Florence Lustman : "FIDA représente une vraie menace sur l’assurabilité"
Parmi les grands sujets européens qui vont occuper France Assureurs en 2024, celui des données inquiète déjà la fédération. En ligne de mire, la nouvelle réglementation FIDA (Financial Data Access) qui mettrait en péril la mutualisation des risques.
À l’occasion de ses traditionnels vœux à la presse, Florence Lustman, la présidente de France Assureurs, a égrainé les grands chantiers qui attendent la fédération en 2024, « année européenne », selon cette dernière. Trois grands sujets se détachent pour ce nouvel exercice à savoir la durabilité, les données et le financement des transitions.
Concernant la durabilité, Florence Lustman a évoqué l’entrée en vigueur progressive de la directive CSRD, la prochaine consultation de l’Eiopa sur le "greenwashing" et les résultats des trilogues visant à encadrer la notation ESG.
« Chaque innovation ou toute modification des usages peut impacter notre métier et l’assurabilité d’un certain nombre d’activités. Je milite pour qu’au sein de la "DG Grow" [Division liée au single market, industrie, entreprenariat et small business au sein de la Commission européenne, ndlr] il y ait un guichet assurantiel qui identifie les conséquences potentielles des modifications de textes et des directives sur l’activité d’assurance », explique Florence Lustman. « Cela nous éviterait de revivre à l’avenir ce que nous avons vécu sur l’accès aux données des véhicules dans la cadre du "Data Act"», poursuit cette dernière.
La menace FIDA
Mais c’est surtout sur la question des données que la présidente de la "fédé" s’est montrée la plus incisive, et notamment sur le sujet du Financial data access. « FIDA, qui devrait passer au Parlement européen en février / mars porte en germe une vraie menace sur l’assurabilité. Et je pèse mes mots ! », lance Florence Lustman. Et cette dernière d'ajouter que l’ouverture des données risque d’impacter la capacité du marché a mutualiser les risques au détriment des assurés. « Veut-on vraiment apporter toutes nos données au Gafam ? La réponse est non ! ».
Évoquant ensuite l’IA Act et la montée en puissance de l’intelligence artificielle générative, la présidente est revenue sur le sujet des véhicules connectés. « Un jugement de la Cour de Justice européenne est venu conforter notre analyse, c’est-à-dire la nécessité d’avoir une législation sectorielle pour nous garantir un accès aux données des véhicules connectés. Mais nous faisons encore face à un certain blocage politique et aux côtés de l’Alliance pour la mobilité connectée et d’Insurance Europe nous continuons à mener ce combat en 2024 », poursuit-elle.
Florence Lustman de relever ensuite le clivage entre la situation en France et les ambitions de Bruxelles. « En France, on nous empêche de lutter correctement avec la Cnam contre la fraude en santé. En face, Bruxelles veut offrir sur un plateau nos données au Gafam… Allez comprendre ! ».
Triple transition
Enfin, la patronne de France Assureurs a évoqué la question des transitions (écologiques, énergétiques et digitales), « un sujet évalué par l’Europe à 750Mds d’euros par an », explique-t-elle.
Elle est notamment revenue sur la question de leur financement, rappelant le dynamisme et le poids des assureurs européens parmi les grands investisseurs dans l’économie de transition. Cette dernière n'a pas manqué de rappeler également que « sur les 2.500Mds d’euros placés par l’industrie, 64% sont investis dans les entreprises, et seulement 25% dans les obligations souveraines », a-t-elle poursuivi. La présidente de la "fédé" a enfin conclu son propos sur le sujet de l'épargne en vantant notamment les mérites du fonds en euros.
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