Hassan el Shabrawishi : "En Afrique, Axa est un multiliner"
INTERVIEW – Hassan el Shabrawishi, directeur général d'Axa Africa Holding fait un point sur les activités du groupe sur le continent africain. Entre ses ambitions en santé et le développement de ses réseaux de distribution, celui qui est également health & strategic development officer pour l’Afrique, revient sur ses partenariats et participations stratégiques sur le continent.
Pouvez-vous nous décrire ce que représentent les activités africaines pour le groupe Axa ?
Axa est le deuxième plus gros assureur sur le continent africain à travers 10 entités qui opèrent dans 9 pays. L’Égypte, le Maroc ou encore l’Algérie sont aujourd’hui nos plus gros marchés en termes d’activités. Nous opérons également en zone CIMA (en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Gabon et au Sénégal) ainsi qu’au Nigéria via Axa Mansard. Enfin, le Liban est également rattaché à l’Afrique au sein du groupe.
Axa s’appuie aujourd’hui sur près de 3.000 collaborateurs en Afrique et a vu son chiffre d’affaires doubler sur le continent depuis 2018 pour s'établir aujourd’hui à 1,1Md de dollars. Notre stratégie de développement dans la région repose aujourd’hui sur quatre piliers : la distribution, les partenariats, les agréments en bancassurance et les grands risques P&C. Sur ce dernier point, en adéquation avec la politique stratégique du groupe, nous souhaitons notamment nous appuyer sur la mise en place de programmes panafricains ou sur de la réassurance facultative avec Axa XL Re par exemple.
Enfin, nous souhaitons poursuivre notre croissance en H&B, que ce soit en retail ou via les lignes commerciales, et développer encore notre modèle "One Health" pour le dupliquer dans d’autres pays (ndlr : voir plus bas).
Les activités africaines du groupe sont depuis peu traitées avec celles de l’Asie, sous la houlette de Gordon Watson. Cela change-t-il votre approche stratégique sur le continent ? Quelles y sont vos priorités aujourd’hui ?
Dans la volonté de réorganisation et de simplification des activités du groupe, l’Asie a été considérée comme un marché à fort potentiel pour Axa et l’Afrique lui a été rattachée pour former la nouvelle région « Asie & Afrique ». Ce nouveau cadre clair nous permet ainsi de combiner nos expertises et nous permet ainsi d’accompagner nos clients asiatiques sur le continent africain. L’idée est de pouvoir y sécuriser leurs investissements, notamment via l’assurance, et de devenir à leur côté un partenaire de long terme.
Votre présence en Afrique vous semble-t-elle suffisante au regard de celle de vos concurrents, étrangers et locaux ?
La question n’est pas le nombre de drapeaux que nous avons planté sur le continent, mais plutôt quel est notre niveau d’implantation dans les pays dans lesquels nous sommes déjà présents. Notre stratégie a déjà porté ses fruits en Égypte et au Nigeria où nous sommes aujourd’hui parmi les leaders en assurance santé. Nous sommes dans d’autres zones dans le top 5 des assureurs dommages et notre objectif est donc de nous concentrer d’abord sur le développement de nos activités dans les pays où nous sommes déjà implantés.
Plusieurs de vos activités se font via des JV ou des prises de participations dans des acteurs africains. Est-ce l’unique moyen de performer sur le continent ?
Depuis que nous opérons en Afrique, notre stratégie gagnante repose d’abord sur nos partenariats. Nous sommes par exemple entrés sur le marché égyptien en greenfield avant de nouer très rapidement un partenariat de distribution avec le bancassureur CIB pour soutenir notre développement. Pour autant, cela ne nous empêche pas d’investir dans des structures liées à l’innovation. C’est ce que nous avons récemment fait en entrant au capital de la société de téléconsultation DabaDoc au Maroc. En fonction des opportunités et des régions, nous restons donc flexibles et attentifs.
Sur quels types de réseaux de distribution vous appuyez-vous ?
En Afrique, Axa est un « multiliner » (multi-lignes de business). Au Maroc, marché sur lequel nous grossissons le plus vite, nous nous reposons sur un réseau d’agents généraux extrêmement dynamique. Nous souhaitons d’ailleurs y accélérer le recrutement de nouveaux candidats pour améliorer encore l’accompagnement de nos clients. Toujours au Maroc, nous sommes par ailleurs en train de travailler à la construction d’offres directes. Autre exemple, celui de l’Algérie où nous développons un réseau d’agents généraux mais aussi d'agents directs, comme cela se fait dans certains pays asiatiques comme les Philippines par exemple. Enfin, nous n’oublions évidemment pas nos partenaires courtiers et bancassureurs qui nous permettent de nous développer dans les autres pays du continent.
Comment tirez-vous profit de votre participation dans Africa Re ? A-t-elle vocation à évoluer dans les prochains mois ?
Africa Re nous donne une vision à 360° de ce qui se passe en Afrique. Elle nous apporte à la fois la compréhension des différents marchés du continent et nous aide également à anticiper quels sont les besoins de chaque pays. De notre côté, nous participons au développement de cette structure en y apportant nos connaissances et nos capacités techniques. Dans l’organisation multilatérale du capital d’Africa Re, il est important de maintenir un bon équilibre entre actionnaires. Notre participation actuelle de 7% nous semble ainsi idéale et n’a pas vocation à évoluer.
La santé est l’un des principaux axes de développement pour les assureurs sur le continent. Dans quelle mesure accompagnez-vous ce mouvement ? Quelles sont vos perspectives de croissance en la matière et dans quels pays ?
Nous avons fait le choix de nous développer en santé via deux approches sur le continent. D’abord, nous avons mis l’accent sur l’"Employee Benefits" avec l’équivalent du paiement au premier euro pour nos assurés, et ce sans délégation de gestion. Ensuite, nous avons développé de nombreux services de santé (conseils bien-être, aide à la perte de poids, chat avec des docteurs, etc), en proposant par exemple dans certains pays la téléconsultation gratuite dès 2016.
Notre initiative « One Health », lancée en Égypte, a par exemple permis de révolutionner l’accès aux soins de nos assurés et de leurs familles. Grace à nos 5 cliniques et centres médicaux dans le pays, nos assurés peuvent ainsi bénéficier des meilleurs soins en ne déboursant rien, alors que le reste à charge moyen du pays est de 75%. Nous jouons donc ici parfaitement notre rôle de partenaire sans être un simple payeur. Nous réfléchissons d’ailleurs à la possibilité de dupliquer cette approche en Algérie dès cette année 2022.
Certains pays africains sont aujourd’hui très en pointe sur les nouvelles technologies, notamment autour du paiement mobile. Pourriez-vous développer de nouvelles offres ou services associés là-bas ?
Axa a été l’un des précurseurs sur les nouvelles technologies appliquées au bien-être et à la santé en Afrique, notamment grâce aux échanges digitaux. Nous sommes par exemple passé de 6.000 téléconsultations en 2020 à près de 120.000 en 2021 sur le continent. Nous avons également permis très tôt le paiement via les téléphones mobiles, notamment au travers de nos différentes applications. Nous travaillons aujourd’hui de manière extrêmement active avec Orange, co-investisseur à nos côtés dans DabaDoc au Maroc.
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