Delphine Leroy (QBE) : "L’ESG entre dans nos critères de réflexion avec nos assurés"
INTERVIEW – À l’occasion des 31èmes Rencontres de l’Amrae, Delphine Leroy, directrice générale de QBE France, revient sur l’activité de la compagnie et ses ambitions de développement dans les mois à venir.
Comment s’est passé l’exercice 2023 de QBE France ?
L'année écoulée s'est bien déroulée au vu de notre objectif qui reste d'être un assureur de premier rang sur le risque d'entreprises. Notre branche marine, art & valeurs lancée fin 2022 a connu un bon démarrage et notre approche par segments a bien fonctionné.
Nous nous sommes également appuyés sur notre encrage régional. Dans notre volonté de travailler avec nos clients de façon plus structurée, nous avons par exemple décidé de renforcer notre animation sur la zone Paris-IDF / Nord avec le recrutement récent d’Anne Mazé.
En termes d’activités, la construction représente toujours notre principale ligne de business, devant le dommages, les risques financiers, la RC, l’activité marine art & valeurs et la caution.
Quel regard portez-vous sur les renouvellements 2024 ?
Le marché a été fractionné suivant les risques, les lignes de business et les zones.
De manière générale, nous n’avons pas remarqué de difficultés sur les bons risques qui ont été faciles à renouveler et sur lesquels il y a eu peu de compétition, sauf en cas de prévention insuffisante.
Dans le détail, les risques financiers sont restés plus compétitifs, notamment le cyber est revenu en situation de « soft market » en fin d’année, avec une approche et des wordings plus spécialisés de la part de nos concurrents… Du fait d’une plus grande maturité, certains dossiers ont par exemple recherché davantage de capacités et ont eu des approches plus précautionneuses.
Quelles cibles de clientèle visez-vous aujourd’hui ?
Nous sommes identifiés sur le marché comme un partenaire des grands comptes, mais nous sommes aussi historiquement un acteur du middle-market. Nous souhaitons continuer de nous développer sur les ETI et les grands comptes, sur les programmes internationaux notamment en 2024.
Mais nous voulons aussi croître sur les PME / PMI grâce à notre accompagnement et nos conseils sur la gestion des risques de ces entreprises. C’est un travail d’approche partenarial dont nous supportons le coût et qui, en accord avec le courtier, nous permet ensuite dans la majorité des cas de leur proposer la couverture la plus adaptée.
In fine, notre objectif est d’avoir un portefeuille équilibré entre les grands comptes aujourd’hui volatiles, les ETI et les PME/PMI tout en maintenant notre rentabilité technique sur l’ensemble de nos clients.
Êtes-vous contraints par les politiques plus serrées des réassureurs ?
Si l’inflation et les catastrophes naturelles ont pu avoir quelques conséquences ici ou là au niveau mondial, pour QBE France, les impacts sont indolores et à la marge.
Quelle est votre politique en matière d’apérition ?
Comme nous sommes en croissance sur les grands comptes corporate et internationaux, nous souhaitons apériter davantage de programmes, ce qui ne nous empêche pas d’être toujours un acteur de coassurance et d’excess.
C’est une question que nous embarquons régulièrement dans nos réflexions, notamment au niveau de nos allocations, de nos process et également de ressources humaines.
Revoyez-vous également vos relations avec les courtiers du marché ?
Nous avons de belles histoires avec plusieurs partenaires historiques, notamment en middle-market où nous avons un nombre de partenaires importants. Pour autant, nous cherchons en permanence à mieux travailler le segment des ETI ce qui passe par l’identification de nouveaux courtiers. Pour ce faire, nous discutons avec eux d’un montant minimum de chiffre d’affaires qu’ils pourraient être capables de générer pour le compte de QBE France avant d’ouvrir un code. Nous pilotons ce sujet de très près.
Avez-vous aujourd’hui des interdits de souscription ?
Même si les activités de la filière bois ou l’industrie liée au traitement des déchets sont aujourd’hui complexes, elles ne font pas l’objet d’interdiction de souscription chez QBE France. Ces activités imposent d’être plus attentif sur les moyens de prévention mis en place et les zones où elles sont implantées.
Comment appréhendez-vous le sujet de l’ESG, tant en interne qu’en externe ?
Notre groupe a depuis plusieurs années déjà une vision forte autour des sujets liés à la RSE. Nous avons d’abord une démarche interne qui favorise l’inclusion et la diversité de nos collaborateurs. Nous travaillons à devenir plus « verts » dans nos émissions de carbone, notamment lors de la mise en place de nos polices et de nos solutions d’assurance. C’est le cas en construction par exemple. Nous réfléchissions en permanence à de nouvelles alternatives en la matière.
Nous abordons également ce sujet avec nos clients. Le sujet ESG entre dans nos critères de réflexion avec nos assurés. Pour ceux qui souhaitent réduire leurs émissions, nous travaillons à leurs côtés pour les accompagner. C’est aussi notre rôle d’assureur que de permettre cette transition.
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