Des dirigeants de Goldman Sachs se sont élevés contre la théorie selon laquelle la banque d'affaires aurait eu assez d'influence pour ruiner le groupe d'assurances AIG, selon des déclarations publiées dans un reportage de l'hebdomadaire BusinessWeek à paraître dimanche.
"La notion qui veut que Goldman Sachs ait mis à terre AIG est l'un des plus grands mensonges de toute la crise", déclare le co-directeur de la division marchés financiers, Harvey Schwartz, cité dans ce reportage intitulé "Goldman Sachs: ne nous faites pas de reproche". "Il nous est parfaitement impossible de mettre une entreprise à terre", insiste-t-il.
Goldman Sachs a été accusé par des élus et des observateurs de la finance d'avoir précipité la chute d'AIG, sauvé de la faillite par une nationalisation en septembre 2008, en exigeant du groupe des sommes en numéraire de plus en plus élevées pour garantir des contrats passés entre les deux groupes.
"Je n'avais honnêtement aucune idée, jusqu'à un stade avancé du processus, qu'AIG était en aussi mauvaise passe", assure Craig Broderick, le directeur des risques.
Le directeur financier David Viniar a également rejeté l'accusation selon laquelle il était fréquent que Goldman Sachs vende un produit à un client, puis prenne une assurance lui offrant des gains si la valeur de ce produit chutait. "Je ne pourrais jamais dire jamais", dit-il, mais selon lui cette pratique n'était pas habituelle.
Il estime que Goldman Sachs a mieux traversé la crise que ses concurrents en étant plus rigoureuse dans ses contrôles à l'époque où le marché immobilier s'est retourné.
Après avoir constaté dix jours consécutifs de pertes en décembre 2006 dans les actifs adossés à l'immobilier, les dirigeants de la banque "ont littéralement regardé presque chaque position" sur ce marché qui allait s'effondrer l'année suivante.
Pour autant, "personne, et certainement pas nous, ne connaissait la profondeur de la crise financière à laquelle nous allions être confrontés", d'après M. Viniar.
Celui-ci revient enfin sur l'opprobre jetée sur les salariés du groupe par leurs rémunérations élevées. "Ça a été l'une des choses les plus agaçantes que j'ai vécues au cours de mes 30 ans dans l'entreprise", déclare-t-il, même s'il dit les dirigeants de Goldman "tout à fait conscients de l'opinion publique et de la révolte contre Wall Street".
Le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, qui avait déclaré au quotidien britannique The Times en novembre faire "le travail de Dieu" en étant banquier, n'a pas souhaité recevoir le journaliste de BusinessWeek.
New York, 2 avr 2010 (AFP)
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