Stéphane Coste, directeur général délégué de la MAE, dresse un premier bilan du plan 2021-2026 Mætamorphose. La profonde restructuration de la mutuelle rouennaise touche à sa fin. Elle met désormais le cap sur le développement et l'investissement.
En 2021, vous lanciez un vaste plan de transformation baptisé Mætamorphose. Où en êtes-vous aujourd'hui ?
La phase la plus douloureuse de ce plan est derrière nous. Il y a en permanence des travaux d'organisation et de redressement technique, mais nous pouvons désormais nous projeter sur 2026 à travers un plan d'investissements et de développement de la MAE.
Comment se matérialise cette restructuration sur le maillage territorial de la MAE ?
Nous avons fermé 80% de nos agences. Il en reste aujourd'hui une quinzaine sur le territoire métropolitain. Nous avons également conservé nos points de vente en Outre-Mer, à savoir la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion. Sur les territoires ultra-marins, les agences restent particulièrement dynamiques. Le nombre de collaborateurs dans les agences a par ailleurs fortement crû puisqu'elles comptent en moyenne 6 à 7 salariés contre 1 à 2 auparavant.
Et sur le plan des ressources humaines ?
Le plan de sauvegarde de l'emploi que nous avons ouvert dans le cadre de Mætamorphose a été plus important que prévu. Initialement il portait sur 35 postes. Nous avons finalement enregistré 70 départs nets pour passer de 440 à 370 salariés dans le groupe. Aujourd'hui 70% des collaborateurs qui ont quitté la MAE ont trouvé un emploi qui leur convient. Les autres restent accompagnés sans limite de temps. Nous avons par ailleurs instillé une nouvelle culture managériale. Les représentants des adhérents n'ont plus de rôle opérationnel au sein du groupe. Ils se concentrent désormais sur leurs fonctions politiques.
Vous avez bouclé votre exercice le 31 août dernier. Comment se comporte l'activité du groupe ?
Le chiffre d'affaires est en diminution de 3% à 103 millions d'euros hors taxe. Mais c'est un choix assumé. En premier lieu parce que nous étions en pleine transformation, ce qui impacte nécessairement la dynamique commerciale de renouvellement du portefeuille. Ensuite parce qu'un tiers de notre activité provient de l'assurance habitation. Or, ce segment se trouvait structurellement déficitaire en raison d'un positionnement tarifaire en dehors du marché. Nous avons par conséquent opéré un redressement sur la MRH qui a conduit certains de nos adhérents à nous quitter. Ce travail nous a permis de ramener le ratio combiné à un niveau proche de 100%. C'est un gain de plusieurs dizaines de points. Sur notre cœur de métier, l'assurance scolaire nous sommes à l'étal. Et nous progressons en prévoyance.
Le résultat de la MAE bascule-t-il par conséquent en territoire positif ?
Les résultats techniques sont positifs sur toutes nos structures. C'est aussi le fruit d'une forte contraction de nos charges de fonctionnement. Elles ont baissé de 25% sur les trois dernières années. Notre résultat comptable revient en territoire positif. Il ressort à 11 millions d'euros avant impôts. Deux tiers proviennent de l'amélioration de nos résultats techniques. Le reste est issu des résultats financiers. La MAE est assez peu exposée aux taux bas puisque nous avons peu investi lors de notre phase de restructuration. Nous profitons donc de la hausse des taux. Notre résultat avant impôt bénéficie également d'une plus-value de cession dans le cadre de notre sortie du capital d'Ofi Invest.
Quelle est la suite pour le plan Mætamorphose qui vous emmène jusqu'en 2026 ?
La première phase nous a permis de retrouver des marges de manœuvre. Nous sommes désormais dans une période d'investissement et de développement. Le premier chantier prioritaire est celui de notre système d'information. Nous prévoyons d'investir quelque 10 millions d'euros d 'ici 2026 sur deux axes majeurs. En premier lieu sur la migration de notre système cœur vers un nouveau progiciel. Nous sommes en phase de sélection de notre opérateur. Ensuite sur la refonte de notre SI pour permettre à nos partenaires de se pluguer plus facilement à notre système.
Cela signifie-t-il que vous souhaitez développer les partenariats ?
A l'image de ce que nous avons fait avec la MRH, nous allons rénover les offres historiques que nous portons. Mais nous souhaitons effectivement développer les partenariats avec d'autres acteurs du marché. Nous venons par exemple de le faire avec Wakam dans le cadre d'une offre pour la couverture des EDPM (Engins de déplacements motorisés électriques, ndlr). Wakam porte le risque et nous sommes le distributeur. Le produit a été lancé à la dernière rentrée scolaire. Au-delà de l'assurance, nous souhaitons également accélérer sur l'offre de services. C'est tout l'enjeu de la prise de participation du groupe MAE dans Totemia à hauteur de 25%. Cette start-up propose des colonies et des séjours linguistiques pour les enfants.
Envisagez-vous des rapprochements plus structurants ?
La question a été posée lors de la construction du plan Mætamorphose. Mais, avec le conseil d’administration, nous considérons que les partenariats ont plus rapidement des effets visibles pour nos adhérents qu’un projet de rapprochement.
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