes pour tirer la sonnette d’alarme sur les éventuels effets pervers de la mise en place du 100% santé. « Des assureurs pourraient être tentés de proposer une offre 0% santé, trois fois moins chère qu'une offre classique, qui exclurait l'optique, les prothèses dentaires et auditives, mais couvrirait les risques graves, dont l'hospitalisation, les consultations et la pharmacie avec des franchises. Les assurés pourraient souscrire ponctuellement un contrat 100% santé, puisque les soins optiques et dentaires sont programmables, et le résilier par la suite. Si cela devait advenir, ce serait la fin de la mutualisation », s'inquiète l'actuaire.

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