BHSI France : "Notre objectif est d’être un acteur de premier plan en D&O"
INTERVIEW - Virginie Pelletier, responsable du segment sociétés commerciales, et Olivier Hamon, directeur des lignes financières chez BHSI France, font le point sur le marché de la D&O et ses futures évolutions. Ils reviennent également sur leurs ambitions en la matière.
Comment se porte le marché de la D&O aujourd’hui ?
VP – La dégradation des résultats techniques des assureurs sur cette branche ces dernières années a conduit à un durcissement des termes et conditions par l’ensemble du marché. Ce durcissement s’est essentiellement traduit par une baisse des capacités proposées, l’augmentation des primes et des franchises, jusque-là peu regardées en dehors des Etats-Unis. Il y a quatre ans, la capacité généralement disponible sur les grands comptes s’établissait autour de 25M d’euros contre 10 à 15M d’euros actuellement. Ces modifications répondent à l’aggravation de la sinistralité observée partout dans le monde, du fait d’une attention accrue des régulateurs sur les aspects de compliance et de conformité, de la multiplication des sources de mise en cause des dirigeants, de la complexité croissante des dossiers, de plus en plus souvent multi-juridictionnels, qui engendre une augmentation de leur coût. Ce phénomène, conjugué à une meilleure maîtrise de la garantie D&O par les sociétés assurées, provoque une augmentation de la sinistralité tant en termes de fréquence que d’intensité.
OH – Sur ce risque, les assureurs de première ligne ont baissé leurs niveaux de capacité pour réduire la volatilité de leurs résultats. Cependant ils continuent de faire face au développement long des sinistres D&O et souffrent encore de l’évolution de sinistres antérieurs à ces réductions de capacité. Après plusieurs années consécutives de marché baissier, il fallait une correction, y compris sur les excess. L’environnement économique, social et géopolitique mondial particulièrement incertain (crise Covid, inflation, conflit en Ukraine, enjeux environnementaux…) dans lequel nous nous trouvons continue de maintenir la pression sur les assureurs et les réassureurs, qui se trouvent de fait peu enclins à assouplir leurs termes et conditions.
Le taux d’équipement et la typologie de clients a-t-elle évolué ces dernières années ?
OH – Le taux d’équipement est généralement élevé pour les entreprises françaises, voire saturé pour les grands comptes, qui restent notre cœur de cible. Le marché s’est énormément développé ces dernières années, notamment auprès des PME, via des plateformes de souscription ou des solutions de souscription simplifiées. Le taux d’équipement des PME et des sociétés nouvellement créées continue et doit continuer de croître même si certains assureurs pourraient être réticents à proposer des solutions pour ces entreprises peu matures, d’autant plus après la "crise Covid", qui fait planer le spectre de faillites en grand nombre.
Quelles capacités BHSI France est-elle capable de proposer sur ce risque ?
VP - Notre capacité moyenne s’élève aujourd’hui entre 10 et 15M d’euros, dans les standards du marché, même si nous sommes capables au cas par cas de monter au-delà (25M). Au-delà de la capacité que nous mettons à disposition, nous offrons à nos clients une solidité financière établie, une implication des équipes indemnisation tout au long de la chaine de valeur (« Claim is Our Product ») et des objectifs fixés par le groupe à très long terme, éléments au cœur de notre proposition de valeur. La compétitivité de notre business model (taux d’expense très inférieur à ceux de nos concurrents) et l’absence d’achat de réassurance, nous permettent d’être réactifs et de tenir nos engagements de relation de long terme avec nos clients, en garantissant la stabilité dans le temps de nos termes et conditions.
Vous proposez depuis peu votre propre texte D&O. Avec quel objectif ?
OH – Être un leader du marché d’ici 50 ans ! C’est ce que Warren Buffet et nos fondateurs se sont donnés pour objectif en créant BHSI. L’idée est avant tout d’apporter une solution de partenariat pérenne aux entreprises françaises et leurs dirigeants partout dans le monde. Nous aurons à terme un portefeuille qui sera un mix de premières lignes et d’excess, de grands comptes et d’entreprises de toutes tailles. Diversifier nos risques et notre portefeuille est une des clés pour être rentable à long terme. Lors de l’élaboration de notre texte, nous avons cherché à revenir à l’essentiel, apporter de la clarté et de la transparence et éviter toute ambiguïté afin de faciliter l’application des garanties en cas de sinistre. Les retours de nos courtiers après leur avoir présenté notre texte sont extrêmement positifs.
VP – Nous avons voulu notre texte simple et accessible, en condensant au maximum sa rédaction et en évitant les couvertures "affirmatives" parfois superflues que l’on a pu connaître en situation de soft market. Notre approche se veut également très pragmatique, en capitalisant sur notre expérience de sinistres déjà rencontrés, afin d’assurer la mise en œuvre la plus fluide possible du contrat. Nous avons clairement de fortes ambitions sur les lignes financières qui représentent près d’un tiers des revenus du groupe au niveau mondial.
Avez-vous des interdits de souscription ?
VP - Nous sommes vigilants, mais nous ne nous interdisons rien. Nous faisons particulièrement attention à certaines typologies de comptes ou certains secteurs où la sinistralité est élevée, notamment sur les sujets de corruption. Notre ADN s’inscrit plutôt dans la recherche de solutions et si nous ne sommes pas à l’aise avec un dossier, nous reverrons notre tarification ou proposerons d’intervenir plutôt en excess qu’en primary.
Quels sont aujourd’hui vos contraintes à plus long terme sur ce marché ?
OH - Nous avons lancé notre activité il y a à peine deux ans et nous avons déjà atteint une taille de portefeuille convenable. Le groupe fixe un objectif de rentabilité à long terme et tout l’enjeu est là pour nous : le marché de la D&O est un marché avec un nombre d’acteurs significatif créant un environnement très compétitif. Au-delà de la contrainte de l’environnement de marché, notre objectif affiché est d’être un acteur de premier plan en D&O. Nous ne doutons pas que les moyens que nous avons déployés, l’expertise des équipes, notre texte de garantie, notre réseau et nos partenaires, vont nous permettre de l’atteindre !
À voir aussi
Grands risques : Le changement climatique, première source d’inquiétude
Risques d’entreprises : Le Norvégien Protector s’installe en France
Grands risques : Julien Monegier du Sorbier évolue chez Zurich France
Grands risques : Renouvellements 2025 disparates (WTW France)