AG2R La Mondiale : La crise immobilière devrait peser sur l'assurance vie
Après la hausse brutale des taux sur les marchés obligataires en 2022, les assureurs vie doivent aujourd’hui composer avec la crise immobilière, explique AG2R La Mondiale.
C’est ce que l’on appelle un changement brutal. En 2022, le rendement des obligations d’État françaises à 10 ans atteignait presque 3% au 31 décembre. Il tournait autour de 0% un an plus tôt. « Il s’agit d’un choc bicentenaire », commente, à l’occasion d’une conférence, David Simon, membre du comité de direction en charge des investissements, des finances et des risques d’AG2R La Mondiale.
Si « la hausse des taux est une très bonne nouvelle pour les assureurs sur le long terme, une hausse brutale est compliquée à gérer », explique-t-il. C’est d’autant plus vrai dans le contexte actuel où les taux courts (taux Ester à 3,90%) sont plus élevés que les taux longs (OAT 10 ans à 2,80%). Un enjeu majeur qui pèse sur les assureurs. « Il faut que la situation soit corrigée de ce point de vue », lance David Simon.
Accompagner la hausse des taux
Le deuxième défi repose sur l’accompagnement de la hausse des taux. « Nos provisions ont été constituées pendant la période de taux bas. Il faut désormais les utiliser et c’est ce que nous comptons faire chez AG2R La Mondiale ». La provision pour participation aux excédents du groupe de protection sociale représente 4,1% des encours. Le directeur des investissements, des finances et des risques se montre confiant sur l’assurance vie, malgré les rachats observés sur le marché. Selon les chiffres de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), ils ont crû de 24% au premier semestre, pour atteindre 43,9Mds d’euros.
Pour autant, AG2R La Mondiale voit le verre à moitié plein. Selon ses anticipations, les taux longs devraient baisser, idem pour les taux courts. De fait, les dépôts à terme perdraient de l’intérêt. De quoi redorer le blason de l’assurance vie dans un horizon d’un ou de deux ans. Mais, les dés ne sont pas encore jetés. Les assureurs vie doivent encore composer avec la crise du marché immobilier. « Les unités de compte immobilières, par l’effet des baisses de valeur, enregistrent des retraits massifs des épargnants », explique Xavier Pelton, directeur de l’immobilier de placement du groupe AG2R La Mondiale. De quoi peser sur les fonds propres des assureurs. C'est en effet à eux d'assurer la liquidité sur leur propre bilan.
Mesures de protection
Sur les discussions en cours quant à la dose du private equity dans les produits d’épargne dans la loi industrie verte, David Simon s’est livré sans langue de bois. « Cela fait certes des fees pour nos confrères du private equity, mais il ne faut pas que cela contribue à une bulle de surévaluation du private equity ». Et d’ajouter « c’est une bonne idée de mettre du private equity dans la gestion pilotée lorsque les horizons sont longs, mais il faut que ça s’accompagne de mesures de protection des assureurs pour qu’ils ne prennent pas à 100% le risque d’illiquidité ».
Pour l’heure, les tenants du private equity militent en faveur d’un taux de 10%, contre 5% pour France Assureurs. AG2R La Mondiale se dit « nécessairement alignée avec la Fédération ».
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