Lutte contre la fraude : Les assureurs renforcent leur collaboration
L’Agence de Lutte contre la Fraude à l’Assurance (Alfa) et Shift Technology lancent un projet de détection de fraude à l’assurance automobile grâce à la technologie artificielle. L’objectif est d’arrêter les fraudes en réseau organisé qui impactent plusieurs sociétés d’assurance.
En France, les assureurs n’ont pas le droit de tenir un registre d’assurés fraudeurs. Pourtant, la collaboration entre les différentes sociétés d’assurance est essentielle pour détecter et stopper la fraude en bande organisée car souvent, les spécialistes de la fraude reproduisent leurs modus operandi auprès de différentes compagnies d’assurance. Les économies à la clé sont également substantielles, par rapport à celles obtenues par chaque assureur de son côté.
L’Alfa, agence créée par la Fédération française de l’assurance, a conclu un partenariat avec Shift Technology afin sur la détection de fraude en réseau organisé qui concerne au moins deux sociétés d’assurance. Le projet se base sur l'intelligence artificielle pour analyser des millions de déclarations de sinistres et identifier des cas de suspicion de fraude. Après une phase test, le projet a obtenu le feu vert de la Cnil. Quatre assureurs participent à cette première phase d'industrialisation : Axa France, Macif, Pacifica et Matmut. Ils représentent 30% du marché de l’assurance automobile. Des travaux sont en cours pour faire dialoguer les systèmes d’information d’autres acteurs du marché. Shift Technology assure que d’autres sociétés d’assurance devraient rejoindre le projet dans les prochains mois.
L'intelligence artificielle au service de la lutte contre la fraude
Il existe plusieurs types de fraudes multi-assureur. Le premier type appelé « fraude multi-souscription », consiste à assurer un véhicule auprès de plusieurs assureurs et à déclarer un même sinistre auprès de différents assureurs. L’assuré se fait ainsi indemniser les dommages plusieurs fois.
Le deuxième type de fraude en bande organisée consiste à déclarer des pertes totales successives auprès de différents assureurs par un réseau de personnes qui partagent la même adresse, le même RIB ou numéro de téléphone. Les algorithmes d’intelligence artificielle permettent d’identifier les liens entre ces assurés et de repérer les déclarations de sinistres similaires auprès de différentes sociétés d’assurance.
Un autre type de fraude très courant nommé « trafic d’épave » consiste à acheter une voiture en mauvais état dans un pays étranger, à l’assurer en France comme si le véhicule était neuf afin de simuler un accident et à obtenir un remboursement du véhicule à neuf.
L’algorithme est en mesure de détecter ce type de suspicions de fraudes complexes et répétées à partir de l’analyse des déclarations de sinistres. Les équipes de Shift font remonter les cas de suspicion de fraude à l’Alfa qui ensuite se rapproche des sociétés d’assurance impliquées dans le cas de suspicion de fraude. L’Alfa jouera également un rôle de coordination de la procédure judiciaire. L’idée est d’éviter des dépenses futures grâce au démantèlement des réseaux.
« Grâce à notre technologie basée sur l’intelligence artificielle, nous sommes en mesure de croiser les données de déclarations de sinistres de différents assureurs et d’établir d’importantes connexions que les assureurs ne seraient pas capables de faire seuls. L'objectif est d’augmenter de façon exponentielle la lutte contre la fraude, ce qui n’était pas possible auparavant », indique Benoît Legros, directeur commercial France de Shift Technology.
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