Thomas Saunier : "Évitons à tout prix une médecine à deux vitesses"

jeudi 23 septembre 2021
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Face à l’association nationale de journalistes de l’assurance (ANJA), Thomas Saunier, DG de Malakoff Humanis, rejette les pistes de réforme de la complémentaire à l’étude, alerte sur le risque de créer une médecine à deux vitesses et demande la suppression de la TSA.

Alors que le HCAAM étudie plusieurs pistes pour réformer la complémentaire santé, Thomas Saunier a défendu le modèle actuel de protection sociale, basé sur la solidarité et la mutualisation. Il l’a comparé au système américain très libéral, et au système espagnol ou anglais dans lequel l’État est omniprésent. « Les Français ne veulent pas d’un système de santé à deux vitesses, d’un système qui risque de faire bondir les déficits publics. Ils craignent que dès lors que l’on confie le financement exclusivement à l’État, cela se dégrade dans la durée », déclare Thomas Saunier.

Supprimer la TSA

Parmi les pistes de réforme de la complémentaire santé qui accordent une place plus importante à la Sécurité sociale, Thomas Saunier en craint trois en particulier. La première consiste à élargir l’assiette de la C2S qu’il nomme « étatisation par le bas ». « Aujourd’hui 10% de Français bénéficient de la C2S. Et demain, pourquoi pas 20%, 30% ? ». Thomas Saunier demande une séparation nette entre les prestations qui relèvent de la solidarité nationale et celles qui relèvent de la mutualisation. « Nous pensons que la complémentaire santé solidaire doit être financée par l’impôt, et pas par les taxes car elle relève de la solidarité nationale. Il faudrait supprimer la TSA », réclame-t-il.

Le directeur général de Malakoff Humanis s’oppose également à l’idée de créer un bouclier sanitaire, car, selon lui, cela revient à nationaliser le système et à restreindre la liberté de choix, notamment sur le parcours de soin des patients. Il a également relativisé les restes à charge qui pèsent sur les Français, après intervention de la complémentaire santé.

La troisième idée qu’il rejette est celle de créer un système à trois étages, avec d’une part la Sécu, complétée par un système de type Agirc-Arrco et enfin le système privé. "Les garanties, les frais et les tarifs seraient encadrés", pointe-t-il.

Quid des problèmes d’accessibilité à la complémentaire santé pour les actifs précaires, les jeunes et certains retraités ? « Si c’est un problème de pouvoir d’achat, cela relève de la solidarité nationale », rétorque-t-il.

Résultat positif attendu pour 2021

Thomas Saunier a également donné des tendances sur l’activité de son groupe de protection sociale. Après avoir fini l’année 2020 avec un résultat négatif de 146 millions d’euros, le groupe Malakoff Humanis devrait finir l’année 2021 dans le vert, avec un résultat avant impôt d’environ 150M d’euros. Et ceci malgré la hausse de l’absentéisme, avec « des arrêts de plus en plus longs et qui touchent de plus en plus de cadres » et une réforme du 100% santé « qui coûte très cher ».

Ces dernières années, l’objectif de Thomas Saunier était de « ramener le ratio combiné moyen de Malakoff Humanis de 105% à 101,5% ». En 2020, nous avons décidé de nous séparer des contrats avec un ratio combiné au-dessus de 120%. Le chiffre d’affaires a baissé, passant de 6,3Mds d’euros en 2019 à 5,9Mds d’euros en 2020. La moitié de cette baisse s’explique par l’effet covid et l’autre moitié par les résiliations. Quelques ajustements de tarif seront encore nécessaires en 2022 pour maintenir ce ratio combiné autour de 101,5%, notamment auprès de certains grands comptes. En revanche, le groupe n’appliquera pas de hausse de tarif pour 95% de ses contrats individuels en 2022.

Réforme de la PSC

Concernant la réforme de la protection sociale des fonctionnaires, il reste encore des incertitudes concernant le modèle qui sera privilégié. « Si l’orientation choisie est l’assurance collective à adhésion obligatoire, nous sommes en mesure d’apporter notre valeur ajoutée. Si c’est de l’individuel facultatif, on n’aura pas les moyens commerciaux pour aller chercher les adhésions une par une et on n’ira pas », explique Thomas Saunier.

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