INTERVIEW - Olivier Ruthardt, DGA sur le périmètre des ressources humaines, des environnements du travail, de l’organisation, de l’expérience collaborateur, et de la maîtrise des risques de Malakoff Humanis, partage sa vision sur l’avenir du travail. Il pense que la semaine de 4 jours pourrait s’expérimenter pour les salariés qui ne sont pas actuellement éligibles au télétravail.
Pouvez-vous nous présenter le projet de réaménagement de votre siège social à Laffite ?
Le siège social de Malakoff Humanis est un bâtiment qui a bien vécu. Il a été construit dans les années 1970 et avait besoin d’une rénovation. Nous allons profiter des travaux pour le mettre à jour selon les dernières normes de haute qualité environnementale tenant compte de notre politique RSE. Nous avons besoin par ailleurs d’avoir un siège ouvert au monde, en capacité d’accueillir autant nos collègues, nos élus, que nos clients. C’est un lieu important pour le groupe. Nous espérons pouvoir emménager courant 2025.
Allez-vous en profiter pour repenser les espaces de travail ?
Nous avons conçu les nouveaux espaces de travail (NET) au regard tant des nouvelles attentes et des nouveaux modes relationnels, que de la fréquentation des sites, dans un contexte de généralisation du télétravail. Les bureaux ont vocation à être plus lumineux, doivent favoriser le travail collectif et le bien-être de nos collègues. Jusqu’à maintenant environ 1.000 personnes étaient basées sur ce site. Grâce aux travaux et au déploiement des nouveaux espaces de travail, c’est près de 1.900 collègues qui pourraient y travailler. Au-delà, et progressivement sur l’ensemble de nos implantations, nous souhaitons que les collègues qui viennent sur nos sites vivent une expérience remarquable liée tant à la qualité des espaces de travail, que par des aménagements et/ou des services qui favorisent un cadre de vie épanouissant et qui prennent en compte les nouveaux usages. Le télétravail a changé indéniablement la relation au travail et à ses espaces. La qualité des espaces de travail, la maîtrise des ambiances sonores, de la luminosité, la restauration, les matériaux (tout en optimisant le réemploi et le recyclable), doivent systématiquement guider nos démarches.
Allez-vous réduire votre surface immobilière ?
Nous allons optimiser les espaces en visant les surfaces dont nous avons vraiment besoin. Cela passe-t-il par des optimisations, des réductions ou des densifications ? En fonction des lieux, et au regard de la qualité des réaménagements évoqués, cela est envisageable. Pour l’heure, nous nous sommes concentrés sur les projets de déménagements.
Êtes-vous satisfait du taux d’occupation de vos espaces de travail aujourd’hui ?
Plus de 80% des collaborateurs de Malakoff Humanis ont signé un avenant qui prévoit de 1 à 2 jours de télétravail. Concernant le déménagement de notre site Laffitte, nous avons mis en place un accord d’accompagnement qui prévoit un jour de télétravail supplémentaire par semaine pour environ 300 collaborateurs qui habitent plus loin. Nous avons constaté que certains collaborateurs actionnent ce droit mais tous ne l’exercent pas. Plus globalement, le taux de présence sur nos grands sites est, sauf évènement exceptionnel, inférieur à 70%. Le jour le plus fréquenté est le mardi, en revanche les lundis et vendredis, la fréquentation peut descendre parfois à une moyenne de 15%. Lisser la présence sur site sur l’ensemble des jours de la semaine est clairement un axe de progrès. Pour ce faire, nous devons générer de l’envie afin de mobiliser et motiver nos collègues autour de projets communs. A titre d'illustration, nous avons construit une charte avec les managers sur les bonnes pratiques en matière télétravail ; plus loin, il nous faudra anticiper au mieux les nouvelles tendances collaboratives.
Comment allez-vous faire évoluer votre accord télétravail ?
Nous sommes en cours de renégociation de notre accord télétravail qui arrive à échéance fin décembre 2023. Le futur dispositif de l’accord est en cours de négociation, mais je peux d’ores et déjà vous confirmer que la « franchise » de 6 mois pendant laquelle nos nouveaux collègues n’avaient pas accès au télétravail sera supprimée. Nous réfléchissons également à donner quelques jours de télétravail aux alternant(e)s. Demain, nous allons probablement raisonner en nombre de jours de présence sur site plutôt qu’en nombre de jours de télétravail. Nous avons besoin de conjuguer les besoins individuels et la nécessité collective d’avoir des échanges et/ou des moments où la qualité relationnelle s’exprime mieux en présentiel. Nous devons ainsi collectivement aborder, voire parfois repenser, les modalités d’exercice du travail au regard de la QVCT.
Pensez-vous que l’organisation actuelle va se stabiliser ?
Je me méfie des effets de balancier liés à la période post crise covid. Nous verrons encore les organisations évoluer. C’est le moment de mener des expérimentations, mais il est encore difficile de généraliser car nous ne sommes « pas tous faits du même bois ». Comment appréhender le cas des personnes vulnérables ? Que proposer aux collègues dont le métier est peu ou pas compatible avec le télétravail ?
Quel type d’organisation avez-vous expérimenté ?
Nous avons expérimenté un mode de télétravail piloté plus finement pour les services liés à la gestion des sites et des flux documentaires qui n’y étaient originellement pas éligibles. Les collègues peuvent désormais avoir accès à un jour de télétravail, sur la plupart des semaines de l’année. Après concertation, le manager coordonne avec l’équipe les jours de travail pour être en mesure de rendre les services attendus sur le site. Parfois sur des périodes précises, en fonction des pics d’activités, des périodes de congés… il n’est pas possible de télétravailler. C’est un dispositif qui vit et qui s’adapte aux contraintes des métiers et aux aspirations de nos collègues.
Êtes-vous favorable à la semaine de quatre jours ?
Nous avons posé l’idée avec les partenaires sociaux pour les collègues qui ne sont pas éligibles au télétravail. Nous en sommes encore au début de la réflexion. Nous devons encore en préciser les conditions d’éligibilité, les indicateurs de suivi, en matière de performances, de qualités, de RSE, de satisfactions… Demain, nous aurons probablement plusieurs modalités d’interactions.
Comment anticipez-vous l’entrée en vigueur de la réforme des retraites et notamment la fin de carrière des salariés seniors ?
Nous avons déjà mis en place un dispositif de retraite progressive qui fait suite à un accord collectif de 2021 signé par la CFDT, FO et la CFE-CGC et renouvelé depuis. Depuis octobre 2021, 137 collaborateurs bénéficient du dispositif, soit 41% des personnes éligibles. Ils restent salariés de l’entreprise jusqu’à leur âge légal de départ en retraite. Pendant leur temps de travail (à 40%), ils sont dispensés d’activité et peuvent faire du mécénat de compétences. S’il fallait à l’origine 150 trimestres et 60 ans pour en bénéficier, la réforme des retraites va nécessiter que nous ajustions ce dispositif par la voie de la négociation collective.
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