CTIP : Les IP souffrent en santé mais améliorent leur résultat
INFOGRAPHIES - En 2022, les prestations des institutions de prévoyance ont augmenté de 3,12% tandis que les cotisations ont bondi de 6,7%. Le CTIP s’inquiète de la dégradation des équilibres techniques en santé, même si le résultat net des IP est en forte amélioration.
« 2022 a été une année difficile pour les IP », lance Marie-Laure Dreyfuss, déléguée générale du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP). Les organisations paritaires ont pourtant bénéficié du contexte économique favorable, notamment de l’évolution de 8,2% la masse salariale et de la hausse de 3,8% du salaire moyen. Les IP ont gagné un million de salariés supplémentaires au cours de l'année. Grâce à cet effet volume, les cotisations encaissées par les IP ont bondi de 6,7% pour atteindre 15,1Mds d’euros. En 2023, les cotisations devraient continuer à croître sous l’effet des revalorisations salariales et de deux accords de branche qui renforcent la couverture prévoyance des salariés de la métallurgie et la branche des particuliers employeurs.
Par ailleurs, les prestations affichent une évolution moins importante en 2022, de l’ordre de 3,12%. Derrière cette moyenne se cachent des tendances différentes pour la santé et pour la prévoyance. En santé, les prestations ont bondi de 7,7% à 6,3Mds d’euros tandis qu’en incapacité et invalidité, elles ont reculé de 1,3% à 4,2Mds d’euros.
Forte sinistralité en santé
Lors de la conférence de presse de présentation de ces résultats, le CTIP a beaucoup insisté sur le bond des dépenses de santé. « C’est énorme, inattendu de notre part. Nous ne pensions pas que les prestations augmenteraient si fort et si haut. Il y a un effet de rattrapage après la crise Covid mais nous pensons que cette tendance haussière est plus structurelle. Le ratio combiné se dégrade en 2022 (103,5% contre 100,1% en 2021). Les IP n'ont pas augmenté les cotisations au niveau nécessaire », explique la déléguée générale. Le taux de distribution en complémentaire santé atteint le niveau record de 89%. Marie-Laure Dreyfuss signale qu’au-delà de 85%, les IP sont en déséquilibre. « Cette décision de laisser dériver le résultat technique répond à une volonté des IP de soulager le pouvoir d’achat des salariés dans un contexte de forte inflation », explique Marie-Laure Dreyfuss.
Les postes qui affichent les plus grandes évolutions sont les médecines alternatives (ostéopathie et consultations psy), les frais d’hébergement à l’hôpital, les audioprothèses et les soins dentaires. Le résultat technique en santé se dégrade en 2022 et plonge à -192M d’euros contre -89M d’euros en 2021.
Une dérive structurelle
Depuis 2019, la dynamique des prestations santé ne faiblit pas, avec une évolution des prestations de 9,3% sur trois ans. Pour cause, en 2022 la réforme du 100% santé a coûté 1,4Md d’euros de dépenses aux IP sur les trois paniers, dont 303M d'euros sur le panier sans reste à charge. Le 100% santé représente 22% du montant des prestations santé versées par les IP en 2022. « Nous finançons 80% des dépenses des paniers 100% santé. Quand on finance à cette hauteur des dépenses, il faut qu’on soit dans la co-construction. Nous souhaitons avoir des chiffres à priori et à posteriori », déclare la déléguée générale du CTIP.
En prévoyance, le dynamisme des prestations en arrêt de travail reste à des niveaux très élevés, en léger recul par rapport à 2021. Le ratio combiné en arrêt de travail s’améliore néanmoins grâce au fort dynamisme des cotisations. Il passe de 114,5% en 2021 à 102,9% en 2022. Le résultat technique en arrêt de travail passe en territoire positif et atteint 45M d’euros, contre -88M d’euros en 2021. « Nous sommes en perte sur notre cœur de métier, sur les deux segments, la santé et la prévoyance. Notre modèle est peu rentable. Notre métier est de gérer des déficits techniques et d’arriver à les compenser grâce aux produits financiers », commente Marie-Laure Dreyfuss.
Malgré l’augmentation de la sinistralité, le résultat net des IP progresse de 2,7% et atteint 463M d’euros en 2022, soit le meilleur résultat des 10 dernières années.
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