Fusion : Standard Life et Aberdeen créent un géant de la gestion d'actifs
Les sociétés de gestion d'actifs britanniques Standard Life et Aberdeen Asset Management ont trouvé un accord en vue d'une fusion qui donnerait naissance à un poids lourd mondial dans un secteur très concurrentiel.
Les deux groupes, qui avaient déclaré ce week-end mener des discussions, ont annoncé lundi dans un communiqué s'être entendus sur les termes d'un accord, qui ressemble dans les faits plus à une acquisition d'Aberdeen par Standard Life.
La transaction valorise la nouvelle société à plus de 11 milliards de livres (12,8 milliards d'euros), avec des actifs sous gestion s'élevant à 660 milliards de livres (765 milliards d'euros). Ces encours proviennent pour un peu plus de la moitié de Standard Life et pour un peu moins de son partenaire.
Aberdeen Asset Management est valorisée exactement 3,8 milliards de livres. La capitalisation boursière de Standard Life s'élevait quant à elle à 7,4 milliards à la clôture de la Bourse vendredi. Les actionnaires de Standard Life devraient détenir 66,7% du nouveau groupe. Les actionnaires d'Aberdeen, qui seront rémunérés en action de la nouvelle société, en posséderont 33,3%.
En termes d'effectifs, Standard Life, qui a également une importante activité de fonds de pension, rassemble 6.300 collaborateurs et est deux fois plus gros qu'Aberdeen et ses 2.700 salariés.
Les deux groupes espèrent boucler la fusion au troisième trimestre de cette année, une fois obtenus les feux verts réglementaires. Le nouveau groupe, dont le siège sera en Écosse comme le sont déjà ceux des deux partenaires, constituera l'un des principaux acteurs de la gestion d'actifs dans le monde.
Il sera l'un des tous premiers acteurs du secteur au Royaume-Uni et en Europe derrière le britannique Legal & General et le français Amundi et leur quelque 1.000 milliards d'euros d'actifs sous gestion chacun. Il sera en position de force pour affronter les possibles changements réglementaires qu'entraînera le Brexit.
Les marchés semblaient apprécier la nouvelle. Le titre de Standard Life bondissait de 4,89% à 397,10 pence vers 10H00 GMT à la Bourse de Londres et celui d'Aberdeen gagnait 3,88% à 298 pence. "La combinaison de nos activités va créer un acteur formidable au sein de l'industrie mondiale de la gestion d'actifs", s'est félicité Keith Skeoch, directeur général de Standard Life.
Cette fusion "permet d'accompagner les besoins évolutifs de nos clients", a renchéri le directeur général d'Aberdeen Martin Gilbert. Les dirigeants de Standard Life espèrent grâce à l'opération faire des économies au bout de trois ans à hauteur de 200 millions de livres annuelles.
'Sauver le navire'
Les deux groupes sont en outre complémentaires, selon les analystes, puisque Standard Life est très présent au Royaume-Uni et dans les actifs tels que les obligations, alors qu'Aberdeen est depuis longtemps très actif en Asie et dans les marchés émergents. Atteindre la taille critique est un enjeu majeur pour les sociétés de gestion d'actifs qui doivent être suffisamment robustes dans environnement marqué par la faiblesse des taux d'intérêt, ce qui rend moins rémunérateur les placements financiers.
Ils doivent également faire face à une forte concurrence à l'échelle mondiale, notamment en raison de l'émergence des fonds dits "passifs", qui se contentent de répliquer l'évolution d'indices ou d'actifs, moyennant de faibles commissions, par opposition aux fonds "actifs" qui élaborent des stratégies d'investissement plus poussées.
"Aucune industrie ne peut survivre à ce genre de changement sans consolidation", prévient Neil Wilson, analyste chez ETX Capital. Il cite une étude du cabinet Morningstar montrant que les fonds passifs ont capté plus de 500 milliards de dollars dans le monde l'an dernier, alors que les fonds actifs ont eux perdu 325 milliards de dollars d'encours sous gestion. "L'industrie a beaucoup changé et les gérants passifs sont beaucoup moins chers que les gérants actifs et il est temps de sauver le navire", estime Naeem Aslam, analyste chez Think Markets.
C'est la raison pour laquelle le secteur est animé par plusieurs fusions et acquisitions d'ampleur, comme en témoigne le rachat récent de Pioneer Investments, filiale de la banque italienne UniCredit, par Amundi pour 3,5 milliards d'euros. L'américain Janus Capital est également sur le point de fusionner avec le britannique Henderson.
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