Addactis : Des augmentations tarifaires 2024 inédites en santé

vendredi 22 septembre 2023
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Les indexations tarifaires en santé seront très significatives en 2024, selon les projections du cabinet d’actuariat Addactis.

Après le cabinet Actélior, c’est au tour d’Addactis de livrer ses projections sur les évolutions tarifaires. Le cabinet d’actuariat a interrogé une douzaine d’acteurs de la complémentaire santé et pris en considération les évolutions règlementaires et de dérive de la sinistralité. Les cotisations des contrats de complémentaire santé individuels devraient augmenter de 9 à 11% en 2024. En assurance collective, les augmentations seront plus significatives. Les taux pivots seront compris entre 8 et 12,5%, en intégrant l’évolution du plafond annuel de la sécurité sociale, de l'ordre de 4 et 5% selon Addactis.

Pourquoi ces augmentations ? Le cabinet d’actuariat anticipe que les ratios combinés du marché atterrissent à 99% en assurance santé individuelle et à 102% en assurance santé collective. Addactis anticipe une dérive de la sinistralité entre 7 et 9% entre 2023 et 2024. Sur cette estimation, la dérive technique des prestations pèserait de 4 à 6% tandis que les évolutions règlementaires (réforme des retraites, revalorisations du tarif de la consultation des médecins, augmentation du ticket modérateur en dentaire en année pleine, extension du 100% santé) auraient un impact de l’ordre de 3 à 3,5%.

Une année 2023 très inflationniste

Ces indexations tarifaires à deux chiffres interviennent après une année 2023 sous le signe de la dérive technique. Les prestations des organismes d’assurance complémentaire vont augmenter de 1,3Md d’euros cette année, d’après la Mutualité Française. Pour Addactis, la progression sera comprise entre 4,5 et 7,5% entre 2022 et 2023. En cause, le vieillissement de la population, l’inflation et les réformes règlementaires. Mais Addactis pointe également une augmentation de la fréquence de consommation sur certains postes clé comme l’hospitalisation, la pharmacie ou l’optique. Addactis avance d’autres raisons comme la triple épidémie Covid, bronchiolite et grippe du premier trimestre 2023. Ou encore la revalorisation tarifaire du poste hospitalier, la fin du remboursement de la téléconsultation par l’AMO... Il n’est pas à exclure également un rattrapage des soins manqués en 2020.

L’augmentation des prestations observée en 2023 et anticipée pour 2024 est inédite en comparaison avec celle de 2022 (+3 à 4% selon Addactis et 3,2% d’après la Drees). En prévoyance, Addactis anticipe des majorations de l’ordre de 5% pour 2024.

Revoir les offres

La question de la soutenabilité des augmentations en santé individuelle pose question. Les seniors vont-ils continuer à pouvoir financer une complémentaire santé qui augmente significativement tous les ans ? Le tarif d'un contrat d'entrée de gamme pour un retraité de 62 ans est passé de 60 à 65 euros entre 2021 et 2023, soit une augmentation de 20%, sans amélioration de ses garanties.

Addactis appelle le secteur à revoir les offres. Première piste d’évolution, introduire plus de flexibilité dans les gammes, en intégrant des contrats modulaires ou des renforts. Le cabinet d’actuariat observe d’ores et déjà plus de niveaux d’entrée de gamme en 2023 qu’en 2021.

Autre solution, encadrer davantage les prestations, en intégrant des plafonds, surtout en dentaire. Il est également possible de limiter le nombre de soins, d’introduire des forfaits ou des délais de carence. Addactis observe déjà un recul du remboursement de la monture dans certains contrats. Alors que son remboursement est plafonné à 100 euros, certains contrats le limitent à 30 ou 50 euros.

Troisième piste, sortir du contrat responsable pour proposer des contrats qui couvrent l’essentiel : un nombre limité de consultations annuelles et l’hospitalisation. A date, 97% des contrats respectent le panier de soins du contrat responsable. Enfin, « Investir sur la prévention tertiaire via l’exploitation des données du Système national des données de santé (SNDS) permettrait d’agir sur les maladies chroniques. Les assureurs n’exploitent pas assez ces données », indique Céline Blattner, CEO d’Addactis France.

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