Malakoff Humanis : "La situation ne nous paraît plus acceptable"

vendredi 2 septembre 2022
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INTERVIEW - Christophe Scherrer, directeur général délégué de Malakoff Humanis, évoque des équilibres économiques dégradés pour expliquer la décision du groupe de sortir de certains régimes de branche.

Malakoff Humanis a résilié le contrat santé et/ou prévoyance de plusieurs branches professionnelles (CCN 66, enseignement privé sous contrat, aide à domicile et casinos) dans lesquelles vous étiez retenus. Quelles sont les raisons de cette décision ?

Pour garantir la pérennité d’un régime, nous devons veiller à maintenir l’équilibre technique - le rapport sinistres à primes des contrats - et plus largement l’équilibre économique. Depuis la fin des clauses de désignation, les assureurs doivent assumer de nouvelles charges telles que les coûts de distribution, de rétention, de gestion, de promotion des dispositifs de solidarité et des services. Les chargements actuels ne permettent pas de financer ces missions. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de réévaluer les niveaux de chargement.

Quel serait-il selon vous le taux de chargement nécessaire ?

Les taux de chargements varient d’une branche à l’autre. Dans certains cas, ils sont déjà à la cible. Dans d’autre cas, ils devraient être sensiblement revus à la hausse.

Les branches que vous avez résiliées étaient-elles déficitaires ?

Sur ces branches, l’équilibre technique et/ou économique était fragile. Les assureurs concernés ont accepté cette situation pendant un certain temps. Aujourd’hui, la situation ne nous paraît plus acceptable car le déséquilibre est financé par les autres entreprises, et notamment les petites. La mutualisation ne peut pas se faire entre l’interprofessionnel d’un côté et les branches de l’autre.

Avez-vous essayé de négocier avec les partenaires de branche ? Y a-t-il eu un dialogue ?

Nous avons attiré l’attention des partenaires sociaux sur ces déséquilibres. Un aboutissement positif des discussions à brève échéance ne nous ayant pas paru réaliste, nous avons fait le choix de procéder à ces résiliations.

S’agit-il des branches où vous avez une position minoritaire en tant qu’organisme recommandé ?

Hormis la branche des casinos, nous avions une position minoritaire en tant qu’organisme retenu.

Allez-vous continuer à couvrir les entreprises de ces branches en dehors de la recommandation ?

Sur ces branches, nous étions co-assureurs. Les entreprises concernées conserveront le choix de leur opérateur. Nous ne ferons pas d’offre concurrente à l’accord de branche.

De quel volume de primes parle-t-on ?

L’impact sur notre chiffre d’affaires s’élève à près de 40 millions d’euros.

Vous parlez de déficit. Quel est le montant du déficit accumulé par ces branches ?

Nous ne communiquons pas ces chiffres.

Êtes-vous donc dans une logique de rentabilité plutôt que de croissance ?

Nous cherchons un équilibre entre les deux. Nous pouvons accepter d’avoir des régimes déficitaires sous réserve que les partenaires sociaux s’engagent sur un plan de redressement à court terme afin de rétablir au plus vite les équilibres économiques des régimes pour en assurer la pérennité. Malakoff Humanis reste leader avec un portefeuille de 160 branches. Nous n’avons pas l’intention de nous retirer de ce marché car nous croyons aux vertus de la mutualisation via les branches.

Pensez-vous que vos concurrents vont vous suivre et se retirer des régimes de branche le plus déficitaires ?

Nous sommes le premier acteur sur le marché des branches. Nous avons pris une décision responsable et il n’est pas exclu que d’autres acteurs adoptent la même démarche.

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