Evelyne Llauro-Barres, directrice générale adjointe en charge des richesses humaines de Maif, partage sa feuille de route pour le retour au bureau des collaborateurs, ainsi que sa vision sur l’avenir du travail.
Les 7.500 salariés du groupe Maif emprunteront le chemin du bureau à partir du 14 juin de façon progressive. Ils devront se rendre sur leur lieu de travail au moins un jour par semaine de façon obligatoire. A partir du 1er juillet et jusqu’à fin août, ils s’y rendront deux jours par semaine. Et dès septembre, « on espère s’installer dans un mode d’organisation hybride pérenne », explique Evelyne Llauro-Barres.
A la différence du premier déconfinement où beaucoup d’entreprises avaient privilégié le principe du volontariat, cette fois-ci les salariés seront dans l’obligation de revenir en entreprise de façon progressive.
« Nous sommes confrontés à des polarités entre des collaborateurs impatients de revenir, ceux qui ont perdu complètement l’habitude de revenir sur site, et ceux qui sont entre les deux. L’enjeu est de faire en sorte que chaque salarié puisse revenir au début 1 jour par semaine, afin de retrouver son collectif de travail, en prenant compte la situation sanitaire », indique-t-elle.
La DRH du groupe Maif considère que « la crise est venue interroger le sens du travail » ainsi que « le rôle du manager ». La mutuelle d'assurance souhaite organiser des temps d’échange entre les managers et les équipes, afin de faire le point sur la période écoulée, exprimer les contraintes et les aspirations des uns et des autres. Pour Evelyne Llauro-Barres « on ne va pas revenir comme le monde d’avant. On ne le peut pas, on ne le veut pas ».
Pour la DRH, « le travail collaboratif peut s’exercer à distance, cela a été une des surprises du confinement ». En revanche, il faudra revenir sur site pour « fédérer le collectif, retrouver du temps informel, qui est générateur d’engagement, voir des gens, interagir et avoir le plaisir et la satisfaction de travailler ensemble ».
4.000 salariés ont choisi de télétravailler
L’accord de télétravail de Maif prévoit jusqu’à trois jours de semaine de télétravail. L’avenant signé en juillet 2020 avait permis de généraliser le télétravail à tous les collaborateurs et de lancer une expérimentation auprès des salariés du réseau face à face. Deux tiers des collaborateurs de Maif, soit 4.000 salariés, ont signé l’avenant. Deux tiers d’entre eux ont choisi des forfaits de 2 à 3 jours de télétravail par semaine.
Contrairement à d’autres entreprises favorables au télétravail 5 jours par semaine, la Maif considère que « si on pousse ce modèle, je pense que cela nous amène vers un système individualiste où la notion de l’entreprise est remise en cause. L’entreprise pourrait simplement faire appel à des compétences », selon Evelyne Llauro-Barres.
Attention sur les déménagements
Un autre point de vigilance du groupe Maif concerne les déménagements de collaborateurs qui choisissent d’aller vivre loin de leur lieu de travail, tout en sachant qu'ils devront se rendre sur leur lieu de travail deux jours par semaine. Juridiquement, l’employeur n’a pas de droit de regard sur le lieu de vie du salarié mais par contre l’employeur est lié avec le salarié par un contrat de travail, qui comprend une adresse professionnelle et des horaires.
L’obligation légale prévoit une prise en charge par l’employeur de 50% du titre de transport de ses salariés. Or, la Maif va plus loin et prend en charge l’intégralité du titre de transport. « Cette aspiration des collaborateurs de travailler où ils veulent risque donc d’avoir un impact budgétaire que je suis en train d’instruire », indique Evelyne Llauro Barrès, pour qui il n’est pas question d’interdire les déménagements inter-régions. En revanche, elle ne souhaite pas « que les salariés habitent à 5h de leur lieu de travail. Nous allons devoir aborder la question de la durée de trajet afin de respecter le principe de qualité de vie », pointe-t-elle.
Niort, grande gagnante
Par ailleurs, l’envie des Français de quitter les grandes villes a eu comme effet collatéral de renforcer l’attractivité de Niort. « Nous aurons plus de facilité à faire venir des talents à Niort », anticipe Evelyne Llauro-Barrès.
Malgré la montée en charge du télétravail, la Maif n’envisage pas de réduire la surface immobilière de ses locaux. Le taux d’occupation du siège social devrait atteindre entre 50% et 70% après la crise. Nous allons aménager les espaces pour qu’ils soient modulables et permettre les réunions de 2, 4, 6 et 8 collaborateurs. La Maif envisage également d’accueillir dans ses locaux d’autres personnes, des auto-entrepreneurs et des indépendants, afin de rendre ses espaces utilisables par d’autres. « On aura envie et besoin de s’ouvrir parce que le risque serait de se promener dans des locaux vides », commente Evelyne Llauro-Barres.
« J’espère qu’on va arriver à s’installer dans un mode hybride. Je crains que ce soit pas si facile que ça. Dans une grande entreprise comme la nôtre, nous avons besoin de travailler en transversalité. La seule maille du collectif la plus petite n’est pas auto-suffisante. Je pense que cela va prendre du temps, qu’il va y avoir des frictions, des tensions et des ajustements pour que cela fonctionne et pour que chacun se rappelle que le mode de travail doit être accepté par les deux parties. La modalité de travail à distance ne doit pas être prioritaire par rapport à l’organisation de l’activité », conclut la DRH.
À voir aussi
Tarifs en MRH : Pascal Demurger évoque 8 à 10% de hausse en moyenne
Inondations : Maif "passe à l’action"
Romain Liberge : "Maif agrège beaucoup de données"
Semaine en quatre jours : La Matmut interroge son réseau