Coronavirus : Les organismes complémentaires s’attendent à devoir payer
La crise sanitaire du coronavirus a plombé le déficit de la Sécurité sociale. Les organismes complémentaires, peu sollicités jusqu’à présent, s’attendent à devoir participer financièrement.
Le gouvernement lance en grandes pompes le Ségur de la Santé qui doit remettre à plat le système de soins, le fonctionnement de l'hôpital, l’articulation avec les soins de ville… Les organismes complémentaires ne sont pas directement concernés par le sujet mais ont entendu le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin évoquer 41 milliards d’euros de déficit de la Sécurité sociale en 2020. Ils se rendent bien compte que l’hôpital est à bout de souffle. Ils ont entendu les demandes de compensation des chirurgiens dentistes qui, depuis le 11 mai, ne peuvent voir que 6 patients là où avant ils en recevaient 10. En plus, la réanimation coûte très cher.
L’Assurance maladie a été en première ligne de la crise du coronavirus. Elle prend en charge les arrêts de travail pendant les premiers 30, 60 ou 90 jours, selon la convention collective. La Sécu rembourse également à 100% les actes de téléconsultation, les tests de dépistage, les masques, les aides compensatoires pour les médecins libéraux en baisse d’activité ou encore les primes à destination des professionnels du grand-âge. Nicolas Revel a été interrogé lors d’une rencontre de l’AJIS sur le rôle de l’Assurance maladie complémentaire dans la prise en charge de l’épidémie. « Nous avons considéré que nous avions vocation à prendre en charge à 100% un certain nombre de choses. On verra ensuite derrière, dans le dialogue que nous avons avec les complémentaires, s’il y a lieu de se poser un certain nombre de questions, mais à ce jour je n’ai pas d’éléments précis à apporter », a répondu le directeur général de la Cnam.
« Je crains qu’un de ces jours monsieur Revel nous demande de venir au secours de la Sécurité sociale. Ce ne serait pas complètement illogique », commente un dirigeant d’organisme complémentaire.
L’hôpital n’a facturé que des urgences pendant deux mois. Plus de chambre particulière ni d’actes programmés, dans lesquels les assureurs jouent un rôle de financeur. « Les hôpitaux n’ont pas transmis de demandes de prise en charge aux complémentaires depuis deux mois », s’étonne un dirigeant. Les organismes complémentaires attendent de voir comment la prise en charge des patients atteints de covid sera facturée.
Depuis cette semaine, les remboursements en optique sont repartis, selon une source, mais sur les autres postes de soins, ils sont encore faibles. Les complémentaires ne remboursent que 55% des prestations habituelles. « Avant d’évoquer une quelconque ristourne à mes assurés, j’attendrai la fin de l’année pour faire le bilan », affirme un acteur de la complémentaire santé.
Dans ce contexte où l’Assurance Maladie voit sa facture s’alourdir et l’assurance complémentaire fait des économies depuis deux mois, les organismes représentatifs des complémentaires s’attendent à devoir participer à l’effort financier. « Il est très probable que nous soyons mis à contribution lors du prochain PLFSS. Cela pourrait prendre la forme d’un forfait patientèle médecin traitant », anticipe un dirigeant qui préfère rester anonyme.
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