En 18 mois, le paysage des dirigeants des plus grands groupes d'assurance s'est profondément modifié. Allianz, Axa, Generali et maintenant Aviva, en France, ont tous changé de patron. Une nouvelle génération de quinqua dont la mission n'est plus de gérer, mais de transformer des entreprises, certes leaders sur leur marché, mais à la croisée des chemins.
Les objets connectés, internet et demain la blockchain viennent bousculer des modèles séculaires et imposent un nouveau rythme vertigineux à ses mastodontes parfois englués dans des process hérités de traditions à la peau dure.
Ainsi, Thomas Buberl arrive à la tête du groupe Axa après avoir redressé, d'une main de fer, l'assureur en Allemagne. Philippe Donnet s'est fixé comme ligne la rationalisation de la gamme de Generali, beaucoup trop large (270 produits). Patrick Dixneuf reprend les rênes d'Aviva France après avoir remis Aviva Italie sur les rails. Quant à Oliver Bäte, son expérience chez McKinsey lui aurait forgé un caractère de travailleur infatigable et en perpétuel questionnement.
Des qualités aujourd'hui indispensables. Car à l'image d'un Oscar aux Etats-Unis ou même d'un Alan en France, les barrières qui semblaient protéger les géants de l'assurance sont en train de céder sous les coups de boutoirs des start-up. Plus agiles, plus créatives, elles sont mues par l'envie de briser les règles de marché existantes tout en collant au désir d'immédiateté et de simplicité des consommateurs.
Les assureurs voient par ailleurs leurs résultats financiers fondre comme neige au soleil et se retrouvent face à la réalité technique du marché. Un marché de plus en plus décadenassé par la réglementation et dont les marges sont moins importantes que par le passé. La politique de sélection des risques est par conséquent devenue cruciale.
Les premiers effets pourraient se faire ressentir au niveau social. « La digitalisation croissante des processus aussi bien en interne que dans la relation client laissera des gens sur le bord de la route », nous assure une consultante. Et l'actualité lui donne raison. Entre un Axa qui compte profiter d'une pyramide des âges favorable, AGCS qui évoque un PSE ou encore Macif qui aimerait réduire certains avantages sociaux et la masse salariale, une période rude semble s'ouvrir pour le secteur. La mondialisation n'est pas coupable, titrait Paul Krugman, prix Nobel d'économie. Quid de la digitalisation ? Même conclusion sûrement. Mais elle pourrait être destructrice et impose un pilote prêt à lâcher du lest pour faire avancer son paquebot plus rapidement que les autres.
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