Grand collectif : Les assureurs durcissent leurs politiques de souscription
La campagne de renouvellement pour 2024, marquée par le durcissement des politiques de souscription des assureurs, se présente très tendue pour les courtiers actifs sur le marché du grand collectif.
La saison des négociations tarifaires en santé et prévoyance a démarré. Les relations entre porteurs de risques, courtiers et entreprises sont extrêmement tendues en ce mois d’octobre. Chacun campe sur ses positions et trouver un compromis de majoration tarifaire acceptable par l’assureur et l’entreprise relève du parcours du courtier combattant.
Les renouvellements pour l’année 2024 s’annoncent compliqués, dans un contexte de forte augmentation de la consommation médicale. Certaines entreprises qui présentent un dérapage de 15 points sur un an se voient proposer des majorations de 15 à 20%. Les transferts de charges sur les soins dentaires en provenance de l’assurance maladie obligatoire depuis octobre 2023 et les revalorisations des professionnels de santé viennent ajouter de la pression sur des régimes collectifs aux équilibres dégradés. Par ailleurs, la majorité d’acteurs ont introduit des marges de prudence dans leurs taux directeurs, au regard des incertitudes qui pèsent sur les évolutions règlementaires de 2024.
L’heure est au redressement des régimes, avec des indexations tarifaires à deux chiffres. « Nous sommes à un taux pivot de 11,5%, qui intègre l’évolution du PMSS. Si j’ai la prévoyance, je suis prêt à faire une concession sur le tarif en santé », confie un acteur de l’assurance collective qui se porte bien.
Moins d'acteurs sur les appels d'offres grands comptes
Preuve de cette ambiance électrique, des acteurs du grand collectif comme « Malakoff Humanis, AG2R La Mondiale ou Allianz ne répondent plus aux appels d’offres de grands comptes », signale un courtier. En effet, les contrats sur-mesure de grandes entreprises présentent une moindre rentabilité, comparés aux contrats des entreprises de taille moyenne. Le taux de chargement est plus bas, le pilotage des régimes plus laborieux et les marges plus faibles. Et en cas de résultat excédentaire, il faut alimenter un compte de résultat.
Ce mouvement de retrait sur les grandes entreprises rappelle celui de l'an dernier sur les régimes de branche. En 2022, des acteurs importants comme Malakoff Humanis, AG2R La Mondiale ou Aésio ont décidé de sortir de certains régimes de branche déficitaires.
Un marché qui se resserre
Le marché se resserre encore et les porteurs de risques ne se bousculent pas lorsque les courtiers lancent des consultations de marché. « Nous faisons face à des refus de souscription, à des positions tarifaires élevées et fermes. Alors que nous n’avons jamais pratiqué le dumping tarifaire, c’est de plus en plus compliqué de trouver des assureurs », confie un courtier. L’heure est à la prudence et « les assureurs sont très regardants sur la santé financière de l’entreprise à couvrir, notamment sur certains secteurs d’activité en difficulté comme l’immobilier, le retail ou l’habillement », pointe un autre courtier.
Une autre preuve du durcissement de la politique de souscription consiste à refuser de couvrir les contrats qui intègrent une population de retraités, dans le cadre d’un contrat collectif à adhésion facultative pour des anciens salariés. « AG2R La Mondiale, par exemple, refuse de participer à un appel d’offres s’il y a une population de retraités à couvrir, en plus des actifs », pointe un acteur de ce marché. Le groupe de protection sociale a réduit de moitié son volume d’affaires en 2023, d’après cet observateur. D’autres acteurs, en revanche, présentent une capacité de souscription plus importante. « Groupama Gan Vie ou Generali prennent des parts de marché », observe un courtier.
Risque de rotation
Face aux annonces des majorations tarifaires significatives, un bon nombre de grands comptes demandent à son courtier de faire jouer la concurrence. Or, « cette année il est très difficile de placer un contrat présentant un ratio de sinistre à primes de 108%-110%. J’arrive à placer un S/P à 105% mais au-delà, les porteurs de risques n’en veulent pas », témoigne un courtier. Dans ce cas-là, le courtier est embêté car si l’entreprise n’accepte pas la majoration tarifaire proposée par son assureur, elle peut être tentée de changer de courtier. Au final, cela fait partie du travail de l'intermédiaire d'expliquer à l'entreprise les évolutions tarifaires. Cette année, il va devoir mouiller sa chemise.
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