PLF/PLFSS : Le secteur de l’assurance retient son souffle
L’incertitude sur les PLF et PLFSS 2025 crée des craintes dans le secteur de l’assurance. Certains imaginent qu’ils n'échapperont pas à de nouvelles contributions.
À quelle sauce vont être mangés les assureurs ? Bien peu d’informations filtrent sur les mesures qui seront contenues dans les budgets 2025 de l’État et de la Sécurité sociale. « À ce stade nous n’avons aucune visibilité que ce soit sur le PLF ou le PFSS, affirmait Florence Lustman, présidente de France Assureurs, à notre micro. Mais nous avons des craintes comme toutes les entreprises. Et nous en parlons au Medef, car compte tenu de notre déficit budgétaire, certaines tentations pourraient être assez fortes ».
Face à un État exsangue, le secteur s’attend effectivement à être mis à contribution dans les différents budgets qui seront étudiés au Parlement. « Nous aurons à cœur d’expliquer tous les effets délétères des mesures un peu magiques que seraient une augmentation de la taxation ou de nouveaux transferts depuis l’Assurance maladie obligatoire vers l’assurance complémentaire », poursuit Florence Lustman.
L’argument du pouvoir d’achat
Pour certains, la messe est dite. « Je ne vois pas comment nous y couperions, confesse un dirigeant. Nous ne sommes pas contre un nouvel équilibre des dépenses entre AMO et AMC. Mais ce sont des choses qui se planifient ». Et ce d’autant plus que le secteur fait valoir des tensions sur la rentabilité technique pour le segment de la complémentaire santé.
Dès lors, le secteur met en avant l’argument du pouvoir d’achat. Les nouveaux transferts ou des hausses de taxes se traduiraient immédiatement sur les niveaux des cotisations. Or, sur certains segments, l’addition promet déjà d’être salée avant même les discussions sur les projets de loi. Et tout particulièrement en MRH puisque la hausse de la surprime d’assurance de 8 points devrait tirer les tarifs vers le haut au 1er janvier prochain. Certains évoquent même des augmentations à deux chiffres sur un marché également marqué par les catastrophes naturelles. Rappelons que selon l’Insee, les prix en assurance habitation croissaient déjà fortement entre juillet 2023 et juillet dernier (+8%).
Haro sur la flat tax
Parmi les autres dispositions dans le viseur du gouvernement, la flat tax figurerait en bonne position. Instauré en 2018, ce prélèvement forfaitaire unique de 30% (17,2% de prélèvement sociaux et 12,8% d’impôts sur le revenu) s’applique aux revenus tirés de l’épargne comme les intérêts provenant de l’assurance vie lors de rachats.
« Augmenter le taux de la flat tax, c’est une simple ligne dans le PLF et cela peut rapporter gros », relève un dirigeant du secteur de l’assurance. Le PFU à 30% fait rentrer environ 17Mds d’euros dans les caisses de l’État, selon le Cercle de l'Épargne. L’augmenter de 2 ou 3 points générerait, sur le papier, de l’ordre de 2Mds d’euros. « Et ce serait relativement indolore pour les épargnants. Du moins en 2025, poursuit le dirigeant. Au-delà, les épargnants pourraient arbitrer vers des placements hors champ du PFU ». Et donc avoir une incidence sur le financement de l’économie.
Quoi qu’il en soit, le timing serré n’est pas de nature à rassurer le secteur. « Comme tout ceci va aller très vite, nous pouvons craindre des mesures à l’emporte-pièce », conclut Florence Lustman. Le lobbying promet, lui aussi, d’être complexe, avec une assemblée largement renouvelée et atomisée entre une myriade de groupes parlementaires.
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