Invité de l'Association nationale des journalistes de l'assurance (Anja), Thomas Buberl, directeur général d'Axa s'est livré sur l'actualité du secteur. Mais pas seulement. Car difficile d'échapper aux enjeux politiques au lendemain du premier tour des élections législatives françaises.
A voté ! À 8h04 dimanche, Thomas Buberl glissait son bulletin dans l'urne pour le premier tour des élections législatives. Le directeur général franco-allemand n'a évidemment pas dévoilé le contenu de son vote le réservant au secret de l'isoloir. Sans vouloir trop en dire, il a tout de même livré son regard. « Tout d'abord, la forte mobilisation des électeurs est le meilleur message à retenir, estime-t-il. Ensuite, le vote est le choix de chacun et chacun doit prendre ses responsabilités. Nous ne sommes qu'au milieu de la partie. Ce qui est important pour les marchés est que la France retrouve une certaine stabilité et la confiance. Car l'incertitude n'est jamais bonne ».
Le dirigeant balaie d'ailleurs l'idée d'un vote de défiance. « J'ai plutôt l'impression que les gens veulent changer certaines têtes ». Il n'empêche, un nouveau risque s'accentue aux côtés des risques climatiques, géopolitiques ou encore de l'intelligence artificielle. Il s'agit de celui de la fragmentation sociale, relève Thomas Buberl. « 20% des Français ne sont plus en capacité de s'assurer. Soit pour des raisons financières. Soit parce qu'ils ne remplissent pas les critères des assureurs pour être couverts ». Face à ce constat, le groupe en France s'astreint à créer des produits moins chers à destination des familles monoparentales ou encore des microentrepreneurs. Le tout sans rogner sur sa rentabilité technique. « Car ce sont des produits beaucoup plus ciblés », indique-t-il.
« Le risque climatique n'est pas inassurable »
Le patron de l'assureur français considère par ailleurs que le risque climatique demeure totalement assurable. Et ce, malgré une charge qui grimpe fortement ces dernières années. Mais pour compenser cette montée de la facture, il juge qu'il faudrait accélérer sur les sujets de prévention. Côté financement de cette prévention, Thomas Buberl affirme que c'est « aux assurés et au collectif de l'assumer. Car il faut s'appuyer sur des effets de masse. L’assuré de demain doit être plus engagé pour son bien-être. Et les assureurs doivent sortir de cette logique de simple payeur de sinistre en accompagnant leurs clients sur la prévention ».
Pour autant, le directeur général du groupe ne se montre pas favorable à un régime Cat Nat décliné à l'échelon européen. « J’ai un principe. Si un problème arrive, on doit le traiter où il arrive, et pas ailleurs. Un régime cat’ nat’ doit être national, sauf si l’Europe a un avantage que je ne vois pas. Ce n'est pas le rôle de l'Europe de micromanager les pays », lance-t-il.
Pas de volonté de vendre Axa XL Re
S'agissant de la réassurance, Thomas Buberl affirme ne pas avoir l'ambition de céder Axa XL Re. Après une séquence de nettoyage des portefeuilles, le réassureur maison surfe sur le cycle haut des tarifs. « Vous croyez que nous aurions fait tous ces efforts pour le céder ? », balaie-t-il.
Il balaie également les récentes conclusions de l'ACPR et de l'AMF sur le flou des engagements climatiques des assureurs et gérants d'actifs. « Ne nous mettez pas dans le même panier que les autres, réagit le dirigeant. Tout ce que nous mettons en place est mesuré. Et ces mesures sont publiques. Entre 2019 et 2023 nous avons réduit nos émissions de 34% ». À bon entendeur.
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