Nicolas Boudinet (Maif) : "Nous travaillons à un nouveau plan stratégique à 4 ans"
Alors que la Maif travaille à son futur plan stratégique 2023-2026, Nicolas Boudinet, directeur général délégué, fait le point sur les perspectives de développement de la mutuelle d’assurance et les enjeux auxquels elle s’apprête à faire face.
Au sortir d’un exercice exceptionnellement bon, la Maif va boucler fin 2022 son plan stratégique en avance sur ses objectifs. « Nous travaillons actuellement à nouveau un plan stratégique qui sera un plan à 4 ans, annoncé début 2023 », a expliqué Nicolas Boudinet, à l’occasion d’un déjeuner avec la presse.
L’occasion pour le directeur général délégué d’esquisser les contours des principaux enjeux qui attendent la mutuelle d’assurance. « Aujourd’hui les choses vont très vite, notamment en dommages du particulier. Nous anticipons trois grandes phases. Une première à 5 ans où nous pensons que nous allons continuer à nous disputer des parts de marché avec nos amis banquiers. Une deuxième à horizon 10 ans où nous verrons des transformations plus radicales et une phase plus lointaine avec une réelle transformation du modèle, sur la mobilité notamment. Dans ce contexte, nous pensons qu’il y a un marché du BtoC où la Maif peut continuer à exister », explique Nicolas Boudinet.
En auto, où la mutuelle d’assurance est un acteur du marché historiquement important, la Maif constate une atonie du marché, notamment en ce début d’exercice 2022, lié notamment aux atermoiements des ventes de véhicules neufs et des problématiques d’approvisionnement de pièces de remplacement pour le marché de l’occasion. « La croissance annuelle de notre sociétariat a toujours été ''drivée'' par l’automobile, fait ensuite remarquer Nicolas Boudinet. En 2021, nous avons constaté un fléchissement de l’auto alors que la MRH est restée stable ».
Toutes les options possibles
6 mois à peine après la mise en place opérationnelle de son rapprochement avec la Smacl, Maif ne veut rien s’interdire, notamment lorsqu’il est question de diversification.
« Toutes les options sont possibles. Comme Smacl, nous ne nous interdisons pas des acquisitions pour permettre le rééquilibrage de nos activités, avec la question de savoir si nous souhaitons être producteur ou distributeur, indique ensuite le DGD. Au sujet de la PSC des fonctionnaires, les enseignants - qui représentent encore 30% du portefeuille - restent un sujet cœur pour Maif. Néanmoins, compte tenu de leurs valeurs et de leurs revenus, ce sont des publics qui nous intéressent ».
Si le mutualiste ne s’interdit pas de pouvoir accueillir d’autre acteurs, le dirigeant tempère au sujet d’éventuels autres rapprochements. « Nous regardons tous les schémas mutualistes avec le recul et l’expérience de l’aventure Sferen. Au-delà du temps nécessaire à ce type d’opération, l’équilibre des gouvernances est également un élément important à regarder ».
Apporteur en dommages du groupe Vyv, notamment via sa filiale Altima, la Maif ne semble pas vouloir en faire davantage. « L’enjeu est de savoir comment l’on utilise la marque Maif et pour l’heure les choix et les moyens sont limités. Renforcer nos accords avec Vyv est une option pour demain mais aujourd’hui notre priorité est la vente directe via les étagères de la Maif ».
Exposition Cat Nat
Concentrant cette fois ses offres, le groupe Niortais veux pousser les feux en assurance emprunteur. Maif, qui s’apprête à lancer un nouveau produit dédié, enregistre entre 10 et 12.000 contrats/an et voit en ce marché avec la récente mise place de la résiliation infra-annuelle « un fort potentiel de développement, même si nous allons continuer à avoir du mal à lutter contre les banquiers ».
Fort d’un environnement de taux favorable, le mutualiste a également des velléités de développement en assurance-vie. « L’option d’accélérer via de la croissance externe existe sur tous les segments, y compris en assurance vie », répète alors Nicolas Boudinet.
Et le dirigeant d’alerter sur les difficultés à venir autour des couvertures Cat et du désengagement de nombreux porteurs de risques dans certaines zones très exposées (Dom Tom, Sud Ouest, etc). « Si nous restons seuls à couvrir les assurés de ces zones, il y a un sujet de mutualisation et de discussions à avoir avec les pouvoirs publics. C’est un gros sujet de préoccupation et chaque assureur doit jouer le jeu pour éviter de tomber dans l’anti-sélection et que nous soyons obligés chaque année de justifier nos hausses tarifaires », conclut Nicolas Boudinet.
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