Grands risques : Vers de nouvelles majorations tarifaires pour 2022
Plombés par une forte sinistralité et des S/P dégradés, les assureurs grands risques n’ont d’autre choix que de poursuivre les majorations tarifaires sur leurs lignes d’activité. De fait, les renouvellements 2022 s’annoncent une nouvelle fois tendus.
Dans son dernier état du marché des grands risques, l’Amrae anticipe un exercice 2022 aussi compliqué que l’année qui s’achève. L’association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise s’attend ainsi à des politiques tarifaires toujours orientées à la hausse, et ce sur la grande majorité des lignes d’activité. « Tous les voyants sont au rouge pour les assureurs qui imposent encore des hausses de primes significatives », explique Léopold Larios de Piña, directeur du risk management pour le groupe Mazars et vice-président de l’Amrae. « C’est sans appel, ça fait très mal, tout est en hausse au niveau de la tarification », ajoute ce dernier, en faisant référence au tableau de tendances publié chaque année par l’association (voir ci-dessous). Sur certaines branches, l’Amrae anticipe ainsi des majorations allant de 10 à 50%, laissant entrevoir des renouvellements de programmes grands risques au 1er janvier 2022 plus que tendus.
[caption id="attachment_1469476" align="alignnone" width="2268"] État du marché et perspectives 2022 (©AMRAE)[/caption]Sinistralité en fort rebond
L’un des principaux facteurs expliquant cette situation est celui de la sinistralité qui enregistre un fort rebond ces derniers mois. Selon les derniers chiffres de la FFA que News Assurances Pro a pu consulter, l’indice RI (Risque Industriels) projeté chaque trimestre anticipe au 1er janvier 2022 une hausse de 4,9% sur un an. Cet indice avait déjà enregistré deux hausses consécutives en juillet (+1,2%) et octobre 2021 (+3,9%).
Toujours selon la FFA, la sinistralité grave a également cru fortement sur la période. A fin juin, la fédération fait état d’une augmentation de la charge sinistre des risques relevant du TRE de 19.7% (+14,3% hors Cat Nat ). Et le troisième trimestre 2021 semble également s’inscrire sur la même tendance.En conséquence, les ratios S/P des assureurs sont aujourd’hui plus que dégradés. « Il y a quelques années, il subsistait une "élite" d’assureurs qui parvenaient à rester rentables malgré un marché compliqué. Cette année, c’est l’ensemble des acteurs qui est dans la zone grise avec des ratios S/P limites et des portefeuilles qui ne sont pas d’un bon niveau », explique Léopold Larios de Piña. Dans un marché de produits financiers où les taux de rendements bas ne permettent plus aux assureurs de compenser les branches déficitaires, « il n’y a plus de marge d’erreur dans le pricing des risques », ajoute le vice-président de l’Amrae.
Pour ne rien arranger, la sinistralité et les hausses tarifaires s’accompagnent aussi d'une nouvelle baisse des capacités. « Il y a pour les entreprises un double effet négatif avec une hausse des primes et une réduction des parts engagées par les assureurs », ajoute Léopold Larios de Piña. Plus que jamais, la période des renouvellements 2022 qui s’ouvre s’annonce des plus chahutées.
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