Best of 2012 : Les perspectives des complémentaires face à la « consommation santé » des Français
En cette fin d’année, News Assurances Pro vous propose de découvrir le Top 5 des articles de dossier les plus lus en 2012. En deuxième position, l’article de dossier du 23 septembre, Quelles perspectives pour l'assurance santé ?
La Sécurité sociale se désengage de plus en plus sur les dépenses de santé, les Français ne se modèrent pas sur leurs frais. Les complémentaires doivent, pour pouvoir assurer, revoir leur garanties et inciter leur clientèle à avoir un comportement responsable.
Amaguiz, Amaguiz, tonne Jean Rochefort ! Oui, et bien non, la santé ne se consomme pas à notre guise et les assurés ont tendance à l’oublier. Aujourd’hui, on va chez le médecin toutes les semaines comme on s’achèterait une paire d’escarpins ! Certains de nos concitoyens l’ont perdu de vue, mais une complémentaire santé est faite pour couvrir des aléas de la vie. Montures design, verres antireflets haute technologie, prothèses dentaires haute qualité… Tout cela est superflu et coûte cher aux assureurs qui répercutent, évidemment, ces dépenses sur les cotisations de leurs clients. Vous l’aurez compris depuis dix ans donc, les contours de la complémentaire santé ont changé.
Ce comportement des Français s’explique par un désir de retour sur investissement. Un phénomène qui ne se constate pas dans les autres secteurs de l’assurance. De fait l’assurance santé ne s’aborde plus comme de l’assurance à proprement parlé. Dans ce contexte chaotique, un objectif pour les assureurs : sensibiliser la clientèle. Pour Pierre François chez Swiss Life, il faut faire entendre au client que la complémentaire n’est pas un intermédiaire pour accéder à des produits de luxe ou de confort (lunettes hors de prix, verres sophistiqués). « En tant qu’assureur payer pour un risque qui va arriver presque tous les mois, ce n’est pas totalement satisfaisant. Est ce que quand vous souscrivez votre contrat auto, vous anticipez d’avoir un accident avec une fréquence aussi élevée ? Non. Si les Français souscrivent un contrat santé en se disant que, grâce à ce contrat, ils pourront essentiellement « consommer » des prestations santé, il y a un problème. Il ne s’agit pas de ne plus rembourser des prestations de santé (la pharmacie par exemple) mais de se positionner aussi sur un risque. Qui dit risque dit aléas. Si on est sûr à l’avance de ce qu’il va se passer, ce n’est pas de l’assurance, il est donc important de développer cette capacité de faire vraiment de l’assurance dans nos contrats, tout le monde a à y gagner. »
Xavier Toulon, fondateur de la société Merypta et auteur de Complémentaires santé, il va falloir assurer !, insiste sur le fait que l’assurance santé n’est plus de l’assurance. « Il y a une étude d’April qui montre que 57 % des assurés attendent un retour sur investissement de leur contrat santé, ce qui montre bien que l’assurance santé n’est pas de l’assurance. Cette notion de retour sur investissement n’est pas conciliable avec le principe de l’assurance. Si l’assurance santé était de l’assurance, les gens devraient être ravis que leur contrat ne soit pas rentable, cela voudrait dire, qu’ils n’ont pas eu de problème de santé. Par ailleurs, il n’y a aucun système d’assurance qui peut financer la consommation. Il y a des contrats qui vous proposent de vous rembourser une paire de lunettes par an, de fait pour des questions de mode ou d’esthétique, ce qui n’est pas blâmable en soi, mais l’assurance n’est pas faite pour ça. »
Revoir les contrats de garanties, pour que le client et l’assureur soient gagnants
Face à ce constat, les assureurs doivent réagir pour se garantir un minimum, acceptable, de rentabilité, tout en redonnant confiance au client. Du coup, sur un marché toujours plus concurrentiel, il faudrait que les complémentaires revoient leurs garanties : « Sur le marché de la santé individuelle, et aussi bientôt en santé collective, les complémentaires ne rendent pas pleinement le service qu’elles devraient rendre parce qu’elles se concentrent sur des petits sinistres quotidien et, pas assez, sur des dépenses moins fréquentes et beaucoup plus lourdes ( dépassements honoraires de spécialistes ou de chirurgiens, prothèses dentaires,…) », souligne M. Toulon.
Une grande réflexion sur le niveau de couverture des adhérents doit, selon Michel Collombet, associé Eurogroup Consulting, bientôt être mise en place. « Certes, les dépenses de santé augmentent, la Sécurité Sociale continue à se désengager mais les Français ne pourront bientôt plus absorber la croissance des primes. Les complémentaires devront donc amortir en partie le choc. A court terme en rationalisant leurs coûts de gestion et d’acquisition. A plus moyen terme en réfléchissant à la pertinence du « produit santé de base ». Doit-il par exemple toujours porter l’optique ?».
A l’heure où le désengagement de la Sécurité Sociale se fait de plus en plus grand, pas facile donc de satisfaire le client en garantissant un chiffre d’affaires toujours plus important. Et à l’heure où les assureurs santé grappillent des parts de marchés toujours sur celles des mutuelles, on peut craindre, dans les années à venir, que les acteurs du secteur se mettent à segmenter les risques et pilotent intensivement les risques.
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