[ INTERVIEW ] - Quelques jours après l'annonce d'une structuration de sa gouvernance, Pierre Donnersberg, président du directoire de Siaci Saint Honoré, détaille ces changements internes et explique à News Assurances Pro comment il prépare les prochaines grandes étapes de son groupe.

Vous venez d'annoncer une réorganisation de votre gouvernance, pourquoi ?

En cinq ans, Siaci Saint Honoré a doublé ses effectifs, triplé le nombre de ses structures juridiques et quadruplé le nombre de pays d’implantation. Dans le même temps, notre chiffre d’affaires a augmenté de 85%.

Nous n'avons pas toujours pris le temps d'accompagner cette transformation fulgurante et nous devons aujourd'hui structurer davantage notre organisation pour permettre à cette croissance de se poursuivre au même rythme. Notre ambition est très claire : "devenir un acteur mondial reconnu, cohérent, davantage intégré, avec une marque forte, capable de rivaliser avec nos concurrents, essentiellement américains". La réorganisation de notre gouvernance répond à cette ambition.

Pouvez-vous nous détailler quels seront les changements ?

J'ai décidé d’organiser la gouvernance du groupe autour de quatre axes. Le premier concerne la stratégie et la croissance externe, pour lequel je suis accompagné de Hervé Houdard, vice-président du directoire et directeur général, de Jean-Marie Le Guen, mon conseiller, et de Frédéric Salas, mon chef de cabinet.

Le deuxième axe est le pilotage des métiers par chaque directeur "métier" dont la priorité est la croissance organique. Thierry Vachier est en charge du pôle protection sociale et conseil France & International qui connait une croissance constante. Il est épaulé sur l'activité conseil en plein développement par Myriam El Khomri, Bruno Mettling et Bertrand Martinot.

Frédéric van Roekeghem dirige MSH International et Pierrick Leprince développe Swiss Risk & Care. Nous accueillerons dans les prochaines semaines un nouveau manager pour impulser une dynamique de croissance au sein de la direction des risques et assurances d'entreprises (DRAE) en remplacement de Stanislas Chapron.

Dans le cadre de cette nouvelle organisation, les directeurs "métier" pilotent leur stratégie en cohérence avec l'ambition du groupe, tout en renforçant la transversalité et la coopération inter-métiers au sein des équipes. C’est essentiel pour maximiser le développement de notre croissance, ainsi que la rentabilité de nos opérations.

Le troisième axe est relatif aux fonctions corporate : nous créons une direction financière et juridique aux prérogatives élargies qui supervisera les négociations financières et juridiques de toutes nos acquisitions, les partenariats à venir, les relations avec nos actionnaires et nos banques notamment. Son responsable nous rejoindra prochainement.

Nous créons également une direction du développement des organisations et de l’intégration groupe. Sa fonction consistera à structurer et à fédérer notre organisation à l'échelle mondiale, nos règles de gouvernance, nos process opérationnels et administratifs ainsi que nos infrastructures géographiques. Xavier Corman, directeur général adjoint, en prendra la tête ; Stéphanie Martin, directrice des marchés, de la stratégie et de la coordination commerciale et Naguib Boudjellal, directeur de la communication corporate, lui reporteront. La direction de l’environnement de travail, la direction des risques et de la conformité ainsi que la direction de l’intégration lui restent rattachées.

Nous profitons de cette réorganisation pour favoriser la montée en puissance de la DRH à l’échelle internationale sous la responsabilité de Serge Pinaud et pour développer la DSI en créant une direction des systèmes d’information et de la digitalisation groupe conduite par Yves Buey.

Vous créez également des comités transverses. De quoi s'agit-il ?

En effet, à travers un quatrième axe, nous créons un comité de coordination internationale composé des directeurs "métier" et de pays/filiales, en vue d’accompagner la structuration au niveau mondial et de les associer au pilotage des opérations ainsi qu’à la conduite des actions commerciales.

En parallèle, Frédéric Van Roekeghem poursuit son action à travers un comité nommé "Olympe" dont le but est de réfléchir à l'amélioration des synergies financières du groupe et à sa rentabilité. Nous mettons en place également un comité d'innovation technologique, piloté de concert par Thierry Vachier et Yves Buey, permettant d’anticiper les évolutions techniques nouvelles. Enfin, un comité d'investissement, placé sous mon autorité, sera en charge d’étudier et d’approuver nos investissements, en particulier informatiques.

Par ailleurs, une Université Siaci Saint Honoré, pilotée par Pierrick Leprince en coordination avec la DRH groupe, veillera à la transmission des savoirs et au développement des talents à l’échelle internationale.

L’objet de cette nouvelle gouvernance est d’optimiser notre fonctionnement et de rationaliser nos structures, tout en veillant à préserver les diversités qui font notre richesse. Nous recherchons en permanence le subtil équilibre entre une stratégie de groupe davantage intégré et l’autonomie des entrepreneurs qui le composent.

Cette structuration vous prépare-t-elle à une étape plus importante ?

L'objectif est désormais d'atteindre, voire de dépasser le milliard d'euros de chiffre d'affaires, ce qui nous placerait dans le Top10 des courtiers mondiaux. Je ne sais pas à quel horizon nous pourrons atteindre cette étape, mais nous poursuivons les négociations avec plusieurs acteurs, pour réaliser des acquisitions ou des associations d'ampleur. Nos actionnaires dont Charterhouse Capital Partners, le premier d’entre eux, sont prêts à nous accompagner dans cette voie.

Justement, quelles sont aujourd'hui vos cibles géographiques ?

Nous cherchons à réaliser notre prochaine acquisition sur le marché chinois en risques industriels, où nous sommes déjà premier courtier santé via MSH. Notre développement en Afrique se poursuit et nous pourrions ainsi répondre aux demandes de nos clients chinois, gros investisseurs sur ce continent. Pour conclure, notre stratégie se concentre sur quatre zones géographiques, l’Europe, l’Asie, l'Afrique et le Moyen-Orient.