Complémentaire santé : Quel remède pour un système à bout de souffle ?

vendredi 13 septembre 2024
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Face à une augmentation soutenue de la consommation, la complémentaire santé doit se réinventer. Sortir du contrat responsable n’est pas la solution miracle, selon Actélior qui évoque la nécessité de lancer un « Grenelle du financement de la santé ».

Les prestations versées par les organismes complémentaires vont augmenter de 6% en moyenne en 2024, selon les estimations d’Actélior. Le cabinet d’actuariat estime la hausse à 5,8% pour les contrats individuels et à 6,2% pour les contrats collectifs. Le delta correspond surtout à l’impact de la réforme des retraites.

Ces augmentations interviennent après deux années de revalorisations importantes et dans un contexte d’augmentation du déficit de la Sécurité sociale qui risque d’entraîner de nouveaux transferts de charges. L’équilibre global du système est en danger, selon le cabinet d’actuariat.

« Il y a quelques années, il y avait encore une situation concurrentielle. Aujourd’hui, il y a une forme de solidarité dans le redressement. Après l’annonce du taux pivot par les leaders du marché, la réaction des petits organismes est de s’aligner à la hausse. C’est malheureux, car tous les acteurs sont en difficulté pour créer de la marge », signale David Echevin, directeur associé d’Actélior.

Des aménagements de garanties

Face à l’augmentation soutenue des prestations ces dernières années, le marché a introduit des aménagements de garanties conséquents. Environ un quart des offres individuelles d’entrée de gamme serait non responsable. Ce type d’offres est en moyenne 14% moins chère qu’un contrat responsable, selon les calculs d’Actélior. Pour les contrats d’entrée de gamme, la différence de prix peut atteindre 25%, ce qui dépasse largement la fiscalité additionnelle qui s’impose au contrat non responsable.

Ces offres ne couvrent que partiellement les paniers du 100% santé. Certaines d’entre elles introduisent également des plafonds ou des périodes de carence. Enfin, une autre solution consiste à appliquer des bonus de fidélité avec une montée en puissance des garanties dans le temps. Cette solution permet de fidéliser les adhérents mais surtout de limiter l’effet de surconsommation pendant la première année de souscription.

Le contrat non responsable et ses limites

Alors, le contrat non responsable serait-il la panacée ? Pas vraiment, selon Actélior, qui considère que c’est « une réponse court-termiste à une problématique de prix. Sur le long terme, cela ne va pas forcément fonctionner. À un moment, les assurés vont se sentir frustrés et changer d’assurance. En plus, il faut penser au risque d’image inhérent à la vente de contrats dépouillés. Ce n’est plus de l’assurance », indique Élodie Paget, associée chez Actélior. « Le contrat non responsable ne protège qu’à la marge des évolutions futures des dépenses de santé. L’augmentation de 6% sur les prestations l’année prochaine est aussi valable pour les contrats non responsables », souligne David Echevin.

Le contrat non responsable n’est donc pas la solution miracle pour résoudre le problème d’accessibilité à une complémentaire santé qui devient de plus en plus chère. Alors, que faire ? Pour Actélior, les appels d’offres ministériels sur la PSC montrent que le prix n’est pas le critère le plus important de sélection. « Selon les critères de notation, une bonne note sur les actions de prévention peut compenser un écart de tarif de 20% », selon David Echevin.

Les leçons de la PSC

Tout le marché devrait tirer des leçons de ces appels d’offres pour essayer d’assurer autrement. Face à l’augmentation du déficit de la sécurité sociale, la montée des déserts médicaux et des inégalités territoriales, les organismes ont un rôle à jouer. Élodie Paget évoque la nécessité de « créer du lien avec les assurés ». Et de « passer de la défiance à la confiance » entre le secteur privé et la Sécurité sociale. Pour changer de modèle, il est nécessaire de réunir tous les acteurs dans le cadre d’un « Grenelle du financement de la santé », suggère David Echevin.

En attendant de réformer le système de fond en comble, il est possible d’agir en mettant la prévention santé au cœur des garanties. Actélior propose un système à trois étages. Au premier, un socle de prévention serait disponible pour tous les assurés, mais adapté à leur profil (tranche d'âge et zone géographique). Au deuxième, les organismes complémentaires pourraient travailler main dans la main avec la Sécurité sociale sur des actions de prévention communes (vaccination, canicule, cancers). Enfin, Actélior suggère de mettre en place un questionnaire de santé afin de mieux adapter l’offre de prévention. Connaître ses assurés est une condition préalable pour offrir un accompagnement pertinent.

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