Mediator / Xavier Bertrand : La réforme de la pharmacovigilance centrée sur le déremboursement
Le ministre de la Santé a présenté jeudi une « réforme d’ampleur » de la pharmacopée en France, qui passera essentiellement par le déremboursement des médicaments. Une révolution qui n’en est pourtant pas vraiment une.
Conséquence de l’affaire du Mediator, les armoires à pharmacie françaises ont été passées au crible. Alors que l’Assemblée nationale, qui avait déjà planché sur le Mediator en janvier, présentait mardi un rapport sur la pharmacovigilance en France, c’est au tour de Xavier Bertrand d’intervenir sur le sujet. Objectif, éviter de faire revivre à la France un nouveau drame médicamenteux, alors que le gouvernement est empêtré dans un mécanisme d’indemnisation des victimes qui est loin de faire l’unanimité.
Le constat de départ n’est pas vraiment inédit. Les Français sont, on le sait depuis longtemps, les plus gros consommateurs d’Europe : « Nous consommons trop de médicaments », a estimé le ministre de la Santé, « il y a trop de molécules sur le marché ». Ce ne sont donc pas moins de 12.000 produits pharmaceutiques dont les risques vont être contrôlés « en commençant par les plus anciens ».
En outre, les nouveaux médicaments vont devoir faire la preuve de leur efficacité en comparaison avec le traitement déjà sur le marché. Les autorisations de mise sur le marché émanant de l’Europe, la France ne pourra intervenir qu’au niveau de la couverture médicale : « Pour être remboursé, le produit devra démontrer qu’il est au moins aussi bon que ce qui est déjà sur le marché » a estimé M. Bertrand. Un mécanisme supposé être déjà en place, pourtant, et qui est bien au centre des attentions dans l’affaire du Mediator. A ce niveau-là, il semble donc légitime de s’interroger sur le terme de « réforme ».
Le déremboursement en soutien de la suppression du conflit d’intérêt
L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), montrée du doigt dans l’affaire du médicament Servier, devient l’Agence nationale de de sécurité du médicament (ANSM). Elle devrait disposer d’un département de pharmaco-épidémiologie lui permettant d’avoir accès aux données de l’Assurance maladie et donc lui permettant d’enquêter sur les produits de santé, de façon indépendante.
Et c’est là que se trouve la véritable révolution : Xavier Bertrand s’attaque au problème du conflit d’intérêt dans le corps médical. Les experts seront obligés de les déclarer publiquement. Les liens entre laboratoires et médecins sera beaucoup plus encadré à l’avenir et les visites médicales, à terme, largement réduites. En effet, si l'Igas réclamait la suppression pure et simple des missionnés d'un laboratoire auprès des médecins, le ministre de la Santé a tranché en interdisant au moins la visite médicale avec un seul médecin. Par ailleurs, les laboratoires ne pourront plus non plus financer d’activité pour les étudiants. Une taxe sur l’industrie pharmaceutique sera également créer, pour financer le « développement médical continu ».
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