Dominique Mahé : "Maif ne pouvait pas tirer profit de cette crise"

mercredi 3 mars 2021
Image de Dominique Mahé : "Maif ne pouvait pas tirer profit de cette crise"

Avec un résultat net 2020 divisé par 4 en raison des mesures de solidarité prises durant la crise Covid, la Maif enregistre un chiffre d’affaires stable sur l’exercice. Selon son président, Dominique Mahé, la mutuelle d’assurance reste en ligne avec les objectifs de son plan stratégique 2019-2022.

L’ensemble des mesures de soutien et de solidarité prises par la Maif en 2020 pour faire face la crise Covid a, sans surprise, impacté fortement son résultat net. Ce dernier a été divisé par 4 sur l’exercice à 36,2M d’euros (contre 127,2M d’euros en 2019). « 2020 a été une année exceptionnelle, différente, prenante et préoccupante, tant pour les sociétaires que les salariés du groupe. Il était clair que Maif ne pouvait pas tirer profit de cette crise, c’est pourquoi nous avons rapidement pris des mesures à destination de nos sociétaires », explique Dominique Mahé, le président de Maif, sollicité par News Assurances Pro. Outre le gel de ses tarifs auto 2021, la Maif a notamment pris la décision de rendre 100M d’euros à ses sociétaires assurés en automobile pour compenser la moindre sinistralité durant le confinement, « Concrètement, nos sociétaires ont pu soit encaisser un montant forfaitaire de 30 euros par véhicule soit choisir, par solidarité, de reverser cette somme à une des associations sélectionnées par Maif. Si cette décision a pu choquer certains acteurs du marché ce n’était pas l’objectif recherché. Nous étions plutôt dans une démarche pour susciter des envies de réinventer des solidarités », ajoute ce dernier.

Près de 150M d’euros de mesures

La mutuelle d’assurance a également pris des mesures des solidarité à destination des réparateurs automobiles, carrossiers et prestataires de l’écosystème Maif pour 35,2M d’euros. « Le monde associatif qui représente une part significative du sociétariat Maif a souffert en 2020 et continue d’être impacté. Nous devions, là aussi, être au rendez-vous, c’est pourquoi nous avons pris en charge à hauteur de 80M d’euros les pertes d’exploitation ou les annulations de voyage de ces structures. Nous avons aussi décidé de reverser aux fédérations et associations sportives à l’arrêt une part de la cotisation assurance des licences, jusqu’à 30.000 euros pour certaines », explique ensuite le président.

Au total, avec le maintien des salaires (environ 15M d’euros) et sa contribution à hauteur de 8M d’euros au fonds de solidarité national, Maif aura dépensé près de 150M d’euros dans diverses mécanismes de soutien. « Au final l’ensemble de ces mesures a pesé sur notre résultat, 4 fois inférieur à celui de l’exercice précédent. Est-ce une catastrophe ? Non ! C’est sciemment et résolument que ces mesures ont été prises et cela ne met pas en péril la pérennité de l’entreprise. Ce résultat viendra abonder de manière moindre les fonds propres de la mutuelle sans compromettre le ratio de solvabilité », poursuit Dominique Mahé.

Chiffre d’affaires stable

Si le chiffre d’affaires du mutualiste demeure stable sur un an à 3,69Mds d’euros, l’activité vie est en baisse avec un chiffre d’affaires à 729,5M d’euros (contre 762M d’euros en 2019). « Même si les Français ont surépargné en 2020, ils sont restés sur des leviers d’épargne liquides comme le LDD, le Livret A ou leur compte courant. Ainsi, l’assurance vie n’a pas profité de ce mouvement », indique sur ce point le dirigeant. En dommages, après déduction des mesures de solidarité, le chiffre d’affaires de Maif est en légère hausse de 1,5% à 2,96Md d’euros.

Avec un ratio de solvabilité 2 en décroissance à 196% (contre 216% l’année dernière), Maif indique avoir enregistré près de 66.000 nouveaux sociétaires sur l’exercice (42.000 chez Maif et 24.000 chez Maif Vie), portant son portefeuille à 3,1 millions d’assurés, pour 200.000 contrats supplémentaires (pour 11,5 millions de contrats en cours). Le niortais, indique également couvrir 3,6 millions de véhicules, pour un taux d’attrition 2020 de 1,5%. « Pour l’exercice qui s’ouvre, nos fonds propres, qui s’établissent à près de 3Mds d’euros, nous garantissent un matelas confortable et nous n’avons pas constitué de provisions strictement dédiées à la situation sanitaire. Malgré une année correcte en termes de sinistralité, nous avons tout de même renforcé notre protection dédiée aux Cat’ Nat’, en provisionnant pour 2021 près de 151M d’euros pour les phénomènes de sécheresse », note Dominique Mahé.

Pas de course à la taille

Arrivé au milieu de son plan stratégique 2019-2022, Maif indique être en ligne avec l’ensemble des objectifs fixés. « Nous réaffirmons avec force ce qui fait le cœur de la Maif c’est-à-dire la démonstration de sa solidarité et de sa singularité. Toutefois, nous sommes conscients que dans le contexte actuel, les assureurs traditionnels ne vivront plus demain sur les activités qui ont fait leur succès ces dernières années. Ainsi, nous réfléchissons aux voies de diversification du champ assurantiel qui pourraient nous permettre d’amplifier notre activité assurance de personnes (Vie / Épargne / Retraite /etc) qui ne pèse que 20% de notre activité aujourd’hui. Les différents partenariats noués ces derniers mois avec des acteurs du secteur en sont une illustration », poursuit le dirigeant qui indique réfléchir aussi comment diversifier l'entreprise autour de l’assurance, « en capitalisant sur la confiance et l’image positive dont bénéficie la Maif aujourd’hui ».

Surtout, dans un marché où les positions bougent, notamment chez les mutualistes, Maif mise sur son modèle et ses atouts. « Concernant la récente acquisition d’Aviva France par Aéma, cela va permettre la constitution d’un groupe conséquent et je souhaite à mes confrères mutualistes de mener à bien cette opération. Est-ce que cela va nous pousser à nous rapprocher à notre tour ? La réponse est non. Notre singularité ne s’exprime pas par une course à la taille et nous n’avons pas l’intention de former une autre Sgam avec d'autres acteurs. Notre taille actuelle, la capacité d’attachement et la qualité de nos prestations constituent en quelque sorte le trésor de guerre de la Maif et ce pourquoi elle est enviée aujourd’hui », conclut Dominique Mahé.

Contenus suggérés