Malakoff Humanis : Des anciens salariés perdent le sourire
D'anciens salariés d’Humanis dénoncent une forte hausse de cotisation sur leur contrat de complémentaire santé. Ils souhaiteraient pouvoir bénéficier du contrat proposé aux nouveaux retraités du groupe Malakoff Humanis.
Les cordonniers sont-ils toujours les plus mal chaussés ? Ghislaine Koenig veut bien le croire. Cette retraitée de Blois qui a été responsable de communication commerciale d’Humanis pendant 14 ans, de 2002 à 2016, agite actuellement les réseaux sociaux. Sur LinkedIn et Facebook, l’ancienne salariée détourne la nouvelle signature, « on aime vous voir sourire », du groupe de protection sociale. « Il n’en est rien pour ses propres retraités. Le sourire n’est pas pour nous », écrit-elle. Elle s’exprime au nom des 1.030 anciens salariés d’Humanis couverts en santé par un contrat de 2018 et qui protège 1.600 personnes. Dans ce groupe d’irréductibles, un ancien directeur a également écrit au délégué général du CTIP et à l’ACPR.
Contactée par News Assurances Pro, Ghislaine Koenig assure que « l’ancienne direction d’Humanis s’était engagée à accepter que tous les anciens retraités issus de différentes fusions antérieures puissent bénéficier d’une couverture santé identique à celle des salariés actifs ». Ghislaine Koenig est partie à la retraite en 2016, mais elle a pu déjà en 2018 changer de contrat et basculer vers celui proposé aux nouveaux retraités.
La mise en place du statut commun au sein de Malakoff Humanis a changé la donne pour les actifs comme pour les anciens des deux maisons. Depuis janvier 2020, tous les salariés de Malakoff Humanis ont un nouveau contrat, avec des nouvelles garanties, assuré par l'institution de prévoyance.
Les anciens salariés d’Humanis ont reçu un courrier en décembre pour leur annoncer des hausses de cotisation de 15%. « Pour mon conjoint et moi, la cotisation mensuelle passait de 232,48 euros à 267,35 euros par mois », dénonce Ghislaine Koenig. Le déséquilibre technique du contrat serait à l’origine de 8% de la hausse tandis que 7% correspondrait aux taxes du contrat, devenu non responsable, selon des propos du groupe de protection sociale rapportés par Ghislaine Koenig.
Après avoir reçu des dizaines de courriers d’anciens salariés mécontents, le groupe de protection sociale a accepté de mettre en conformité le contrat pour qu’il reste responsable et donc de limiter la hausse de cotisation à 8%. « Cette augmentation était nécessaire pour équilibrer le contrat qui est aujourd'hui déficitaire », selon Malakoff Humanis. « Cela reste cependant une grosse augmentation, alors que les garanties ont baissé pour rendre le contrat responsable », proteste Ghislaine Koenig.
Les effets pervers du contrat fermé
Cette solution ne satisfait pas le groupe d'anciens salariés qui voudraient pouvoir bénéficier du nouveau contrat négocié pour le personnel de Malakoff Humanis, au même titre que les nouveaux retraités. « Nous refusons de rester dans un groupe fermé d’anciens salariés, car cela conduira inévitablement au vieillissement de la population couverte, à une aggravation de la sinistralité, à des hausses de plus en plus importantes de cotisation. C’est une façon de pousser les assurés vers la sortie. Cela remet en cause le principe de garantie viagère. En plus, en restant dans un contrat figé, les garanties seront de plus en plus obsolètes », explique-t-elle, en bonne connaisseuse.
Au-delà de son cas individuel, cette ancienne salariée dénonce une situation que subissent beaucoup de retraités : "Une fois qu'ils sont partis de l'entreprise, les anciens salariés sont laissés dans la nature, avec des hausses de cotisation insurmontables qui poussent les assurés vers la sortie. La loi Évin doit les protéger viagèrement mais rien n'est prévu en cas de changement de contrat", s'insurge-t-elle.
Le groupe de protection sociale refuse de mélanger les nouveaux avec les anciens retraités. « Il n’est pas d’usage chez Malakoff Médéric d’accéder à ce type de demande », a répondu le groupe. En effet, « les anciens de Malakoff Médéric sont toujours restés dans des groupes fermés. Comme ils sont les absorbants dans la fusion avec Humanis, leur modèle s’est imposé au nôtre », regrette Ghislaine Koenig, pour qui les organisations syndicales n’ont rien pu faire. « Malakoff Humanis a choisi d’endosser le rôle d’assureur au lieu de celui d’ancien employeur », accuse-t-elle.
Le groupe propose actuellement trois solutions aux anciens salariés d'Humanis : résilier leur contrat jusqu’au 31 mars 2020, rester dans le contrat de 2018, dont la cotisation augmentera de 8%, ou bien souscrire à une nouvelle offre individuelle, avec des garanties au ticket modérateur et une tarification par tranche d’âge.
Les anciens salariés souhaitent une solution pérenne, font du bruit sur les réseaux sociaux, envisagent de faire une pétition et d’aller manifester au siège social du groupe de protection sociale. En 2018, la création du statut commun chez Covéa avait également fait réagir un groupe d'anciens salariés de MMA.
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