Prévention : Malo à la conquête des organismes complémentaires
L’application Malo permet aux organismes complémentaires de véhiculer des messages personnalisés de prévention primaire auprès de leurs assurés.
Malo est une application de prévention primaire référencée dans Mon espace santé. Ses algorithmes ont été validés par des centres hospitaliers universitaires et ses données sont hébergées en France. Son objectif est de « faire gagner 10 ans de vie en bonne santé » grâce à la détection précoce de risques de santé.
Derrière cette start-up, il y a des anciens de l’assurance. Sa co-fondatrice et directrice générale Madhu Desbois, médecin spécialiste, a travaillé en 2010 chez Malakoff Médéric, puis en 2013 a co-fondé Mes Docteurs, société de téléconsultation. Son directeur général adjoint, Abdelmalek Belaroussi, est un spécialiste de l’assurance collective. Il a occupé des fonctions commerciales chez Klesia, Harmonie Mutuelle, La Mutuelle Générale et GFP Gestion, devenu Noveocare.
Malo propose des questionnaires de santé personnalisés, qui permettent d’alerter la personne lorsque les premiers signaux faibles de maladie se manifestent. L’appli propose ensuite un accompagnement et oriente l’utilisateur vers le bon professionnel de santé afin d’éviter des retards de diagnostic.
« Dans le contexte actuel d’équilibres techniques tendus et d’augmentation de l’absentéisme, Malo est le partenaire incontournable des assureurs pour agir sur la sinistralité », signale Abdelmalek Belaroussi, DGA de Malo.
100.000 utilisateurs
L’application recense aujourd’hui 100.000 utilisateurs, dont 64% sont des parents qui suivent leur santé et celle de leurs enfants. Malo questionne les parents une fois par mois selon le principe de l’auto-évaluation à la fois sur leur santé et celle de leurs enfants. L’analyse est basée sur l’observance des parents et permet de repérer des signes de troubles dys chez l’enfant ou de surmenage chez l’adulte.
L’application permet aussi d’éviter l’errance de diagnostic et d’agir sur la santé mentale ou physique grâce à des programmes de coaching autour de thématiques bien précises comme le sommeil ou la conciliation entre la vie professionnelle et personnelle. Malo va jusqu’à l’orientation médicale, grâce à son annuaire de professionnels de santé. Les organismes complémentaires qui le souhaitent peuvent aussi orienter leurs assurés vers les professionnels de santé de leur choix, ou leurs structures de livre 3.
Le référencement de l’application dans le catalogue de Mon espace santé permet de s’inscrire dans le parcours de soins. Dans la phase 2 de Mon Espace Santé, Malo envisage de déverser les bilans de l’application vers le Dossier médical partagé du patient.
En discussion avec des branches professionnelles
Le modèle économique de Malo repose principalement sur une stratégie BtoB avec les assureurs. Malo les encourage à ajouter une garantie prévention dans leurs contrats santé. L’idée est de proposer l’application en inclusion dans leurs portefeuilles individuels et collectifs. Malo travaille d’ores et déjà avec Allianz, Macif, CNP Assurances ou le courtier AS Solutions. « Nous sommes en discussion avec des acteurs de branche pour l’intégrer dans le cadre du haut degré de solidarité (HDS) », explique Abdelmalek Belaroussi. Pour rappel, les organismes recommandés par une branche professionnelle flèchent environ 2% des cotisations vers des actions de solidarité ou de prévention au titre du HDS.
Avec les données qu’elle collecte, Malo est en mesure de cartographier l’état de santé d’un territoire ou d’un portefeuille. D’ici un an, ses dirigeants souhaitent proposer leurs analyses aux assureurs afin de les accompagner dans l’évolution de leurs garanties.
Pas de tarification à l’usage
L’application familiale et le check-up sont proposés aux assureurs en inclusion des contrats, à un prix de 7 centimes par adhérent. Le prix est calculée en fonction de la taille du portefeuille. L’application est également disponible en BtoC, avec des services gratuits pour les enfants de 0 à 7 ans et d’autres services payants.
« Nous avons appris de nos expériences précédentes. Par exemple, nous ne proposons pas aux assureurs une tarification à l’usage car les assureurs comme nous, savons que l'usage n'est pas toujours au rendez-vous et nécessite un énorme travail de communication, ce qui rend le service trop coûteux pour nos clients. Afin de réduire au maximum les coûts, Malo n’est pas disponible en marque blanche car nous souhaitons développer la notoriété de la marque « Malo » et garder à notre charge la gestion du plan de communication et ainsi exploiter les stratégie BtoC au profit d'un modèle BtoB. En revanche, afin que l'assuré s'y retrouve au moment où ils activent leur code offert par leur adhérent, l’organisme complémentaire peut ajouter son logo dans l’interface d’accueil de l’application, en mode co-branding », explique Madhu Desbois.
Les levées de fonds ne sont pas au cœur de la stratégie de Malo qui a pour objectif de devenir rentable dès 2024. Kelindi, la structure juridique de la start-up, a prévu de faire 146.000 euros de chiffre d’affaires en 2023. En 2024, il vise les 2,5M d’euros de chiffre d’affaires, dont l’immense majorité en BtoB avec des assureurs. Ses fondateurs souhaitent rester indépendants. Dans le capital de Malo, il n’y a pas d’assureurs mais des familles d’industriels de la petite enfance ou de la recherche médicale.
À voir aussi
Agents territoriaux : Incertitudes sur l’indemnisation des arrêts de travail
PLFSS 2025 : Le Sénat souhaite limiter la majoration du ticket modérateur
Fraude : Le PLFSS devrait permettre l’échange de données AMO/AMC
Réavie : Les trois familles d'organismes complémentaires à l’unisson