Coronavirus : Les risk managers en première ligne
Face au Coronavirus et ses conséquences, les risk managers sont en première ligne dans les entreprises. Entre coordination des plans de continuité d'activité et pilotage de la gouvernance de crise, ils cherchent également des solutions d'assurance, y compris à l’international.
« Il s’agit d’une situation exceptionnelle pour les risk managers » a lancé hier Brigitte Bouquot lors d’un point presse organisé par l’Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise. Devant l’ensemble des mesures prises pour tenter d’amenuiser la propagation du Coronavirus, la présidente de l’Amrae a rappelé que « les risk managers ont toujours travaillé à la création de PCA avec la mise en place de standards de marché au sein des entreprises. De même, la pratique de la gestion de crise est portée en interne par les risk managers qui ont reçu des formations méthodologiques », indique madame Bouquot.
Fin février, au sortir des rencontres de Deauville, l’Amrae a ouvert une cellule de veille et de partage des bonnes pratiques et des retours d’expérience sur les mesures prises par les risk managers face au virus. Devant la situation, l’association a d’ailleurs décidé de mettre gratuitement à disposition sa documentation relative au PCA et à la gestion de crise en entreprise.
Coordination des PCA
« La situation oblige aujourd’hui les entreprises à déclencher plusieurs PCA simultanément. L’enjeu réside dans l’homogénéisation des stratégies de réponses, notamment lorsqu’elles touchent l’entreprise dans plusieurs pays simultanément », indique de son côté Benoît Vraie, ex-président de la commission PCA et gestion de crise de l’association. « La place du RM dans cette crise est de coordonner la réaction des entreprises en fonction des informations et de la compréhension du risque », poursuit ce dernier.
« La difficulté dans le pilotage de la gouvernance de crise, c’est de coordonner plusieurs cellules. Lorsqu’une entreprise est internationale, il faut des mesures centrales mais aussi régionales en laissant assez d’autonomie aux équipes locales pour adapter les réponses, le tout en prenant en compte la durée de la crise dans le temps », ajoute pour sa part Anne Piot d'Abzac, secrétaire générale de l'Amrae.
Rex et contrats d'assurance
Si l’association rappelle que l’ampleur d’une telle crise nécessite discipline et organisation dans le déploiement des réponses au sein des sociétés touchées, « l’anticipation, l’approche par les risques et la mise de plans de préventions sont aujourd’hui précieux. Les scénarios de crise comme une probable crue de la Seine, une attaque cyber d’ampleur ou une rupture de supply chain suite à Fukushima, permettent de capitaliser sur l’expérience et de mieux se préparer », ajoute Anne Piot d'Abzac.
Pertes d'exploitation colossales
Côté assurances, les réponses sont malheureusement limitées selon l’association. « Les pertes d’exploitations vont être colossales, car mondiales, multi-secteurs et étalées dans le temps », lance Michel Josset, président de la commission dommages aux biens de l’Amrae, que nous interrogions déjà sur le sujet en vidéo. « Les assurances PE ne sont activées que dans un environnement contraint, avec des dommages matériels consécutifs pour les entreprises. Malheureusement, ce n’est pas le cas avec le Covid-19. De manière générale, l’aversion des assureurs pour le risque pandémique se comprend face au caractère systémique de cette crise et les quelques garanties limitées qui existent sur le marché ne sont pas à la hauteur du phénomène ».
Coté assurances de personnes, « les programmes couvrant les frais médicaux / hospitalisation et rapatriements fonctionnent et il n’y a pas d’exclusion du Coronavirus, à quelques pays près. La question des garanties prévoyance dépend ensuite de chaque entreprise », précise Alain Ronot, trésorier de l’Amrae en charge de la commission RH. Enfin, pour ce qui est des assurances annulation, l’ensemble des contrats souscrits avant la crise seront globalement pris en charge, selon les responsables de l’association.
Interrogé sur les premiers effets remontés par les RM sur leurs entreprises respectives, « l’impact initial concerne les salariés, puis l’entreprise elle-même avec les PCA, puis enfin la production et la supply chain, notamment à cause des pays touchés par le virus », indique François Beaume, vice-président de l’Amrae en charge des risques numériques. « L’évaluation des conséquences est en cours et l’étude de la capacité ou non des entreprises à invoquer la force majeure dans les contrats est étudiée par les juristes ».
Le RIMS annulé
En parallèle, et pour la première fois en 70 ans d'existence, le RIMS (the Risk & Insurance Management Society), l’équivalent à l’échelle mondiale des rencontres Amrae, est purement et simplement annulé. L’évènement, qui regroupe l’ensemble des risk managers, courtiers et assureurs grands risques de la planète, et qui devait se tenir du 3 au 6 mai prochain à Denver aux États-Unis n’aura finalement pas lieu.
« Alors que nous progressions dans notre propre processus de gestion des risques, évaluions les faits, analysions les données et calculions soigneusement les résultats d'une série de scénarios, il est devenu très clair qu'il s'agissait de la meilleure décision pour nos membres, participants et employés à la conférence », indique l’organisation dans un communiqué, précisant qu’elle travaille actuellement au remboursement des inscrits.
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