Tout le monde s’excite pour le Brexit !
Alors que la perspective d’un « hard » Brexit se dessine chaque jour un peu plus, le secteur de l’assurance a pris les dispositions nécessaires pour assurer la continuité de ses activités issues de Grande-Bretagne, non sans conséquences...
Le 29 mars prochain, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, qu’elle soit « soft » ou « hard » aura des conséquences importantes sur les entreprises qui faisaient jusque-là du business depuis le Royaume-Uni, compagnies d’assurance en tête. Selon l’agence de notation S&P Global Ratings, il y aurait actuellement 562 assureurs non-vie et 177 assureurs vie établis en dehors d’Angleterre qui y souscrivent des risques via un passeport. En parallèle, près de 5 700 intermédiaires issus de l’UE bénéficient d’un accès au marché britannique.
Loin d’être attentistes, nombre de compagnies du secteur ont très vite anticipé le Brexit, la plupart en ouvrant de nouvelles entités hors d’Angleterre (voir encadré) pour garantir la pérennité des contrats et continuer de servir les titulaires de police au Royaume-Uni et en Europe. « Pour répondre aux contraintes réglementaires liées au Brexit, les Lloyd’s qui ont anticipé un ‘hard Brexit’, ont créé une compagnie d’assurance dont le siège est à Bruxelles), laquelle frontera les contrats d’assurance souscrits auparavant par les syndicats depuis Londres. La mise en place de ce processus de souscription et de réassurance rend un peu plus complexe notre processus de reporting vers le porteur final du risque mais ce processus n’aura heureusement aucune incidence sur la qualité de la prestation offerte à l’assuré. Ceci ne concerne que les seuls risques européens, les risques non européens placés sur le marché français pouvant continuer d’être placés directement à Londres », explique Patrick de la Morinerie, président et fondateur de l’agence de souscription WeSpecialty.
« Le Brexit pourrait avoir des conséquences directes sur les droits de ‘passeport’ des captives et sur leurs finances », indique de son côté le courtier Marsh . « Il se pourrait qu’un propriétaire de captives résident de l’UE ait besoin d’un permis supplémentaire pour mener au Royaume-Uni des activités liées à l’assurance. Le propriétaire de captives de l’UE pourrait avoir besoin de créer une succursale au Royaume-Uni ou une nouvelle entité britannique, en particulier s’il assure des catégories pour lesquelles l’assurance est obligatoire, comme les risques liés à la responsabilité patronale et à la responsabilité automobile pour les tiers au Royaume-Uni », indique le courtier.
Au-delà des aspects juridiques et financiers, compliqués à chiffrer sans un cadre de sortie de l’UE clair pour la Grande-Bretagne, l’aspect humain est lui en jeu. « Le nombre d’emplois que nous voyons partir du Royaume-Uni vers l’UE des 27 d’ici à la fin mars dans les banques et assurances est un peu inférieur à 5 000, environ 4 000 », expliquait il y a quelques semaines Sam Woods, un gouverneur adjoint de la BoE (Bank of England) devant la commission du Trésor de la Chambre des communes, alors qu’il évoquait un an plus tôt le nombre de 10 000 emplois perdus. A quelques jours de l’échéance, les premiers effets Brexit se font déjà ressentir, notamment dans les pays « hôtes ».
Selon le Commissariat aux assurances luxembourgeaois, l’assurance non-vie commence à bénéficier des premiers effets des délocalisations des entreprises britanniques. Les produits d’assurance vie conventionnels ont bénéficié de « l’extension d’une activité significative dans les produits de protection », conclut le régulateur local.
Ils quittent le Royaume-Uni pour :
LUXEMBOURG: AIG, CNA Hardy, FM Global, Hiscox, Liberty SpecialTY Markets, RSA Insurance, Tokio Marine Kiln
BELGIQUE : Lloyd's, MS Amlin, QBE Insurance
IRLANDE : Aviva, Beazley, Legal & General
FRANCE : ABE (Autorité bancaire européenne), Chubb, HSBC ALLEMAGNE : Markel
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