Delphine Maisonneuve : "L’UMR deviendra une filiale du groupe Vyv"
INTERVIEW - Delphine Maisonneuve, directrice générale du groupe Vyv, fait le point sur sa stratégie de multi-protection et annonce la transformation de l’UMR en société anonyme.
Les assureurs ont annoncé des mesures de modération tarifaire pour soutenir le pouvoir d’achat des Français. Allez-vous contenir la hausse des tarifs en santé en-dessous de l’inflation ? Quelles mesures spécifiques allez-vous adopter à destination des jeunes ?
Nous allons faire évoluer les primes moyennes en-dessous du niveau de l’inflation, en accord avec les engagements de place. Mais notre principal souci est de maintenir un taux de redistribution de plus de 80% en moyenne, au niveau du groupe.
Concernant les jeunes, nous avons étendu la portabilité jusqu’à 28 ans pour les enfants des adhérents de nos mutuelles. Ils pourront continuer à être couverts par le contrat santé de leurs parents, même s’ils ne sont plus en études. Seulement 5% des jeunes de moins de 21 ans n’ont pas de complémentaire santé. Puis, le taux de non-couverture grimpe à plus de 15% chez les jeunes à partir de 25 ans. Cette mesure devrait donc favoriser le taux d’équipement des jeunes. Par ailleurs, nous allons appliquer des évolutions de cotisations très limitées dans nos contrats jeunes, soit nulles, soit inférieures à 2%. Enfin, nous avons mobilisé 50 millions d’euros dans le cadre de notre action sociale pour accompagner les familles en difficulté.
Quelle hausse de cotisation allez-vous appliquer en santé ?
Les évolutions n’ont pas encore été arbitrées. Nous avons constaté une évolution de la consommation médicale de 3,5% à 4% en 2022, au titre du vieillissement de la population et de l’évolution des dépenses. Il conviendra en plus prendre en compte l’éventuel transfert de charges entra l’assurance maladie obligatoire et les complémentaires. Enfin, sur le 100% santé, la dérive se poursuit en 2022, et nous ne sommes pas encore arrivés à un plateau. Les organismes complémentaires financent plus de deux tiers du coût des prothèses dentaires. Cette réforme représente une réelle avancée en matière d’accessibilité aux soins. En revanche, les équilibres techniques ne sont pas au rendez-vous. La surconsommation en audition et dentaire devait être compensée par un recours plus important au panier 100% santé en optique, ce qui n’a pas été confirmé.
Prévoyez-vous un plan de redressement comme certains de vos concurrents ?
Nous avons souffert, comme tout le marché et l’impact du 100% santé sur nos comptes est certain. Nous allons faire évoluer les cotisations afin de pouvoir respecter les équilibres techniques et garantir notre solvabilité, mais les évolutions seront contenues et nous ne pouvons pas parler de plan de redressement.
Sur le marché des branches professionnelles, envisagez-vous de quitter les branches les plus déficitaires comme l’a fait Malakoff Humanis ?
Nous ne sommes pas dans une logique de renoncer aux branches professionnelles. Par exemple, nous avons récemment renouvelé la CCN 51 (établissements privés d’hospitalisation à but non lucratif). Notre sujet est de privilégier le dialogue avec les partenaires sociaux. La politique de la chaise vide n’est pas notre objectif.
Vous venez de mettre en place une nouvelle organisation. Dans quel objectif ?
L’objectif de cette organisation est d’accompagner le deuxième chapitre du groupe Vyv et d’accompagner le déploiement du plan stratégique Vyv 2025. Nous avons notamment créé une direction du développement de la prévention, une direction stratégie pour accompagner les études sur les nouveaux marchés et un élargissement de la direction services et assistance. Nous avons également créé une direction de l’empreinte mutualiste qui regroupe les équipes en charge du développement durable, de la gouvernance mutualiste, de Vyv Solidaires, de la communication et de l’ESS.
Où en êtes-vous dans le déploiement du plan stratégique ?
Nous avançons en parallèle sur l’ensemble des chantiers. Sur notre empreinte mutualiste, nous souhaitons avoir la capacité d’avoir un impact social positif. Avant la fin de l’année, nous allons lancer Vyv Solidaires, une association qui a pour but de mobiliser nos salariés et élus autour des causes sociales. Pour 2022 et 2023, nous avons retenu deux grandes causes : la lutte contre l’isolement social et le don de soi. Nous préparons une grande action collective fin 2022 autour de la lutte contre l’isolement social.
Vous êtes très actifs sur la prévoyance. Quels sont vos objectifs de développement sur ce marché ?
