Aéma Groupe boucle sa première année d’existence dans le vert, malgré la forte sinistralité en santé et dommages. Le groupe mutualiste souhaite rapprocher ses sociétés d’actifs d’ici la fin de l’année et se dit ouvert à l’arrivée de mutuelles de la fonction publique.
L’année 2021 aura été celle d’un « démarrage réussi » pour Aéma Groupe, selon son directeur général Adrien Couret. Âgé d'à peine quelques mois, le groupe issu du rapprochement entre Macif et Aésio, a acheté en septembre 2021 Aviva France, devenu Abeille Assurances. « L’activité d’Abeille Assurances présente plusieurs complémentarités, à la fois sur le métier d’épargne retraite complémentaire à celui de la santé et du dommage, mais également sur les modes de distribution grâce à son réseau d’agents généraux. Notre projet était le seul qui proposait de ne pas vendre Aviva France à la découpe et de garantir la totalité des actifs », explique Adrien Couret.
« Nous sommes au début du chemin », a déclaré Adrien Couret pour qui l’enjeu est de consolider la solidité économique et financière du groupe et poursuivre les projets d’investissement informatique qui concernent d’un côté la SAM Macif et de l’autre Aésio Mutuelle.
Lors de la conférence de presse de présentation de ses premiers résultats annuels, Aéma Groupe a annoncé un chiffre d’affaires combiné de 11Mds d’euros, en intégrant le CA d’Aviva France du dernier trimestre de 2021. En année pleine, le CA aurait été de 16,056Mds d’euros.
Le groupe affiche un taux de couverture du besoin en capital sous solvabilité 2 de 155% et un niveau de fonds propres prudentiels de 10,9Mds d’euros.
Aéma présente une répartition équilibrée entre ses trois métiers. L’épargne retraite qui représente 36% du chiffre d’affaires en 2021, concentrera environ 45% du CA d’Aéma en 2022 et deviendra ainsi le premier métier du groupe.
Forte sinistralité en dommages et santé
Fin 2021, Aéma Groupe a enregistré 3,947Mds d’euros en assurance dommages. L’année a été marquée par une sinistralité en hausse à la fois sur la fréquence et sur le coût moyen des sinistres. Aéma Groupe affiche un ratio combiné sur ce segment de 101,9% « Nous observons une hausse à deux chiffres du prix des pièces détachées, à cause de la problématique d’accès et de coût des matières premières. Nous devons intensifier les actions pour réduire les coûts, en investissant sur l’automatisation et en mobilisant le lobbying pour favoriser l’ouverture du marché des pièces détachées », explique Adrien Couret qui vise un ratio combiné de 100% pour l'année 2022.
En santé prévoyance, Aéma a enregistré 3,156Mds d’euros de cotisations. Concernant les prestations, Adrien Couret évoque un « choc de marché » en raison du rattrapage des soins et du coût du 100% santé. Cette réforme aurait coûté de 2 à 3 points de ratio prestations sur cotisations. Avec les frais, le ratio combiné atteint 104,4%. « Tout le marché est touché par la dégradation du résultat technique. L’ajustement tarifaire est inévitable pour tous les acteurs du marché. La question est de savoir qui va accepter de rogner sur ses marges et quelle sera la progressivité. Nous devons parallèlement travailler sur nos frais et investir sur l’automatisation pour mieux utiliser le digital en complément du physique. L’avantage d’un groupe mutualiste est de pouvoir faire les ajustements dans un temps long », explique ensuite le DG.
Un tiers payant commun
Les deux mutuelles principales santé du groupe ont enregistré leurs premières synergies pendant cette année de cohabitation. En santé prévoyance, Aésio et Apivia Macif Mutuelle partagent depuis le 1er janvier 2022 le même réseau de soins, Carte Blanche Partenaires. Elles ont par ailleurs répondu ensemble à des appels d’offres en assurance collective. Elles ont également prévu de retenir un opérateur de tiers payant commun d’ici la fin de l’année 2022.
En épargne retraite, Aéma groupe affiche un chiffre d’affaires de 3,930Mds d’euros, dont 76% en fonds euros et 24% en unités de compte. « Nous nous engageons aux côtés de l’Afer pour défendre le fonds garanti en euros et sa fiscalité. Nous poursuivons par ailleurs le lobbying pour améliorer la transparence sur les frais des produits d’épargne », déclare Adrien Couret.
Pour l’année 2022, le directeur général souhaite poursuivre la construction du groupe, en consolidant ses toutes jeunes mutuelles Aésio Mutuelle et Apivia Macif Mutuelle. Il a également évoqué un projet de détachement informatique d’Abeille Assurances de la maison mère Aviva. Concernant les synergies, tout est à écrire, en commençant par la mise en place d’un tiers payant commun, et en accroissant les projets de distribution croisée, notamment en assurance vie et assurance dommages.
Rapprocher les sociétés de gestion
Aéma Groupe souhaite également rapprocher ses sociétés de gestion (OFI AM et Abeille Asset Management) d'ici la fin de 2022. L’arrivée d’Abeille Assurances a provoqué un quasi triplement des actifs gérés. Aéma affiche 192Mds d’euros d’actifs gérés. « D’ici la fin de l’année, nous souhaitons créer un groupe unique de gestion d’actifs pour répondre à un enjeu de compétitivité groupe et pour bénéficier d’une complémentarité de modèles entre OFI qui est un groupe ouvert avec beaucoup de gestion internalisée le modèle d'Aviva Investor France (ndlr : Abeille Asset Management) qui est plus tourné vers le monde des banques », a annoncé Adrien Couret.
Message pour les mutuelles de la fonction publique
La réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires attise la convoitise du groupe. Adrien Couret fait passer le message : « Le modèle d’Aéma Groupe est fait pour accueillir. Je dis aux mutuelles de la fonction publique : Regardez le modèle d’Aéma Groupe qui permet de générer des synergies ensemble en respectant les identités », lance le directeur général. Il met en avant l’expertise du groupe en assurance collective tout comme son ADN mutualiste. Interrogé sur la cohabitation entre l’UGM Aésio Fonctions Publiques et la Mutuelle Nationale des Fonctionnaires des Collectivités Territoriales (MNFCT) dans le giron de la Macif, Adrien Couret répond : « Nous observons ce qui se passe en dehors du groupe. L’harmonisation interne peut se faire dans un deuxième temps ». Pascal Michard, le président d’Aéma Groupe ajoute : « Nos éventuels partenaires auront plus de liberté pour choisir la voie qui leur paraît la plus adaptée ».
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