Cat'Nat' : L'ACPR anticipe une hausse des primes de 2,8% à 3,7% par an
L’ACPR et la Banque de France publient le mardi 4 mai, les résultats du premier stress-test climatique. L’exposition de l’assurance aux chocs climatiques est modéré, malgré une hausse anticipée des primes en raison d'un hausse de la sinitralité, selon le rapport.
Dans la lignée des Accords de Paris, la France confirme de nouveau sa volonté d’être un acteur majeur dans la transition écologique au niveau mondial en organisant le premier stress-test climatique. Les résultats de cet exercice inédit, réalisé sur les banques et les assurances françaises, ont été publiés ce mardi 4 mai par la banque de France et l’ACPR. Sur la base du volontariat, il implique 15 groupes d’assurance et 9 groupes bancaires, soit 75% du bilan des assureurs et 85% du bilan bancaire. Cela a permis d’obtenir des résultats représentatifs du marché.
Cet exercice pilote a révélé une exposition « modérée » des assurances françaises aux risques liés au changement climatique. Les résultats présentés par l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution sont « à prendre avec prudence compte tenu des hypothèses et des méthodes sur lesquelles elles reposent ». Ils donnent tout de même une idée de la situation.
Autre facette inédite du projet, son horizon. Les stress tests classiques tentent d’anticiper des chocs dont l’horizon sont de 3 à 5 ans. Dans le cas du premier stress test climatique, l’horizon s’établissait à 2050. En faisant intervenir des tendances beaucoup plus longues, le test s’expose à des variations qui ne sont pas prises en compte dans les résultats présentés. L’une des hypothèses communes incluse par les assureurs était la présupposition de la hausse des primes pour couvrir en totalité, la hausse de la sinistralité.
Une exposition qui devrait encore se réduire
L’exposition « modérée » des assureurs français aux risques liés au réchauffement climatique s’explique notamment par leurs engagements dans des politiques de diminution de l’empreinte carbone de leurs portefeuilles d’actifs. Au total, 17% de leurs actifs sont exposés aux secteurs à risque en cas de choc. De plus, une majorité d’entre eux se sont engagés à l’objectif neutralité carbone dès 2030, ce qui réduira leur exposition dans les 10 prochaines années.
Accroissement de la sinistralité
« Sur l’ensemble du territoire français, le changement climatique impliquerait une hausse de la sinistralité liée aux catastrophes naturelles de 2 à 5 fois pour les départements les plus touchés », indique le rapport.
« L’impact de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles sur les activités dommages aux biens des assureurs a été évalué avec le concours de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) qui a fourni aux participants l’augmentation des sinistres par département, sur la base de leurs expositions aux différents aléas climatiques considérés au niveau communal », précise le communiqué. Dans l’hypothèse, il était possible pour eux, dès 2025, de « revoir leur politique de souscription en fonction de l’évolution de la sinistralité ».
Dans ce modèle, les assureurs ont donc augmenté le montant des primes pour compenser le coût des sinistres, réviser leurs programmes d’assurance, mais aussi adapté les produits offerts pour diminuer les risques supportés par les assurés. Dans ces conditions, le rapport anticipe une hausse des primes comprise entre 130 et 200% sur 30 ans. L’équivalent d’une hausse comprise entre 2,8% et 3,7% par an, un taux bien plus haut que la hausse du PIB annuel. Selon le résultat de l'exercice menée par le régulateur, la sinistralité des branches entrant dans le calcul de la contribution au régime Cat'Nat' augmente de 174% à l’horizon 2050. Les primes de catastrophe naturelle, quant à elles, devraient grimper de 12 à 18%.
En plus des catastrophes naturelles, les changements climatiques impactent aussi la santé humaine. La hausse du taux de pollution de l’air, la propagation des moustiques, les pandémies qui se font de plus en plus agressives sont des facteurs qui soutiennent la hausse des sinistres.
Le rôle clef des réassureurs
L’hypothèse commune appliquée dans le stress-test climatique impliquait des primes constantes pour les réassureurs. D’après les assureurs, la hausse des primes suffirait à couvrir la hausse des sinistres. Cette variable pourrait être revue dans les prochaines simulations avec l’évolution du climat qui renforce les risques de grande importance et le rôle clef des réassureurs sur la part de sinistre supporté.
« Il faut prendre ces chiffres avec beaucoup de précaution mais ça veut quand même dire quelque chose. Dans le cas d'un hausse du coût de la sinistralité (…), si les assurés ne suivent pas la hausse des tarifs et décident de ne plus s'assurer, cela veut dire qu’un certain nombre de risques ne sera pas couvert. L’assurabilité sera un problème pour la solidité de l’économie et la viabilité sociale. C’est un problème qui peut se répercuter sur des enjeux nationaux. Au-delà de la résilience, c’est le modèle social dans le long terme », indique Jean-Paul Faugère, vice-président de l'ACPR.
Une initiative prudentielle
« Le but de cet exercice n’est pas de viser à imposer des actions, c’était un exercice qui viser à stimuler la réfection, l’analyse et à promouvoir une bonne intégration des risques climatiques. L’exercice a été fructueux sur ce plan, il a déclenché des analyses internes aux établissements et il a donné lieu à des échanges entre les experts et les équipes de l’ACPR. On est à un stade de meilleure compréhension de l’exposition à ce type de risque », commente Jean-Paul Faugère.
« Il est très important d’avoir initié cette action, même si les résultats sont fragiles d’un point de vue quantitatif. On progressera sur les exercices ultérieurs », précise Jean-Paul Faugère. Le prochain exercice français sera organisé en 2023 et 2024, en attendant, la Banque d’Angleterre ainsi que la Banque Centrale Européenne sont les prochains superviseurs à mettre en place un tel projet.
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