En prévoyance, notre objectif de croissance est de plus de 7% par an. Nous avons lancé grâce à Mutex de nouveaux produits de prévoyance individuelle, distribués par les réseaux d’Harmonie Mutuelle, MGEN et MNT. Il faut continuer à croître sur ce marché en étant meilleur commercialement mais également en militant autour de l’imprévoyance. Nous nous efforçons de démontrer que l’absence de couverture peut avoir des conséquences graves. Comment prendre soin de ses dents quand on ne sait pas comment on va payer le loyer parce qu’on est en arrêt de travail ? Nous incitions nos adhérents à prendre une couverture individuelle et collective. J’attire votre attention sur la fonction publique. Dans le cadre de la réforme sur la protection sociale complémentaire, rien n’est pas prévu en matière de prévoyance sur la fonction publique de l’Etat. Et sur la fonction publique territoriale, les montants sont extrêmement faibles.
Dans le cadre de cette stratégie de multi-équipement de vos adhérents, allez-vous accélérer sur l’épargne retraite ?
Après la prévoyance, la retraite est notre deuxième priorité. Nous avons acté l’intégration à venir de l’Union Mutuelle Retraites (UMR) en tant que filiale, comme c’est déjà le cas pour Mutex. L’UMR était déjà dans l’environnement du groupe Vyv mais pas au titre de mutuelle affiliée. La mutuelle sera donc transformée en société anonyme à capitaux mutualistes et société à mission et passera sous contrôle stratégique du groupe début 2023. Vyv Invest, MGEN et Harmonie Mutuelle en seront les actionnaires.
Sur le marché de l’IARD, allez-vous lancer de nouveaux produits ?
Nous avons lancé un contrat multirisque professionnel avec Smacl ou Hiscox en fonction des activités. Nous sommes en cours de lancement d’un contrat multirisque habitation à vocation sociale, en partenariat avec Wakam, afin de répondre à l’appel d’offres de la mairie de Paris. Nous avons également été retenus pour la rénovation des logements du ministère des Armées avec le groupe Arcade Vyv. Dans les prochains mois, nous allons proposer un contrat de santé animale en partenariat avec Altima. Enfin, nous lançons dans quelques semaines une assurance protection juridique en partenariat avec la Société Française de Protection Juridique (SFPJ).
Sur la distribution, envisagez-vous de créer des agences multi-marques qui proposent les produits des différentes mutuelles du groupe ?
Plutôt que de créer de nouvelles agences multi-marques, nous avons décidé de regrouper des agences existantes quand un bail arrive à échéance, au gré des opportunités. L’objectif est d’optimiser nos capacités et implantations, dans une logique de sobriété. L’idée n’est pas de fermer des points de vente mais de réduire les mètres carrés là où c’est pertinent, tout en maintenant les collaborateurs. Nous n’allons pas construire de nouvelles enseignes, mais ouvrir un espace d’accueil MNT dans une agence Harmonie Mutuelle ou inversement, par exemple. Ces regroupements se font de manière très progressive, au fur et à mesure des renouvellement de baux et sans objectif prédéfinis.
Sur le marché de la PSC, allez-vous tisser des alliances en dehors de votre groupe ? Quels ministères ciblez-vous en priorité ?
Les discussions sont en cours et des alliances sont à l’ordre du jour, notamment avec des mutuelles historiques. Nous n’excluons aucun ministère à date et sommes volontaristes sur les alliances.
Pensez-vous qu’il faut-il passer par l’union prudentielle pour répondre collectivement à un appel d’offres ?
Nous pensons qu’il n’est pas nécessaire de passer par l’union prudentielle. Nous sommes ouverts à des coopérations et n’excluons pas de répondre en partenariat avec d’autres, comme c’est déjà le cas pour la gestion de certains accords de branches.
Nous avons un nouveau ministre de la Santé et de la Prévention et vous avez créé une nouvelle direction de la prévention. Quelle est votre feuille de route en matière de prévention ?
La prévention est un enjeu clé pour le groupe Vyv et nous militons pour que les coûts des actions de prévention ne soient pas comptabilisés comme des frais de gestion, mais comme des prestations en nature. Au-delà de ce combat, notre stratégie de prévention est articulée autour de quatre priorités : le sport santé, la santé au travail, la santé mentale et la santé des femmes.
Sur les établissements de soins et le logement, où en êtes-vous ?
Nous avons approuvé un plan d’investissement de 400M d’euros à horizon 2025 pour accompagner nos activités de soins et d’accompagnement, et notamment le développement des centres optiques et d’audition. Par ailleurs, nous avons lancé le « label Logement santé » en juin dernier afin de qualifier des logements sociaux sur des critères de santé. 400 logements ont déjà été labellisés. Notre objectif est d’atteindre environ 10.000 logements santé en 2025.
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