Pascal Demurger : "Le redressement de Smacl produira ses effets en 2024"
Invité de l'Association nationale des journalistes de l'assurance (Anja), Pascal Demurger, directeur général de Maif, dresse un premier bilan de l'activité du groupe en 2023. L'occasion pour le dirigeant de revenir également sur le redressement de Smacl.
Alors que Maif aborde son 90e anniversaire en 2024, elle sort d'un exercice 2023 « canon en termes de développement, lance Pascal Demurger, directeur général de la mutuelle d'assurance. Sur le seul périmètre Maif nous avons accueilli 80.000 sociétaires en plus. C'est mieux que le record de 2022 qui était déjà meilleur que le record de 2021 ». Toutes entités confondues, le portefeuille devrait grossir de plus de 100.000 nouveaux assurés en net.
Malgré cette croissance du sociétariat, « les résultats économiques seront en demi-teinte, pointe Pascal Demurger. D'ailleurs je n'imagine pas un assureur de particuliers sortir un bon résultat en 2023 ». Plusieurs éléments expliquent ce recul à venir. En 2022, les réassureurs prenaient de l'ordre de 50% de la facture des sinistres climatiques. Un an plus tard, les conditions se sont nettement durcies. « Ils ne prennent quasiment rien », souligne le directeur général. Résultats, la charge de sinistre nette de réassurance « est la plus élevée depuis les deux tempêtes de 1999 », affirme le dirigeant.
Un train de mesure pour redresser Smacl
Le coût des émeutes de la fin du mois de juin dernier pèse également sur les comptes. « Il représente 100M d'euros pour tout le groupe », détaille l'ancien vice-président de la FFA. Soit près de 14% des 730M à la charge du secteur. Évidemment, le plus gros de la facture échoit à Smacl, spécialisée dans les collectivités locales. « C'est environ deux tiers des 100M », rappelle Pascal Demurger.
Un événement de nature à retarder le redressement de la mutuelle d'assurance passé sous le giron de Maif en 2022. Après une première recapitalisation en 2022, Maif mettait à nouveau la main au pot en 2023 avec une nouvelle augmentation de capital de 65M d'euros. « Soit le montant exact du coût des émeutes. Nous avons toujours dit que nous serons là pour couvrir les évènements exceptionnels, relève le directeur général de Maif. Mais le reste est entre les mains de Smacl ».
Cette dernière opère d'ailleurs un profond redressement. Résiliations, abandon de portefeuilles, nettoyage dans les contrats, revue de la réassurance et des frais généraux ou encore hausse significative de tarifs forment le cortège de mesures prises pour renouer avec la rentabilité. « Elles produiront leurs effets en 2024, affirme Pascal Demurger. Nous aurons mis deux ans pour remettre Smacl sur les rails ». Et si aucun PSE n'est envisagé, le nombre de collaborateurs de Smacl va progressivement diminuer. « Le rapprochement doit aussi créer des synergies avec Maif, précise le dirigeant. Des synergies sur les postes en réassurance, mais aussi sur les systèmes d'information dont la fusion est à venir ».
Revoir le modèle en MRH
Des synergies, le groupe niortais aimerait également en créer avec le secteur sur le risque climatique. Avec la montée des risques climatiques, Pascal Demurger voit poindre des « risques d'exclusion de l'assurance ou des risques de retrait de certains assureurs dans les zones dites noires ». Il porte dès lors un projet pour garantir la mutualisation des risques en MRH. « Nous devons imaginer un nouveau dispositif », plaide-t-il.
Il pourrait par exemple prendre la forme d'un pool de coassurance sur les zones noires. Les assureurs partageraient leurs données et contribueraient à hauteur de leur part de marché. « Je suis prêt à ouvrir toutes les données de la Maif », lance le dirigeant. Mais au sein de la fédération, les familles peinent à s'accorder. Si les mutualistes semblent enclins à soutenir le dispositif, d'autres se montrent plus réticents. Reste que faute de consensus, les pouvoirs publics pourraient prendre la main si d'aventure des propositions du rapport Langreney rejoignaient celles de la Maif.
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