France assureurs : L’échelle du risque monte d’un cran en 2023

mercredi 27 mars 2024
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INFOGRAPHIES - Selon France Assureurs, l’année 2023 a été marquée par des risques de plus en plus accrus sur les plans économiques, climatiques et numériques. De quoi peser sur le bilan annuel de la profession.

Fidèle à ses habitudes, France Assureurs s’est pliée à l’exercice de la présentation du bilan annuel du secteur. Comme chaque année depuis sa prise de fonction à la tête de la fédération en 2019, Florence Lutsman n’a pas manqué à l’appel. Pendant plus d’une demi-heure, la présidente de France Assureurs a présenté un discours on ne peut plus alarmant. « En 2023, le risque a changé d’échelle », a-t-elle répété à plusieurs reprises tel un leitmotiv. De quoi nourrir la nécessité d’assurance des Français, si bien que ce besoin n’a jamais été aussi fort. Selon le bilan annuel, les professionnels font face à un net renforcement des risques économiques, climatiques et numériques (cyber). Et selon une cartographie établie par France Assureurs, la sévérité est en hausse pour 71% des risques.

Chaque jour, les assureurs gèrent près de 38.000 nouveaux sinistres, soit un nouveau sinistre toutes les deux secondes. Ce qui équivaut à 14M de nouveaux sinistres par an.

En dommages, l’année a notamment été touchée par les émeutes urbaines survenues en juin dernier. La charge globale s’est élevée à 793M d’euros, pour 17.000 sinistres enregistrés. A cela s’ajoutent les sinistres liés au dérèglement climatique. Les tempêtes Ciaran et Domingos qui figurent en 5e position des tempêtes les plus dévastatrices en métropole, ont occasionné à elles seules 581.000 sinistres pour un coût de 1,6Md d’euros. Le séisme de la Laigne, des épisodes de sécheresse et les inondations dans le Nord-Pas de Calais ont également alourdi la facture. Au total, le coût des événements climatiques s’est élevé à 6,5Mds d’euros sur l’ensemble de l’année 2023. Il s’agit de la troisième année la plus coûteuse pour la profession après 1999 et 2022.

Au total, les cotisations ont progressé de 5Mds d’euros, pour atteindre près de 71Mds d’euros, tandis que les prestations ont crû de près de 2,8Mds d’euros, à 52,4Mds d’euros. Sans surprise, le ratio combiné s’est dégradé de 0,6 point sur un an. Il ressort à 98,5%.

En santé/prévoyance, le bilan n’est pas plus glorieux. Si les cotisations ont progressé de 6,9% pour atteindre 29,8Mds d’euros, les prestations ont crû de 4,5%, à 21,5Mds d’euros. En effet, la dérive des dépenses de santé conjuguée à des mesures nouvelles ont un impact direct sur les prestations et donc sur les cotisations des complémentaires santé. Afin de maitriser les coûts, France Assureurs propose une série de mesures. À commencer par la poursuite des travaux permettant de lutter plus efficacement contre la fraude sociale. La fédération souhaite également questionner le périmètre de garanties obligatoires du contrat responsable, mais aussi procéder à une évaluation du dispositif « 100% santé » et à une étude d’impact préalable avant toute nouvelle extension.

En matière d’épargne, les flux nets ont fondu passant de 74,2Mds d’euros, à 16Mds d’euros en 2023. Les dépôts, livrets bancaires et l’épargne logement ont subi de plein fouet la concurrence des comptes à terme, Livrets A, LDDS et LEP (livret d’épargne populaire). De son côté, l’assurance vie a tenu bon malgré une augmentation des rachats de 12Mds d’euros. En 2023, ces derniers ont représenté 88Mds d’euros sur l’ensemble des prestations enregistrées (151Mds d’euros, contre 132Mds un an plus tôt). Le solde provient d’autres situations telles que le décès, les capitaux échus ou encore les rentes.

Pour autant, en hausse de 5,4%, les cotisations ont dépassé pour la première fois le seuil des 150Mds d’euros, avec une part en unités de compte représentant un niveau historique de 41%.

En tout, la collecte nette est ressortie à 2,4Mds d’euros, contre 13,3Mds d’euros l’année précédente. Elle a exclusivement été portée par la collecte investie en unités de compte (30Mds d’euros). Mais selon France Assureurs, la remontée des taux obligataires renforce l’attractivité des fonds euros en souffrance depuis de nombreuses années.

En 2023, la performance des fonds euros est estimée à 2,6% par la fédération de la profession soutenue par le mécanisme de participation aux bénéfices qui représente 4,4% des provisions mathématiques contre 4,9% un an plus tôt. Quant au ratio de solvabilité, il est ressorti à 245%, contre 232% en 2022.

Malgré les vents contraires qui ont marqué l’année 2023, les cotisations de l’assurance sont passées de 238,4Mds d’euros, à 253,9Mds d’euros en 2023. Les prestations, quant à elles, ont progressé de 12% pour s’établir à 224,9Mds d’euros.

Sur l’année en cours, la fédération France Assureurs reste attentive à la tournure que prendra la loi sur l’industrie verte. Arrêtés, décrets… plusieurs textes devraient voir le jour. Prévus pour fin mars, le calendrier semble s’allonger.

Pour rappel, les débats portent notamment sur l’intégration d’une quote-part minimum de private equity dans certains produits d’épargne à l’instar de l’assurance vie et du PER. Comme demandé par les assureurs, la dose devrait différer selon les profils des assurés. « En assurance vie, pour les profils prudents, le taux est nul tandis que pour les profils équilibrés et dynamiques il s’élève respectivement à 4% et 8% », précisait une source fin janvier. Concernant la gestion pilotée retraite, « à 20 ans du départ à la retraite, les taux de private equity sont attendus entre 6 et 12% » a poursuivi notre interlocuteur. Un profil dynamique + devrait voir le jour pour lequel le taux de private equity serait fixé à 15%, comme l’a dévoilé News Assurances Pro en janvier dernier.

La RIS est également dans le radar de la fédération fervente défenseuse du devoir de conseil et de la rémunération des intermédiaires par commissionnement. Les travaux semblent prendre une bonne tournure.

Enfin, France Assureurs s’apprête à changer de directeur général. Franck Le Vallois va quitter prochainement la fédération « pour relever un nouveau challenge professionnel », comme le révélait la rédaction de News Assurances Pro. Une question taraude le secteur : qui pour le remplacer ?

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