Protection sociale : Galea livre ses hypothèses pour 2025
Quel sera le taux moyen du fonds euros pour 2024 ? Et la revalorisation du plafond mensuel de la sécurité sociale en 2025 ? Quid des revalorisations tarifaires en santé et prévoyance ? Le cabinet Galea partage ses pronostics.
Difficile de se projeter sur l’année 2025 dans le contexte politique actuel, sans ministre de la Santé ni des Comptes publics pour fixer des orientations et plancher sur le prochain PLFSS. Et pourtant, le cabinet Galea a livré ses pronostics dans le cadre d’un webinaire sur les chantiers majeurs de la protection sociale.
Tout d’abord sur le taux de rendement du fonds euros adossé à des contrats de retraite collective au titre de l’année 2024. Galea rappelle qu’en 2023, le taux de rendement brut moyen des fonds euros était de 3%, en augmentation de 0,4% par rapport à 2022. En deux ans, le taux moyen a augmenté de près de 1%. Il s’agit d’une inflexion de tendance car les taux servis par les acteurs de l’épargne retraite avaient baissé de 1,30% entre 2015 et 2021.
Pour l’année 2024, Nicolas Thilliez, associé de Galea, estime que « la hausse de 2023 ne pourra pas se reproduire ». L’actuaire anticipe un taux stable, voire en baisse car « les assureurs ont puisé dans les réserves de provision pour provisions aux excédents en 2023 mais ne peuvent pas mener la même politique de rémunération tous les ans. La hausse de 2023 était en lien avec le dynamisme des autres classes d’actifs, et notamment du livret A ». Avec la baisse annoncée du livret A, le rendement des fonds euros risque de suivre la même tendance.
Quelle évolution du PMSS ?
Autre indicateur important pour les assureurs, l’évolution du plafond mensuel de la Sécurité sociale (PMSS). Galea anticipe une évolution de 1,5% en 2025, après la forte revalorisation de 6,5% en 2023. Et de 5,4% en 2024. Les prestations de nombreux contrats santé et prévoyance sont calculées en fonction de cet indicateur.
Enfin, le cabinet d’actuariat a livré ses hypothèses sur la campagne de renouvellement des régimes santé et prévoyance au titre de l’année 2025. Pour ce faire, il convient de rappeler que l’année 2023 a été exceptionnelle en matière d’évolution des prestations. Après audit des comptes, les prestations santé ont évolué de 4,5% en 2023, hors évolutions règlementaires, selon le cabinet d’actuariat.
Les dérives ont été plus marquées en début d’année, puis se sont atténuées sur la suite de l’année. Galea avance que cette dérive s’explique par un effet de fréquence. Le cabinet signale également une hausse des soins préventifs, notamment sur le dentaire et plus particulièrement l’orthodontie. À noter également une hausse de la consommation chez les enfants. Des tendances qui semblent se poursuivre au cours des premiers mois de 2024. Cela a conduit le marché à appliquer des ajustements tarifaires importants lors du renouvellement 2023 et 2024.
De bons résultats en prévoyance
En prévoyance, en revanche, les nouvelles sont bonnes. Galea constate une baisse de 5 à 10% de la sinistralité et ceci sur tous les secteurs d’activité. Les passages en invalidité sont également en recul. Cependant le risque prévoyance continue de se déformer. Les arrêts sont plus longs et les risques psycho-sociaux en sont devenus la première cause. Sur le terrain des nouvelles nouvelles, la hausse des taux a permis de diminuer les provisions. Les gains techniques ont limité les pertes techniques liées à la revalorisation des prestations.
Quid de 2025 ? Galea s’attend à un projet de loi de financement de la sécurité sociale « conservateur » en raison de l’absence de gouvernement. Cependant, le secteur n’est pas à l’abri d’une surprise. Les parlementaires ne manqueront pas de tenter d’influencer le texte dans le contexte actuel.
2025, la grande inconnue
Galea revient également sur les principales évolutions règlementaires. En 2024, le secteur a subi le désengagement de la Sécurité sociale sur le vaccin de la bronchiolite. Le dispositif Mon Soutien Psy a été renforcé avec plus de consultations à de tarifs plus élevés. En plus, les premiers effets sur les revalorisations des consultations suite à la signature de la nouvelle convention médicale ont commencé à produire des effets.
Reste cependant à préciser plusieurs chantiers annoncés par le précédent gouvernement qui sont restés en suspens. Notamment l’évolution de la prise en charge des patients en affection de longue durée, mais également l’évolution du forfait médecin traitant, ou encore l’élargissement du 100% santé à de nouveaux équipements comme les fauteuils roulants. Le chantier le plus attendu par le secteur est la réforme sur les arrêts de travail que Thomas Fatôme, directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie, appelle de ses vœux.
Dans un entretien aux Echos, Thomas Fatôme annonce que « le déficit de la branche maladie sera vraisemblablement plus élevé que les 11,4 milliards d'euros attendus par la commission des comptes de la Sécurité sociale en juin ». La situation actuelle de dérapage budgétaire fait craindre de nouveaux transferts de charges vers les organismes complémentaires. Des transferts qui seront répercutés par les OCAM au niveau des cotisations.
Des équilibres techniques fragiles
Une chose est sûre : les équilibres techniques restent fragiles en santé, selon Galea, avec un dynamisme des dépenses depuis le début de l’année. Les acteurs de l’assurance ont peu de marges de manœuvre, contraints par le contrat responsable. Galea anticipe donc des indexations de marché comprises entre 6 et 10% pour 2025, y compris l’évolution du PMSS.
En prévoyance, la tendance à l’amélioration doit encore être confirmée en 2024. Les indexations du marché oscilleront entre +2% et +5%. « Dans beaucoup de régimes, les augmentations pourraient être proches de zéro », nuance Mylène Favre Beguet, associée de Galea. Les négociations entre les assureurs et les entreprises pourraient donc être plus apaisées que l’an dernier.
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