Guillaume Danel (MS Amlin) : “Créer sa captive est une démarche structurante“
INTERVIEW - Dans un entretien accordé à News Assurances Pro, Guillaume Danel, directeur développement A.R.T. solutions chez MS Amlin, fait le point sur le marché des captives de réassurance et sur les perspectives de développement de ces véhicules dans les mois à venir.
Quelle est votre vision du marché des captives en cette fin d’année 2022, notamment sur le marché français ?
MS Amlin travaille aujourd’hui avec 32 groupes, dont 11 français, ayant des captives. La majorité de ces dernières sont aujourd’hui agréées au Luxembourg et deux sont enregistrées en France. Nous observons depuis 2021 de la part des groupes tricolores un intérêt grandissant au sujet des captives, notamment les ETI régionales pour lesquelles nous considérons que ce type de véhicule est pertinent pour piloter leurs risques à long terme.
MS Amlin travaille depuis 20 ans sur des solutions captives avec le marché belge. Pourquoi ce dernier est-il plus avancé sur le sujet ?
La maturité du marché belge au sujet des captives s’explique d’abord, car les entreprises de ce pays ont intégré très tôt les captives comme démarche de financement de leurs risques et ensuite par sa proximité avec le Luxembourg. Aujourd’hui, nous travaillons avec plus de la moitié des groupes belges ayant une captive et dont une partie d’ETI. Par exemple, nous travaillons, depuis plus de 10 ans, avec des sociétés qui avaient des CA à 80 ou 250M d’euros au moment de la création de leur captive. Tailles d’entreprise qui correspondent à celles que nous pouvons retrouver sur le marché français.
L’intégration des captives à la française dans le PLF 2023 est-il une bonne nouvelle ?
Cela pourrait accélérer le recours aux captives dans l’Hexagone et beaucoup d’ETI régionales attendent cet outil de financement des risques. L’alignement de planète est intéressant et nous suivons cela de très près.
Comment sensibiliser les ETI au sujet des captives ?
Pour sensibiliser davantage les entreprises aux avantages de ce véhicule, nous nous appuyons sur deux axes : nous formons d’une part nos courtiers partenaires pour qu’ils puissent ensuite accompagner leurs clients dans le pilotage de leurs risques et, in fine, en support de nos courtiers lors de présentation à leur client.
Créer sa captive est une démarche structurante qui demande
une capacité de financement et l’implication des directions générales et des directions financières. Elle implique aussi de travailler avec un captive manager, des avocats spécialisés, pour accompagner directement les entreprises intéressées dans le montage de leur structure. L’AMRAE fournit également feedbacks et informations sur la création de sa captive à travers des échanges avec ses membres ayant déjà une captive.
Quels sont les secteurs d’activité les plus appétants à ce type de véhicules ?
Il n’y a pas de tendances lourdes, mais nous constatons par exemple que les ETI des secteurs bois et déchets sont plus demandeurs. Au-delà des problématiques de financement des risques, certaines entreprises cherchent à financer des niveaux de franchises qui ont fortement augmentés. Depuis deux ans, les captives permettent de structurer des contrats de rachat d’exclusions en RC et des rachats de franchises en dommages ou en cyber par exemple.
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