Reste à charge zéro : Agnès Buzyn ne veut pas de hausse des cotisations
VIDÉO- Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a réuni les différents acteurs des filières optique, dentaire et auditive pour donner le coup d'envoi de la concertation qui doit permettre d'ici quatre mois, de faire des propositions concrètes sur le reste à charge zéro. Elle a demandé aux organismes complémentaires de parvenir à cet objectif sans augmenter les cotisations.
Agnès Buzyn a réuni le 23 janvier les représentants des trois filières, optique, dentaire et auditive, pour lancer officiellement la concertation sur l'objectif du gouvernement de parvenir à un zéro reste à charge sur les lunettes et les prothèses dentaires et auditives. D'ici le mois de mai, les différents acteurs doivent se mettre d'accord sur le panier de soins nécessaires, les garanties et l'organisation des filières.
Réorganisation des filières.
« Cela va nécessiter une réorganisation des filières, probablement une différente répartition des taches entre les différents professionnels de santé dans certains cas et potentiellement plus de délégation des tâches. Il y a des enjeux de formation, des enjeux industriels, et également une réorganisation des soins. C'est la raison pour laquelle nous pensons que nous n'aboutirons pas à un reste à charge zéro en quelques mois pour la totalité des soins », a indiqué la ministre à la sortie de la réunion.
Un message aux complémentaires
Dans cette rencontre Agnès Buzyn a envoyé un message clair aux organismes complémentaire : Le reste à charge zéro ne doit pas avoir d'impact sur les tarifs des complémentaires santé.
Différents représentants des organismes complémentaires ont participé à cette réunion : Maurice Ronat, président de l'Unocam, Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, Pierre François, vice-président de la commission des assurances de personnes de la FFA, et Pierre Mie, président du CTIP ont pris la parole pour défendre le point de vue des complémentaires. « Nous partageons l'objectif de la ministre de favoriser l'accès aux soins et de préserver la qualité. Maintenant, il faut s'accorder sur quel type de soins seront concernés, la fréquence et quelle sera la montée en régime du dispositif, car nous ne pourrons pas assumer tout à la fois », indique Maurice Ronat.
Trois paniers différents
« Je vois se dessiner trois niveaux de paniers différents : un premier panier sans reste à charge, un deuxième panier avec un reste à charge maîtrisé, dans lequel les complémentaires pourraient proposer des garanties complémentaires à la charge de l'assuré, et enfin un troisième panier avec des honoraires libres », propose Maurice Ronat.
Selon le président de l'Unocam, le déploiement du projet se fera en plusieurs étapes, avec un premier paquet de soins sans reste à charge pour 2019 et une montée en régime progressive à horizon 2022.
« En optique, nous avons déjà des offres sans reste à charge via nos réseaux de soins. Mais en France il y a un opticien dans chaque coin de rue et si tous les clients se tournent vers des offres sans reste à charge, les opticiens auront des difficultés à retrouver un équilibre économique », considère Maurice Ronat. Dans le cadre de la réorganisation de la filière, les ophtalmologistes pourraient déléguer certains actes à des opticiens.
En dentaire, il existe environ 400 euros de reste à charge sur une prothèses dentaires. « Lorsqu'une offre sans reste à charge verra le jour, nous risquons de voir arriver beaucoup de personnes qui n'avaient pas les moyens de se soigner auparavant. Cela risque d'entraîner une hausse de la consommation et des coûts supplémentaires », prévient Maurice Ronat pour qui ce retardement des soins pourrait provoquer une hausse inévitable des cotisations. « Nous allons essayer de respecter la ligne de conduite fixée par la Ministre autant que faire se peut », ajoute-t-il.
En ce qui concerne les audioprothèses, le fait de séparer la vente de l'appareil des prestations d'entretien risque de provoquer un étalement des dépenses, selon l'Unocam. L'auditive risque d'être la dernière filière à aboutir à une offre sans reste à charge pour le patient, étant donné le coût important d'une audioprothèse.
Sur le dentaire, les négociations sont pilotées par la CNAM, pour l'optique et l'audioprothèse, elles sont menées par la direction de la Sécurité sociale.
Le calendrier tombe bien
La ministre souhaite clore cette concertation au mois de mai, afin de pouvoir arrêter un calendrier et des modalités précises début juin. Justement, en juin la Mutualité française organise son congrès. « Cette grande rencontre mutualiste serait donc une belle occasion pour le président de la République d'annoncer les contours de son projet de reste à charge zéro », pointe un observateur.
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