Résultats 2023 : La MNH plombée par des dépréciations d'actifs
La MNH a enregistré 50M d’euros de pertes en 2023. La mutuelle a été pénalisée par des dépréciations d'actifs liées à sa stratégie de diversification. Médéric Monestier, son DG, commente la transformation de la mutuelle à l’aune de la réforme de la PSC.
Le résultat net de la MNH a basculé en territoire négatif en 2023. La mutuelle nationale des hospitaliers a engrangé 50M d’euros de pertes, contre un résultat net positif de 32,9M d’euros en 2022. « La MNH doit porter le poids de son passé », a déclaré son directeur général Médéric Monestier, invité par l’Association nationale de journalistes de l’assurance (Anja).
La mutuelle paie cher sa stratégie de diversification et d’acquisitions dans des sociétés du secteur médical et hospitalier. « Cette stratégie nous a permis d’asseoir le positionnement d’acteur affinitaire, de construire une relation avec les établissements et d’apprendre à répondre aux appels d’offres, mais la diversification s’est faite dans des situations complexes. Nous sommes en train de rationaliser tout cela », explique le dirigeant mutualiste.
Les déficits de certaines filiales pèsent sur le résultat financier de la mutuelle. En 2023, les dépréciations de ses actifs ont atteint 80M d’euros. Le groupe a cédé trois entités de Nehs Développement avec des moins-values (Nehs digital, Xperis, Medicea). Cette année, MNH souhaite également céder une partie du capital de Kalhyge, blanchisserie en milieu hospitalier. L’opération est en cours et le nom du repreneur n’est pas encore connu.
Malgré ces déconvenues sur les actifs de la MNH, le directeur général se veut confiant : « Avec notre 196% de ratio de solvabilité, la trajectoire est maîtrisée », déclare M. Monestier.
Stopper l'érosion du portefeuille
L’activité d’assurance résiste bien. Sans ces dépréciations, le résultat net de l’exercice 2023 serait de 39M d’euros en 2023, selon la mutuelle. L’organisme affinitaire doit faire face à une érosion de son portefeuille. « Nous avons perdu 150.000 adhérents ces 10 dernières années », a déclaré Médéric Monestier. La concurrence, l’arrivée de l’ANI qui a conduit un bon nombre d’hospitaliers à souscrire le contrat de leur conjoint et le turn-over dans le secteur hospitalier (8 à 10%) expliquent en partie la perte d’adhérents.
Afin d’arrêter l’hémorragie, la mutuelle a mis en place une stratégie de modernisation et de relance. Première étape, la refonte des offres. « Historiquement, nous avions une seule offre couplée santé et prévoyance. La MNH avait une image de mutuelle chère », commente Médéric Monestier. La nouvelle offre de complémentaire santé spécifique peut être complétée avec un contrat prévoyance, vendu à part. « Dans 70% des ventes, nous multi-équipons nos adhérents avec une couverture prévoyance », selon le directeur général. La MNH offre également une assurance RC Pro, afin de couvrir la faute détachable du service, au-delà de la couverture des établissements, en partenariat avec BEAH.
Un tarif "agressif"
Le positionnement tarifaire « agressif » des nouvelles offres à destination des jeunes a permis de rajeunir le portefeuille. Si la moyenne d’âge de la mutuelle est de 45 à 48 ans, celle de la nouvelle offre est de 37 ans. Cette stratégie a porté ses fruits et la MNH a enregistré une augmentation de 17% sur ses affaires nouvelles en assurance individuelle en 2023. Sur les 5 premiers mois de l’année 2024, la croissance est de 27%. « Cela doit permettre de stabiliser notre portefeuille d’actifs », commente Médéric Monestier.
Dans la perspective de la réforme de la PSC dans le secteur hospitalier, la MNH s’est équipée des solutions informatiques de Cegedim permettant de commercialiser et gérer des contrats collectifs. En 2023, la mutuelle affinitaire s’est également développée en assurance collective auprès d’acteurs privés. Elle a gagné le contrat de la société Helpevia et revendique 30.000 personnes protégées en assurance collective. MNH protège environ un million de personnes (500.000 adhérents en santé et 300.000 en prévoyance).
Avec son partenaire Groupama, la MNH souhaite également diversifier son offre assurantielle. « Nous sommes en train d’élargir nos offres et nous avons lancé une assurance emprunteur avec Groupama depuis avril », annonce le DG.
Scénario centralisé ou décentralisé
La réforme de la PSC est programmée pour 2026 dans la fonction publique hospitalière. La MNH se projette sur différents scénarios car les modalités d’application ne sont pas encore arrêtées. Y aura-t-il un seul contrat collectif centralisé pour tous les hospitaliers ? Un contrat différent pour les 3.500 établissements hospitaliers ou pour les 36 groupements hospitaliers de territoire (GHT) ? « Nous militons pour une égalité de traitement et donc pour un appel d’offres centralisé, car la population hospitalière est homogène et peut être couverte par un panier de garanties homogène », indique le directeur général.
Concernant le respect du calendrier, « l’entrée en vigueur au 1er janvier 2026 nous paraît compliquée. Si nous n'avons pas un an pour mettre en place les contrats, je ne sais pas comment nous allons faire », indique le directeur général.
En juin 2023, la MNH a annoncé un partenariat avec Groupama et MGEN pour mettre toutes les chances de son côté dans la perspective des appels d’offres à venir. Médéric Monestier tire également les enseignements du déploiement de la réforme dans la fonction publique de l’État. « Suivant l'appel d'offres, la note attribuée sur la tarification n'est pas la même. Les positions historiques ne sont pas une garantie absolue », commente-t-il en réaction à la récente victoire d’Alan au ministère de la Transition écologique.
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