Eric Leroux, journaliste spécialisé sur les sujets d’épargne et d’assurance-vie revient cette semaine sur l'ISR…
Traduction financière du développement durable, l’investissement socialement responsable (ISR) continue sa progression en France, avec une augmentation de 35% des encours gérés selon ces principes en 2010, selon le tout récent baromètre Novéthic, le centre de recherche de la Caisse des dépôts.
Mais ce n’est pas vraiment grâce aux assureurs : avec 23 % des 68 milliards ISR, leur « part de marché » s’effrite. Ils passent derrière les caisses de retraite et de prévoyance et les fonds publics (notamment le Rafp, régime additionnel de la fonction publique, ndr).
Au regard des 1.380Mds d’euros gérés dans l’assurance-vie, ces 20Mds socialement responsable pèsent bien peu. Et pourtant, côté performances, cette gestion qui prend en compte des critères extra-financiers (environnement, social, gouvernance) aussi bien que financiers, n’a pas à rougir : elle est au moins aussi rentable que la gestion « irresponsable », et même un peu plus, affirment ses défenseurs.
Un problème de demande ?
En fait, pour trouver de l’ISR dans l’assurance-vie, il faut principalement aller dans les unités de compte des multisupports. De plus en plus de contrats intègrent un ou deux fonds estampillés, mais il est facile de constater qu’ils ne sont jamais mis en avant.
« Il n’y a pas de demande », expliquent en chœur les professionnels. Du coup, seule la Maif a résolument choisi de se positionner sur ce créneau avec son contrat Assurance vie Responsable et Solidaire, en proposant uniquement des unités de compte de cette famille. Elle semble plutôt satisfaite de son succès. La Macif joue aussi cette carte, mais à côté de fonds non ISR.
A quand une épargne en euros responsable ?
Le grand absent ? C’est bien sûr le fonds en euros, qui recueille l’essentiel de l’épargne investie en assurance-vie. A l’exception de BNP Paribas Assurances qui a entrepris de noter son actif général selon des critères extra-financiers et sélectionne ses investissements selon ces critères, aucune société ne s’est publiquement engagée dans cette voie.
Quelques déclarations par-ci par-là laissent à penser que ce filtre extra-financier commence à être pris dans les grands groupes, mais il reste aussi de nombreux dirigeants qui ne semblent même pas savoir de quoi il s’agit. « Avec Solvabilité II, nous avons eu d’autres chats à fouetter », se justifie l’un d’eux. Les assureurs ont encore des efforts à faire pour devenir responsables…
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