Axa France : L’inquiétante et inexorable progression des arrêts longs

jeudi 25 avril 2024
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INFOGRAPHIES - Malgré un léger reflux du taux d’absentéisme en 2023, Axa France constate une augmentation croissante et préoccupante des arrêts longs, qui sont davantage liés à des troubles psychologiques et qui affectent une population de plus en plus jeune.

Axa France publie l’édition 2024 de son Datascope. Cet observatoire issu de l’analyse des données de protection sociale de 3 millions de salariés va cette année au-delà des données d’absentéisme pour identifier les tendances sur le rapport des Français au travail.

En 2023, le taux d’absentéisme s’élève à 4,2% en France, en recul de 0,3 point par rapport à 2022. Pour Axa France, il s’agit d’une baisse en trompe-l’œil après une année 2022 marquée par la vague Omicron. Si l'on prend comme référence la situation avant la crise sanitaire, le taux d’absentéisme a augmenté de 31% entre 2019 et 2023.

« Nous pensons que nous sommes sur un nouveau monde. La volatilité sur les arrêts courts s’explique par les vagues épidémiques. En revanche, nous avançons comme sur un glacier sur les arrêts longs que nous indemnisons », indique Diane Deperrois, directrice générale d’Axa santé et collectives. Le taux d’absentéisme est de 2,7% sur les arrêts de plus de deux mois, contre 2,5% en 2022 et 1,9% en 2019.

Les problèmes liés à la santé mentale restent la principale cause de l’absentéisme de longue durée. Et cette tendance s'accentue, notamment chez les femmes et les jeunes salariés. Un quart (24,5%) des arrêts de plus de deux mois sont liés à des troubles psychologiques, contre 18,2% seulement en 2019. Chez les femmes, les troubles psy sont à l’origine de 31,4% des arrêts longs (+10,5 points vs 2019).

Axa observe par ailleurs une augmentation forte et inquiétante de la part de troubles psychologiques dans les arrêts longs chez les jeunes de moins de 30 ans. Elle atteint 25,6% en 2023, contre 16,1% en 2019.

L'âge à la survenance est en baisse

L’âge moyen à la survenance reste stable pour les personnes atteintes de troubles musculosquelettiques (TMS). En revanche, il baisse de 1,7 an pour les troubles psy. En moyenne, l’arrêt long pour trouble psy survient à 41,6 ans en 2023, contre 43,3 ans en 2019.

Comme Malakoff Humanis, Axa France observe une forte hausse de l’absentéisme (+38%) dans les TPE-PME. Ce sont notamment les arrêts des salariés les plus âgés qui expliquent cette augmentation. Chez les plus de 55 ans, le taux d’absentéisme est de 4,6% en 2023 dans les entreprises de moins de 20 salariés, contre 3,1% en 2019, soit une augmentation de 48% !

Les effets positifs du télétravail

Suite à l’analyse de la déclaration sociale nominative (DSN) Axa France a également croisé des données relatives à l’absentéisme et au télétravail. L’assureur arrive à la conclusion que les salariés pratiquant du télétravail affichent un taux d’absentéisme 23% plus bas que ceux qui n’en pratiquent pas. Pour les premiers, il est de 3,3%, contre 4,3% pour les deuxièmes. La durée des arrêts est également plus courte (20 jours contre 27 jours en moyenne). En revanche, l'étude d'Axa n'analyse pas les éventuels liens entre télétravail et santé mentale.

En ce qui concerne les seniors, le vieillissement des salariés à la suite des réformes de retraite successives a un impact sur l’absentéisme des plus âgés. Leur taux d’absentéisme est de 6%, stable par rapport à 2021 et 29,8% plus élevé qu’en 2019. Sur cette catégorie de salariés, les TMS sont la principale cause d'arrêt long. Ils sont à l’origine de 26,7% des arrêts longs (+4,8 points par rapport à 2019). La traumatologie est également en hausse. Elle représente 6,9% des arrêts longs des seniors en 2023 (+4,6 points par rapport à 2019).

Et en 2024 ? Le taux d’absentéisme global devrait se stabiliser à un niveau élevé, loin du niveau de 2019. Il restera compris entre 4 et 4,5%, selon les estimations d’Yves Hérault, directeur data d’Axa Santé et Collectives.

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